Monter à cheval quand on est en fauteuil

Handicap’et loisir : monter à cheval et rester dessus !

 

Gamine, j’ai fais pas mal de sports. De la natation au badminton en passant par la danse et la GRS (Gymnastique Rythmique et Sportive : le truc en justaucorps avec rubans, cerceaux, ballons…), je ne suis évidemment pas passée à côté du cliché de la pré-ado fan des animaux qui monte à cheval. Si cela faisait des années que je ne m’y étais pas remise, encore moins depuis que je suis en fauteuil, l’envie était venue me titiller à plusieurs reprises cependant. L’occasion ne s’était pas encore présentée à moi jusqu’à cet été…

 

Au mois de juin, j’ai découvert la Belgique à l’occasion du Pop in the City que je vous raconte juste ICI. Comme je n’aime guère faire les choses à moitié, j’ai profité de ma venue au pays des frites pour aller voir une amie (V.) qui y habite depuis quelques années dans le cadre de ses études. Après Gant, direction Bruxelles donc.

 

 

Mulan, à cheval
« C’est moiiii ! » – Mulan montant Khan dans le film éponyme des studios Disney

 

 

Il se trouve que l’objectif professionnel de V. serait de travailler avec des chevaux dans un contexte thérapeutique. Afin de faire ses armes, elle travaille donc dans un centre équestre qui accueille des personnes atteintes d’un handicap – la plupart mental – pour leur permettre un contact et une activité avec l’animal.
C’est ainsi qu’au deuxième soir de mon séjour, elle proposa de m’y emmener… et de me percher en haut d’un destrier équin ! Ma réponse, vous vous en doutez, ne s’est pas faite attendre : l’idée me plaisait c’était évident.

 

Le lendemain donc, nous voici en route pour Hipporanch à Tervuren, où un couple d’amis de V. nous rejoint donner un coup de main. Et il y en a eu besoin ! Car si tout était adapté pour accueillir des personnes en situation de handicap, ça l’était pour ceux debout sur leurs jambes et non en fauteuil. Pour monter sur la jument qui m’avait été attribuée, répondant au doux nom de Neila, il fallut faire preuve d’ingéniosité… et de travail d’équipe ! Nous n’étions pas trop de quatre : un pour tenir le cheval, un pour me mettre (et m’aider à me maintenir) debout contre l’abri aux canards (dont le toit était pile poil de la même taille que Neila) et un pour me hisser dessus de sorte que je puisse m’y asseoir. Et ça n’était que la première étape.

 

Deuxième étape, toujours un pour tenir le cheval, un pour passer l’une de mes jambes de l’autre côté de ma monture et le dernier qui me fait basculer pendant que je lutte pour garder un équilibre acceptable. Et m’y voilà. Pas de selle, juste un tapis de travail qui présente deux grosses poignées en demi-cercle devant moi. Fièrement installée sur la bestiole, pleine de confiance d’hésitations mais satisfaite d’y être, nous pouvons y aller.

 

 

photo à cheval
J’ai l’air décontracté comme ça hein ? (pas du tout) – Photo 1P2Vs, ne pas reproduire

 

 

Et ma fierté s’est envolée. Car dès le premier pas du cheval, je sens que l’exercice va se montrer plus difficile que ce à quoi je m’attendais. Problème de spasticité ? Même pas (à mon grand étonnement !). Problème de bassin en fait. Et oui, j’ai un bassin de tétraplégique il ne faut pas l’oublier. Alors même s’il est plus stable que chez certains autres handi, il ne l’est certainement pas autant qu’un valide. D’accord, mais qu’est-ce que ça implique ? Ça implique que pour rester sur Neila, je devais faire appel à toute ma concentration. La main gauche sur la poignée gauche pour tenir à la jument, la main droite sur la cuisse droite pour se caler et se maintenir en bonne position.

 

Vous voyez le jeu du Doctor Maboul ? Mais si, celui où vous devez enlever ou remettre des pièces dans le patient (au bon endroit tant qu’à faire) sans toucher les bords avec la pince qui vous sert à effectuer « l’opération ». Et bien côté application, j’en étais un peu là (en même temps je n’avais tellement envie de tomber non plus…)

 

 

 

 

Après une petite vingtaine de minutes à nous balader sur un joli sentier forestier, je n’étais pas fâchée de terminer car enfin, la concentration ajoutée à l’effort physique pour tenir sur le cheval et suivre ses mouvements me demandaient beaucoup d’énergie. À l’arrivée, j’avais les jambes en compote comme si j’avais galopé pendant une heure sans m’arrêter. J’en étais pourtant (très) loin !

 

Pour descendre de mon destrier vivant et retourner sur celui de métal ce fut plus facile que dans le sens inverse. L’avantage d’être grande c’est que je n’ai eu qu’à passer ma jambe droite (la plus souple) du même côté que la gauche et à me laisser glisser gentiment jusqu’au sol. À la suite de quoi mes compagnons dans l’expérience n’ont eu qu’à me porter et me rasseoir sur mon fauteuil Albert. Moment détente après le travail pour Neila :

 

 

Cheval
Neila et son pote Leïko – Photo 1P2Vs ne pas reproduire

 

 

Quelques mois plus tard, quelles conclusions ai-je retenu de cet essai ? Une négative, et une positive : par laquelle je commence ? Me rendre compte à quel point ça me demandait de concentration pour rester en place alors que nous n’étions qu’au pas et sur ligne droite me fit tirer un trait sur deux de mes rêves. Tant que je suis dans la situation physique dans laquelle je suis actuellement du moins. Je ne monterai pas sur une moto de sitôt, première chose. Deuxième chose, je ne pourrai pas traverser la Mongolie à cheval (envie qui m’avait été donnée par un documentaire sur ce pays que j’avais regardé quand j’étais jeune ado).

 

En revanche ce que je sais c’est que sur cette expérience là, même courte, il y a une marge de progression possible. Il existe des selles qui permettent un meilleur maintient (les westerns en terme de selles lambda, et des conçues exprès pour les handi moteurs en terme de matériel adapté) et des systèmes de lève-personne faites pour passer d’une hauteur de fauteuil à une hauteur de cheval. Alors ?

 

Alors il n’y a plus qu’à !

 

 

cheval chameau
Et pourquoi pas à dos de chameau la prochaine fois ? – Photo 1P2Vs, ne pas reproduire

 

 

Si vous aimez, n'hésitez pas : partagez !
Share on Facebook
Facebook
Tweet about this on Twitter
Twitter
Email this to someone
email
Print this page
Print

7 commentaires sur “Handicap’et loisir : monter à cheval et rester dessus !

  1. Yes!! Trop bien. Ça fait un moment t que je veux remonter. Ma nièce qui travaille dans ce domaine m’a dit t’inquiètes avec une selle je sais plus quoi et moi derrière ce sera top! (Pas d’équilibre du tronc=personne pour me tenir en mode princesse!)
    Pour la moto je remonte en mai je crois je te dis même pas comme j’ai hâte !!
    Et t’imagines pas comme je comprends l’histoire de la concentration !!

  2. Merci pour ce récit qui m’a passionnée. J’imagine bien combien cela doit être compliqué et difficile à gérer, et j’espère que des aménagements te permettront d’en profiter mieux. Bisous de cavalière passionnée qui adorerait chevaucher avec toi <3

    1. Oui cette fois c’était vraiment du « on teste et on voit » : maintenant que je connais mes problématiques, « il n’y a plus qu’à ». Et ça me ferait super plaisir de partir avec sac à dos et chevaux avec toi ! 😀

Vos réactions...