Les gens et leurs réactions positives

 

Souvent on parle, je parle, de certaines attitudes négatives que peuvent avoir des personnes extérieures pour lesquelles la situation du handicap est inconnue. Cette fois, et pour répondre à une demande qui m’avait été faite il y a un petit temps maintenant (dix mois, « mieux vaut tard que jamais » qu’ils disent) j’écris sur les réactions positives qu’ont eu des inconnus face à mon fauteuil.

 

Voici donc trois moments qui m’ont marqué, vous verrez pourquoi.

 

  • Le premier eu lieu le soir du nouvel an, lorsque nous sommes passés à 2015. J’étais allée au restaurant avec deux de mes plus proches amies et je sais que ce soir là, je n’aurais voulu être avec personne d’autre, soirée parfaite dans sa simplicité. À la sortie, pendant que l’une allait chercher la voiture, les deux autres nous devions commencer le chemin. Dans l’euphorie caractéristique des fêtes de fin d’année, E. se mit à courir en me poussant. Nous étions heureuses et nous le criions, jusqu’à ce que j’entende le bruit d’un talon qui ripe et que je me retrouve basculée en arrière, par terre, toujours dans mon le fauteuil mais le tout sur la dite amie qui éclata d’un rire communicatif. Rapidement, un groupe de gars qui ne devaient pas se trouver éloignés de nos âges est arrivé pour nous aider à nous relever. Après vérification du bien être de l’une et de l’autre, l’un des garçons s’est alors tourné vers les autres et s’est mis à crier : « Hé les gars… PREMIÈRE B.A DE L’ANNÉÉÉÉE ! » et nous de nous remettre à rire de plus belle. Je sais qu’à ce moment là il aurait sorti cette phrase quelle que soit la situation : qu’on ait été à pied, en fauteuil, en patins à roulettes ou à poney. Sa réflexion n’avait rien à voir avec mon handicap non, ils étaient juste contents d’avoir secouru des « demoiselles en détresse », point.
  •  

 

  • Le deuxième c’était l’hiver dernier. J’étais partie seule à Clermont, ville dans laquelle je venais pour la première fois. Après avoir eu le rendez-vous pour lequel je m’étais déplacée, il me restait une ou deux heures avant que mon co-voiturage n’arrive. Après avoir traversé la longue place principale, j’arrivais à une grande galerie marchande que j’avais repérée de loin. Mais passées les portes d’entrée, je dus constater qu’entre elles et le couloir de boutiques il y avait une pente longue d’au moins cinq mètres, le tout recouvert de carrelage (ce ne serait pas aussi drôle autrement). Pas découragée pour autant, j’entamais ce qui pour moi avait l’allure d’une véritable ascension : j’avançais doucement et avec peine, mais sûrement. Tandis que mes poumons se transformaient en vieille locomotive à vapeur rouillée (tout ça oui), j’entendis un « Attendez je vais vous aider » et en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « Piña colada » (ça sonnait bien), je me retrouvais en haut. Mais à peine avais-je tourné la tête que déjà le sauveur de mes épaules avait disparu. Comme ça. Il n’avait attendu ni gratitude, ni retour, ni même la moindre réaction d’ailleurs, il l’avait fait, c’est tout. Et quand on dépend si souvent de personnes ou de matériel, c’est à la fois surprenant car rare, et très agréable de ne pas « pouvoir » le ressentir.

 

 

Du coup dans ma tête, le gars c'était un peu ça.
Du coup dans ma tête, le gars c’était un peu ça.

     

     

  • Le troisième c’était hier matin. En plein dans des démarches pour me déclarer en tant qu’auto-entrepreneur(e), je me suis rendue à l’URSSAF pour récupérer les dossiers administratifs à remplir (Ô joie). La conseillère qui m’a reçu a, en plus d’être efficace et très aimable, pris soin de m’expliquer chaque point important ou compliqué des formulaires. Nous en sommes ainsi venues aux aides auxquelles je pouvais avoir droit et comment en bénéficier. Elle m’a expliqué en détails l’une d’elles parce que je rentrais dans la case jeune entrepreneur (18-25 ans) Ce dont je me suis aperçue plus tard c’est que cette même aide, j’aurais pu l’avoir même en étant plus âgée car elle est également effective pour les personnes en situation de handicap mais pas une seule fois mon interlocutrice n’en a fait mention. Ce n’est pas à une handicapée à laquelle elle s’est adressée, c’est à une jeune et je me suis rendue compte qu’alors mon fauteuil n’avait été présent que parce que je l’avais considéré. Si moi aussi j’en avais fait abstraction comme pourtant souvent, il n’aurait même pas existé. Et ça fait du bien.
  •  

     

Maintenant au quotidien, bien sûr que la généralité est plus positive que négative, heureusement ! Il est rare qu’il n’y ait pas quelqu’un qui se propose pour m’ouvrir une porte trop lourde ou que l’on me réponde « j’ai pas le temps » lorsque je demande à ce qu’on m’attrape la barquette de poulet tout en haut du rayon. Et j’ai également beaucoup de tendresse, même très éphémère, pour ceux qui me proposent leur aide, qui me donnent le choix, pas qui me l’imposent. Parce qu’il arrive que certains fassent sans s’enquérir de mon avis : outre que ça puisse être frustrant, ça peut aussi être dangereux.

 

Il est vrai qu’il y a des ignorances, maladresses, des hésitations ou des incompréhensions, mais la plupart du temps je n’ai vraiment pas à me plaindre de l’attitude des gens à mon égard. C’est que, croyez-le ou non, l’Être humain n’est finalement pas si égoïste qu’on voudrait parfois nous le faire penser.

 

 

Si vous aimez, n'hésitez pas : partagez !
Share on Facebook
Facebook
Tweet about this on Twitter
Twitter
Email this to someone
email
Print this page
Print

4 commentaires sur “Les gens et leurs réactions positives

    1. En fait tu peux en avoir un petit aperçu sur la page d’accueil, en haut à côté de la rubrique « Rester en contact » mais dès que ce sera lancé à 100%, promis j’expliquerai tout 😀

Vos réactions...