Détournement d’expression #2

 

Je ne sais pas si vous vous en souvenez, mais au mois de juin dernier je vous avais parlé de ces expressions qui adoptent un sens complètement différent selon notre situation physique. Et comme je sais qu’elles vous avaient fait autant rire que moi, j’ai décidé de vous en donner d’autres car depuis, je n’ai cessé d’en trouver de nouvelles (toujours avec la précieuse aide de mes compagnons de galère) C’est parti !

 

lalala

 

La première est plus une anecdote qu’une réelle expression, mais je l’ai trouvée tellement amusante que j’ai voulu vous en faire part. Il y a plusieurs mois de cela, je prenais le café avec C., amputée d’une jambe. Elle me racontait que durant son week-end, alors qu’elle avait voulut descendre de voiture et pour ce faire, remettre sa prothèse, cette dernière lui avait échappé des mains. Elle s’entendit donc demander à sa petite fille de 7 ans qui l’accompagnait si elle pouvait « aller chercher la jambe de mamie tombée dans le caniveau ». Avant mon accident, cette phrase m’aurait paru complètement irréaliste et pourtant. Pourtant elle a été prononcée le plus rationnellement du monde sans qu’il y ait la moindre once d’étrangeté dedans…

 

Restons dans le même domaine pour le moment voulez-vous ? Une fois, en salle de kiné, un patient qui avait voulu laisser son moignon à l’air, avait oublié sa prothèse dans un coin de la pièce. C’est donc tout naturellement que nous avons entendu qu’ « Il n’a pas pris son pied ». Si nous nous sommes moqués ? Un peu je l’avoue mais sur le moment, c’était tellement drôle. D’autant qu’il y en a toujours pour surenchérir avec des « J’espère qu’il pense à le prendre de temps en temps quand même » ou « Son kiné va se vexer s’il apprend qu’il ne prend pas son pied avec lui » ect, ect…

 

Maintenant, élargissons aux personnes en fauteuils roulants en règle générale. Vous savez, nous sommes des humains et en tant que tels, il y a des choses que nous n’osons pas faire ou pas dire. Et puis, dans un élan de confiance, nous prenons notre courage à deux mains (je ne signalerai pas ce que donne cette expression pour quelqu’un qui n’en a plus qu’une, ou plus du tout, je vous laisse faire pour celle-là) et, plein d’espoir, nous nous décidons à passer le pas. Enfin… Passer le pas… Passer la roue ?

 

scar

 

Lorsque que quelque chose ne va pas, tant sur le plan de la santé que sur le plan moral, j’ai toujours préféré les remèdes de grand-mères à toute forme de médicament. Cela n’engage que moi mais du coup, alors que je venais de conseiller à un paraplégique le fameux lait chaud au miel pour calmer sa toux, je me suis surprise à m’exclamer « Tu verras, ça va te remettre sur pieds en moins de deux ! » Oui enfin le remettre sur pieds… Tout est relatif… Du coup…

 

L’autre jour, mon acolyte (arrivée au centre au mois de septembre) et moi sommes allées au théâtre. Jusque-là rien d’extraordinaire me direz-vous. Au moment de l’entracte placée entre deux scènes comiques, nous n’avons pas lésiné sur les commentaires et tout est passé à notre analyse : costumes, déco, histoire, acteurs, salle, spectateurs… Et nos deux voisines de devant qui riaient « à s’en taper le c** par terre ». C’est alors que nous nous sommes aperçues que nous aurions bien du mal à faire cela. Disons que pour s’y mettre, par terre, ce ne serait pas vraiment embêtant, mais c’est plutôt quand il s’agirait de se remettre dans nos fauteuils que ça poserait problème. Du coup, mieux vaut opter pour le « rire comme des baleines » : aucun souci d’ordre technique. Parce qu’il ne manquerait plus que, parce que nous sommes handicapés, nous ne pourrions pas rire (à gorges déployées ça fonctionne aussi) non mais franchement !

 

Aller, un dernier pour la route. Cette fois encore, ce n’est pas vraiment une expression, mais c’est tout aussi drôle. Ici il y a un patient dont la cause de sa présence n’a rien à voir avec ses jambes qui vont donc très bien. Seulement, il doit se sentir parfois en manque d’attention et c’est ainsi que nous le voyons faire parfois semblant de boiter pour attirer pitié, sympathie, qu’importe, pourvu qu’il ne passe pas aux oubliettes. La question nous est alors parvenue : et nous, si on veut faire les malheureux, comment faire ? Vous avez déjà essayé de rouler en boitant vous ? Non hein…

 

Ce sera tout pour cette fois mais ne vous inquiétez pas, le détournement d’expressions reviendra ! En attendant, si ça vous amuse autant que nous, vous pouvez toujours mettre votre grain et en proposer d’autres sur la page facebook du blog : https://www.facebook.com/1P2Vs

 

 

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3 commentaires sur “Détournement d’expression #2

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