L’ascenseur, les pannes, mon fauteuil et moi : du plan A au plan C

 

Il y a longtemps, je vous avais parlé des ascenseurs et de la véritable bataille qui existait entre certaines personnes lorsqu’il s’agissait de l’emprunter pour aller manger… au centre de rééducation ! Partie de ce dernier depuis pour m’installer dans un appart’ au cinquième étage, je vais aujourd’hui aborder ce sujet d’une toute autre façon : la bataille, il y en a toujours une, mais cette fois entre lui et moi.

 

Ça fait un peu plus d’un an maintenant que j’ai emménagé dans mon antre et qu’entrer ou sortir de l’ascenseur est devenu aussi quotidien et banal que de passer mon propre seuil de porte.
Dotée d’une douce voix de femme d’affaire, j’ai découvert avec le temps que la boîte de métal était une capricieuse, à bouder si par malheur j’appuyais un peu trop fort sur les boutons, ou à faire du favoritisme quand nous étions trop nombreux à vouloir descendre en même temps. Régulièrement, je croisais mes voisins qui s’inquiétaient de savoir si je n’avais pas été embêtée tel ou tel jour par ses grèves impromptues. J’avais pourtant touché du bois lorsque je leur avais répondu par la négative, me rendant compte que j’échappais à chaque fois à bien ennuyeux. J’avais dû oublier au dernier fait puisqu’à mon tour j’y eus droit, à la panne, la vraie.

 

Non pas une, non pas deux, mais trois fois messieurs dames car quand on aime on ne compte pas !

 

 

 

 

Le dimanche précédent, j’avais ouvert à un technicien venu réparer la bête. Je n’étais même pas au courant qu’elle était souffrante. Le jeudi, j’avais rendez-vous avec le garagiste pour la révision de la Citrouille (ma voiture). Avant, j’avais trois courses à faire. Je sors donc, appelle l’ascenseur et… rien. Je réessaye avec délicatesse pour ne pas vexer la dame, sans plus de succès néanmoins. J’attends un peu et recommence (l’espoir) en vain. Je dégaine alors le téléphone, compose le numéro de service pour qu’ils envoient quelqu’un arranger ça et fini par contacter le garage pour annuler le rendez-vous. Bon. Un peu vexée mais ma foi, il fallait bien que ça m’arrive un jour. Le lendemain, le technicien était venu et la machine re-fonctionnait.

 

Le samedi (deux jours plus tard donc), je rentre d’un après-midi en vadrouille à 18h, monte jusqu’à chez moi sans soucis. À 19h, je vais pour re-descendre et de nouveau, mon ascenseur m’ignore, rancunier peut-être d’une chose que j’aurais dite ou faite mais dont je ne me souvenais plus. Seulement ce sale caractère, s’il était excusable une ou deux fois pour des projets sans impératifs, ne l’était cette fois plus du tout puisque le lendemain, je devais partir à Périgueux pour honorer mes contrats de figuration. La moutarde au nez me monte, de nouveau j’appelle le service clients et lui remémore le fait que ça faisait quand même trois fois en une semaine qu’il y avait un problème et qu’étant, moi, en fauteuil (avec une vie), ça devenait plus que contraignant comme situation. Pas affolé pour deux ronds, mon interlocuteur m’annonce alors gentiment qu’il ne peut déclencher d’intervention car notre contrat de co-propriété ne prenait pas en compte les week-ends. Je raccroche non sans colère, constate que le syndicat (fermé à cette heure) ne possède aucun numéro d’urgence, et prends sur moi d’attendre le lendemain avant d’exploser de m’affoler.

 

Dimanche, jour supposé du départ, prête avec mes bagages, je retourne vers la bête défectueuse pour voir si elle est toujours en rade (on ne sait jamais). C’est le cas.
Plan B : les pompiers. J’espérais qu’ils puissent m’aider à sortir de chez moi mais visiblement c’était trop d’espoir encore que celui-là. Sachez donc, lecteur(s), qu’ils peuvent descendre un chat d’un arbre, mais pas un handi de son appart’. Je recontacte le service de l’ascenseur pour lui ré-expliquer mon problème et lui demander s’il ne peut envoyer quelqu’un malgré tout (voir ensuite avec le syndic pour la facture). La réponse, même après consultation du supérieur ? Et bien comme je n’étais pas coincée à l’intérieur de l’appareil, je ne représentais pas une urgence (fort aimable à vous).

 

 

 

 

Plan C (et dernier recours) : Wonderpapa ! Heureusement pour moi, le cocon familial n’est guère loin et en un quart d’heure, mon père est sur place (comme s’il n’avait que ça à faire). L’idée ? Me laisser glisser avec délicatesse sur le sol et descendre les deux étages qui me séparent du parking sur les fesses (oui, comme quand on est gamins… mais en moins marrant). Petite blague qui me demandait une énergie monstrueuse (si je ne marche pas ce n’est pas parce que j’ai des muscles en pleines capacités n’est-ce pas). Sans compter que ce jour-là faisait partie des jours en mode « canicule ». Un vrai bonheur. Mon pantalon a été bon à mettre au sale le soir (mais les marches, elles, étaient propres !) Et qui c’est qui s’est retrouvé à faire trois fois le « trajet » pour (aussi) le fauteuil et les valises ? Qui c’est qui a été obligé d’à moitié me porter pour me remette sur mon destrier alors qu’il a des douleurs au dos ? Ben c’est papa !

 

Alors oui, je me suis débrouillée mais soyons clairs : déjà, j’ai de la chance d’avoir un entourage qui me soit assez proche pour que je puisse lui demander ça. Ensuite, il était dispo à ce moment là, ça aurait pu ne pas être le cas. Enfin, si j’ai pu le faire, c’est aussi parce que mon corps le permettait : pas sujet aux escarres, de la force dans les bras, pas de (gros) problèmes de tension et assez d’abdos (et du reste) pour réaliser l’exercice. Beaucoup d’handi seraient restés bloqués chez eux.

 

Alors oui, il y a des contrats, des règles, des… tout ce que vous voulez MAIS ! Le bon sens ? Il est passé où le bon sens ? Si j’avais été coincée à l’intérieur de cet ascenseur, ils ne seraient pas venus « parce que ne n’est pas dans le contrat » ? C’est sûr, depuis j’ai eu droit à un millions d’excuses, à des promesses et des garanties. C’est bien. Mais sommes-nous vraiment obligés d’en arriver là, à envoyer des courriers, des mails, des photos, à faire appel au notaire, au service juridique de la banque… bref, que l’on ameute tout le monde pour que l’inadmissible soit reconnu ? D’accord, c’était exceptionnel, il y a eu un concours de circonstances, des malentendus, des stagiaires avec plein d’autres justifications du genre et que, pas de d’bol, c’est tombé sur moi, mais malgré tout, ça s’est passé. Unique ou non, c’est un fait qui s’est effectivement déroulé alors que ça n’aurait jamais dû être le cas (et j’ai passé pas mal de détails).

 

Et puis est-ce réellement un problème de fauteuil ? J’ai des voisins qui ont un bébé, donc une poussette. J’en ai des qui ont un certain âge donc qui peinent, surtout quand il fait très chaud. Entre deux étages par terre, j’ai croisée la propriétaire à trois portes de la mienne avec son sac de courses plein, transpirant à grosses gouttes (la dame hein, pas le sac : ça monte pas les escaliers les sacs)

 

Finalement, on ne rappellera jamais aux gens, à nous, à vous, à eux, que quoi qu’il arrive dans la vie, il suffit parfois de se mettre à la place de l’autre pour rendre les choses un peu plus faciles.

 

 

Désolé pour le dérangement, nous essayons de changer le monde.

 

 

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2 commentaires sur “L’ascenseur, les pannes, mon fauteuil et moi : du plan A au plan C

  1. j’avoue que le monde des « handis » n’est pas toujours bien aidé; en France au moins. Nous avons déjà « expliqué » plusieurs fois quelque peu vigoureusement notre désapprobation aux « administratifs » (bureaucrates?) qui ne doivent pas sortir souvent dans la vraie vie (réparation du fauteuil; sécurité sociale; et maintenant l’ascenseur) que la vie n’est pas aussi facile que pour eux lorsqu’on a un handicap visible ou non.
    Mais ce qu’il y a de bien est qu’il s’en fiche royalement (non pas la prétendue ancienne ministre écolo!) et que pour eux la vie continue comme avant…… <>!
    C’est désolant. parfois déprimant.
    Et je ne vous parle pas du temps que ma femme passe en paperasserie. Il faut vraiment le vivre pour le croire.
    Bon allez il fait beau et chaud. C’est l’été. bientôt les vacances. alors tout va bien.
    bonnes vacances à tous

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