Femme en fauteuil (Arrow)

Être une femme en fauteuil

 

Chaque début de mois de mars, nous voyons passer avec grand bruit la journée consacrée aux droits des femmes. Moi, féministe à dosage convenable, je me suis dit que pour une fois ce serait bien de suivre le mouvement et d’aborder un sujet que, ma foi, je crois n’avoir (étrangement) jamais traité. Être une femme en fauteuil.

 

 

Femme en fauteuil (Felicity dans Arrow)
Extrait de la série Arrow

 

 

Parce qu’à l’instar des gens idiots que l’on trouve partout, tant chez les valides que chez les handi, chez les européens comme chez les africains, les asiatiques ou les américains, les personnes avec des lunettes comme celles sans, et bien la différence de vie, de ressenti, de considérations ou autres entre hommes et femmes se trouve partout. Ainsi donc être un homme en fauteuil apporte son lot d’inconvénients ou d’avantages. Être une femme en fauteuil aussi. Ici je vais vous parler de ce qui me vient à l’esprit en premier, du léger comme de l’inégalité, du quotidien comme du ponctuel, mais en aucun cas de façon exhaustive.

 

Commençons par un détail matériel dont j’ai pris conscience il y a peu voulez-vous ? Être une femme en fauteuil, c’est décider de la hauteur de ses meubles sous lesquels il faut passer (bureau, évier de la cuisine, table à manger…) en prenant en compte les jours où l’on décide de se mettre en talons.

 

 

Femme en fauteuil (Garden of words)
Extrait du film « Garden of Words »

 

 

Talons que nous les femmes en fauteuil, pouvons porter malgré les rues pavés et ce pendant des heures, sans que nous ne souffrions d’ampoules ou d’inconfort. Il faut bien avoir quelques avantages. Cependant, talons que nous ne choisissons pas non plus au hasard car les transferts ne sauraient être très prudents en optant pour de l’aiguille. Et talons que nos pieds décident par moments de rejeter car cheville qui ne tient pas la fatigue ou forme du soulier qui ne sied ni à l’absence de muscles ni à la spasticité.

 

Et puisque nous sommes dans les considérations extérieures, une femme en fauteuil c’est une femme qui n’a pas les mêmes critères vestimentaires qu’une femme valide. Car femme constamment assise ne peut décemment pas opter pour minijupe ou minishort sous peine de mini malaise pour atteinte à sa propre pudeur. Femme en fauteuil oubliera certainement bas bouffant et manches trop longues sous peine de transformation du dit vêtement en serpillère ou essuie roues.

 

Attention cependant, ça n’empêche pas à femme en fauteuil de se faire belle, de l’être même. Et le tri des prétendants est parfois naturellement fait grâce au fidèle destrier roulant : adieu les kékés lourds qui vous sifflent dans la rue puisque ne voyant pas les fesses de la femme en fauteuil ils s’imaginent qu’elle n’a rien de charmant. Et leur manque de délicatesse comme d’intelligence minimale les fera passer à côté de la perle qu’ils ne mériteront assurément jamais.

 

 

Femme en fauteuil (glee couleurs)
Extrait de la série Glee

 

 

Femme en fauteuil si elle est souvent prise pour un être faible (ce qui peut l’énerver selon quel est son caractère), ne peut cependant pas nier qu’elle est facilement aidée. Le statut de demoiselle en détresse lui colle peut-être mais néanmoins lui rend de temps en temps bien service. Valide hésite moins à voler au secours de la gente féminine car l’appréhension de se faire rembarrer pour heurt à l’égo se fait plus discrète que si l’handi est de sexe masculin.

 

À l’inverse (qui existe malheureusement), il ne faut pas oublier qu’une femme, quelle qu’elle soit, est sujet à l’inquiétude lorsque seule dans la rue, elle croise un groupe de gars qui parlent fort, boivent et fument des pétards. Est sujet à l’inquiétude lorsque seule dans la rue elle croise un homme à l’air menaçant ou qu’elle se fait aborder par un mec qui veut son 06 et qui le traite de salope lorsqu’elle décline sa demande gentiment.

 

Alors oui, parfois être une femme en fauteuil c’est avoir peur. Car femme en fauteuil aussi fort soit son mental a un corps peu consentant à toute forme de fuite ou de défense. Je déteste ce que je vais écrire et pourtant c’est une vérité : femme en fauteuil est vulnérable. Et si je dis souvent en plaisantant que si un jour quelqu’un me cause des ennuis, je lui roulerai dessus, je sais que ça ne fonctionne que pour la blague.

 

Enfin, femme en fauteuil est souvent comme beaucoup d’autres, à vouloir se marier et avoir des enfants. Mais a-t-elle envie de remonter l’allée de la mairie ou de l’église assise dans une robe qui l’empêche de rouler correctement ? A-t-elle envie de retomber dans la dépendance avec une grossesse qu’elle ne pourrait physiquement pas assumer seule au quotidien ? A-t-elle envie d’élever un enfant à qui elle ne pourra pas faire faire vraiment ses premiers pas, à qui elle ne pourra montrer comment grimper aux arbres ou nager sans brassards ?

 

 

Femme en fauteuil (Garden of words)
Extrait du film d’animation « Garden of Words »

 

 

Ainsi être une femme en fauteuil c’est se poser beaucoup (trop) de questions. C’est devoir répondre à beaucoup (trop) de questions aussi.

 

Mais en conclusion d’un si bref aperçu de tout ce qu’il y aurait à dire, je dirai simplement qu’être une femme en fauteuil c’est surtout et avant tout être une femme, pour le meilleur et pour le pire.

 

 

Femme en fauteuil (Glee 2)
Extrait de la série Glee

 

 

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11 commentaires sur “Être une femme en fauteuil

  1. Très beau texte, qui résume avec des mots justes ce que je ressens 🙂 c’est la première fois que je laisse un commentaire mais je te lis régulièrement.

    1. Merci beaucoup Natty, n’hésites surtout pas à commenter, ça m’aide à avancer, continuer, me motiver, m’améliorer… Et je trouve sympa d’être en interaction avec les personnes qui me lisent 😉

  2. Se poser trop (?) de questions n’est pas l’apanage des filles en fauteuil et se donner le droit d’avancer même sans avoir toutes les réponses est un risque que courent tous les vivants. Il y a un gars qui se pose beaucoup de questions et ses réponses, que l’on entend souvent en ce moment, ont le mérite de filer une de ces patates. C’est Alexandre Jollien. Tu connais sans doute. Lâche pas l’affaire 🙂

    1. Lorsque je dis que nous nous posons trop de questions, je ne sous-entends pas que les hommes ou que les valides s’en posent moins, uniquement que nous nous en posons tous des différentes (et je sais que la grossesse est une peur qui revient souvent chez les nanas sur roues). Je ne connais pas Alexandre Jollien, ça m’intrigue, je vais de ce pas googler, merci 😉

  3. bonjour. Déjà: suis d’accord avec Pierre. Au moins sur ce point nous sommes tous égaux. Même ceux qui font les marioles!!!
    ensuite: « ……l’allée de la mairie ou de l’église assise dans une robe qui l’empêche de rouler correctement ». Alors là t’inquiètes j’ai une solution. Tu auras ta belle robe et elle ne se prendra pas dans les roues. Donc RV lorsque la situation se présentera.
    Quant aux enfants: tu ne pourras certainement pas faire certaines choses mais d’autres seront plus faciles. Tu seras par définition plus « posée ». Plus disponible. Et pour un enfant c’est important. Toutes proportions gardées: un peu comme nos (anciennes ?) grand-mères. Et puis souviens toi d’une chose: les enfants s’adaptent beaucoup mieux que les adultes a des situations qualifiées d’extra-ordinaire. Une preuve: ils ne sont pas racistes à la naissance…..Autre exemple: ce n’est pas parce que tu es en fauteuil que ta minette ne vient pas se coucher sur tes genoux. Au contraire. Même chose pour un enfant en bas âge. Il s’adaptera. Plus tard il comprendra.
    Et rassures toi: tu auras au-ssi des conflits avec eux!!!!!!!!!
    Autant que je saches il y a des parents en fauteuil. ça n’est pas une tare . C’est juste différent. Au même titre que d’être très grand ou très petit.
    Bon allez moi j’y crois. Y’a pu qu’à!!!!!!!!!!

  4. Très beau texte inspirant,
    en tout cas il est important de représenter la femme comme elle se doit, il est vrai que le handicap peut parfois entraver cette perception de soi ou même faire perdre confiance en soi… Mais n’oubliez surtout pas que tout le monde peut avoir un coup de mou et personne n’a confiance en soi à 100 %… en tout cas vivre en fauteuil roulant et avoir besoin des équipements PMR ce n’est pas facile certes mais ne jamais oublier qui on est reste la priorité et rester digne est également important !

    1. Le mot « idiots » n’est ici pas utilisé comme une insulte mais bien comme un mot sans définition autre que celle du dictionnaire : il y a des personne « dénuées d’intelligence, dépourvues de bon sens » que ce soit chez les valides comme chez les handis, dans la vie en général 😉

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