Escarre, sorcière du placard à balais

 

Ce n’est plus un secret : passer du stade de valide à non valide nous fait revoir pas mal de choses. Les priorités, les considérations… et les peurs ! Parce que quitte à être différents, autant y aller à fond n’est-ce pas ? Alors en plus de faire la grève de la marche (ou autres idées handicapantes et tordues), nous avons décidé d’avoir des phobies originales.

 

Non parce qu’avoir peur du noir, avoir peur des araignées ou peur du vide c’est du vu et revu. Et même si parfois elles continuent de nous effleurer, il y a des choses dans la vie d’un handicapé, bien plus terrifiantes que ça :

 

clown peur

 

ou ça :

 

poet460

 

(Oui j’ai décidé de faire un article avec beaucoup d’images. En mode roman photos mais sans roman. Vous voilà prévenus…)

 

Si nous vous posons la question, vous aurez tendance à émettre comme première hypothèse que ce qui nous effraie le plus au quotidien est de tomber…

 

oui mais non

 

Il est vrai que tomber ne fait pas partie de nos activités favorites. Ça entraîne souvent pas mal d’efforts pour nous, mais aussi pour ceux qui nous donnent un coup de main à retrouver notre dignité. Mais est-ce par habitude ou par conscience de la hauteur ridicule dont nous chutons, ça ne véhicule pas chez nous un stress particulier. Certes nous appréhendons, certes nous pouvons nous faire mal, certes ce n’est pas chose agréable. Cependant, il est rare qu’une rencontre imprévue avec le sol entraîne de sérieux dégâts (sauf exceptions ou cas particuliers cela va de soi). Finalement, la seule chose que nous redoutons là-dedans, c’est que cela se passe avec témoins : égo, fierté, estime de soi, honte, ce n’est jamais bien plaisant de montrer aux gens (proches ou non) que nous pouvons paraître encore plus faibles qu’alors. Ceci étant dit, une preuve que ce n’est pour nous pas la fin du monde que la chute : il nous arrive souvent d’en rire sur le coup ou après, voire d’en reparler comme d’un souvenir, une anecdote amusante plus tard.

 

tout va bien

 

Mais du coup, maintenant je sais bien ce que vous vous dites :

 

peur

 

Bon, je passe les histoires d’infections urinaires et de diarrhées : les raisons de cette phobie quand on est en fauteuil me semblent légitimes et évidentes. Je ne vous ferai pas non plus de dessin car je ne sais pas dessiner car vous êtes sur un blog respectable (tout de même.)

 

Grossir est pour beaucoup accompagné de bon nombre d’inquiétudes : pour ceux qui ont des prothèses (pour cause d’amputation) cela peut entraîner des frottements, des brûlures et parfois même l’obligation de changer de matériel (différences de tailles obligent). Quant à ceux qui sont en fauteuil mêmes choses. Ajoutez à cela que son poids, et bien il faut pouvoir le faire rouler, vous avez assez d’éléments pour dissuader n’importe quelle personne en situation de handicap de vider le pot de Nutella en revenant du Mc Do.

 

Mais en réalité le pire du pire, l’ennemi numéro un, principalement des tétraplégiques et paraplégiques, le voici le voilà, je vous présente :

 

L’escarre !

(tadaaaam)

 

escarre ?

 

Oui c’est sûr, dit comme ça, ça fait un peu le même effet que si vous étiez un littéraire face à une équation à deux une inconnue ou un matheux à qui l’on demande de parler en synecdoques. Afin d’être la plus claire possible, je vais re sortir mon bon vieux dictionnaire aux définitions simples et efficaces (normalement) :

 

Escarre : n.f – Nécrose de la peau et des tissus sous-jacents, formant une croûte noire puis un ulcère, survenant surtout chez les personnes alitées.

 

Donc non seulement ça ne nous aide pas plus que cela, mais en plus ça nous le présente de façon encore plus effrayante que ça ne l’est ! Merci le Larousse. Wikipédia ?

 

Une escarre est une lésion de la peau liée à une compression des tissus mous entre un plan dur et l’os.

 

Voilà, c’est déjà mieux. A moi :

Si vous êtes trop souvent dans la même position (dans un fauteuil ou dans un lit), apparaissent alors des points de pression qui, à force d’être sollicités, peuvent se transformer en plaie plus ou moins importante. Imaginez que vous frottiez un endroit de votre peau encore et encore jusqu’à y faire un trou. Les raisons pour lesquelles une personne en situation de handicap peut se retrouver avec une escarre sont nombreuses :

 

  • Absence de sensibilité qui ne permet pas de sentir le point de pression
  • Circulation sanguine moins efficace (à cause par exemple de la position assise constante)
  • Transpiration, moiteur, incontinence qui augmentent les conséquences du frottement
  • La malnutrition excessive peut faire que les os deviennent trop saillants ce qui multiplie les risques d’abimer la peau.

 

compris

 

Et si cela nous fait à ce point peur, c’est que les conséquences entraînées par les soins sont particulièrement contraignantes. Je ne parle pas des cas les plus graves avec intervention chirurgicale, restons dans le plus courant. Pour soigner une escarre, il ne faut plus s’appuyer dessus. Normal me direz vous. Sauf que. Où sont situés les points d’appui les plus fréquents pour quelqu’un en fauteuil ? Et bien oui, aux fesses. Donc qui dit plus d’appui dit ne pas s’asseoir le temps de la cicatrisation. Soit passer son temps au lit ! Et là j’en vois déjà :

 

au dodo

 

Alors d’accord, se la couler douce calé au chaud sous sa couette ça paraît sympa. Mais pour ceux qui sentent la cause de ce repos forcé, je tiens à préciser que mine de rien la chair à vif, c’est un tout petit peu douloureux quand même… Et puis ça va bien une journée ou deux mais ça peut durer une semaine comme ça peut durer six mois et dans le deuxième cas, vous avez intérêt à vous accrocher ! Surtout que si vous êtes blessé au niveau de votre fessier, c’est sur le côté que vous devez vous tenir. Or il est beaucoup moins facile de lire, d’écrire ou d’aller sur l’ordinateur dans cette position là. Vous comprenez mieux maintenant ? Je vous assure que lorsque l’on a conscience de tout ça, on devient paranoïaque… vraiment… et le pire, c’est que ça ne suffit pas toujours ! Alors dès qu’on sent un endroit qui fait un peu mal, dès qu’on voit une rougeur, dans nos têtes c’est la panique. Il existe même un site internet dont le seul sujet est l’escarre : en long, en large en travers, il ne parlent que de ça.

 

angoisse

 

Du coup, Halloween approchant, je vous ai donné tout ce qu’il faut pour racketter les handicapés en matière de bonbons. Après je ne sais pas comment il peut être possible de se déguiser en escarre mais ça, je vous laisse y réfléchir, je vous ai déjà bien assez mâché le travail comme ça. Vous avez plus de deux semaines, vous êtes larges !

 

bon courage

 

 

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4 commentaires sur “Escarre, sorcière du placard à balais

  1. J'adore!!
    On est d'accord, c'est pourtant pas drôle mais j'imagine la tete du gamin déguisé en escarre et c'est drole!!
    blague àpart, je valide à 100 %. et même avec une maladie on peutpsychoter surtout quand on te dit tu as mal là (pas grave,pfff), tu n'arrives plus à poser tes fesses avec une impression de douceur, t'as une bone rougeur= t'as un début d'escarre! is eu h non enfin, je suis pas para ou tetra quoi ça arrive aussi? Quoi ça a du déjà boen s'abimer à l'intrieur!
    Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhh
    J'avoue le miroir pour se regarder les fesses (dédolé hein mais la gym sans abdo ni équilibre c'est pas faclle donc miroir mon beau miroir!) et la creme conveen ont rejoint mes indispensables!!

  2. Carrément d'accord!!!!!!!!!!! On devient des pros du reluquage de fesses! Sans compter le nombre de fois où on demande à quelqu'un de vérifier pour être sûre! lol Et non, ça n'est pas un moment sexy ni coquin, vraiment non lol
    Tiens la crème conveen? connais pas. Je jongle entre plein de crèmes aussi…

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