Parler handicap face à un amphi de sixièmes

 

Vendredi dernier et à l’occasion d’une journée sur la différence, j’ai remplacé au pied levé (à la roue levée ? Au pied baissé ?) une amie qui devait faire une conférence à des jeunes sur le handisport. Bien sûr, je ne pouvais pas développer ce thème pendant une heure, ce n’est pas mon sujet de prédilection, même si j’en ai finalement testé pas mal. Mais j’ai remanié ce que j’ai l’habitude de raconter (hôpital, rééducation, quotidien et compagnie) afin que ce soit clair pour un public de cet âge, j’ai préparé un p’tit diapo visuel, ludique, et ma foi je me suis lancée comme ça.

 

 

Conférence handicap sixièmes

 

 

Me voilà donc dans une grande salle de conférence, face à 212 élèves (des sixièmes). Ça change, l’exercice n’est pas le même qu’avec des adultes. Pas tout à fait seule quand même puisqu’un copain en fauteuil (suite à une maladie) m’accompagnait, apportant de temps en temps le témoignage de son cas. Et vous savez quoi ? Même si nous parlions de choses sérieuses, pas toujours drôles, et bien nous nous sommes éclatés. Nous comme les enfants avons passé un bon moment et c’est en créant de bons moments qu’à mon sens, nous réussissons à rester dans leur mémoire. Or si nous restons dans leur mémoire, nous avons tout gagné : le handicap devient quelque chose dont ils ont conscience, mieux ! Qu’ils connaissent même.

 

Alors c’est vrai, parfois ils se dissipaient, plongeant la pièce dans un grand brouhaha. MAIS. Lorsque c’était le cas ça n’était pas pour parler entre eux d’autre chose non, c’était pour réagir à ce qu’ils venaient d’entendre : ils s’intéressaient, émettaient un avis, rebondissaient et c’était finalement un bruit qui me plaisait. Pas trop longtemps quand même d’accord, mais heureusement pour moi, ils étaient disciplinés et ramenaient vite leur attention à mes paroles directes.

 

 

Bon bon d’accord, peut-être pas à ce point là quand même…

 

 

Au fil des minutes qui passaient, je leur ai parlé des causes de handicap, de rééducation, de matériel et de loisirs. J’ai réussi à les faire rire, à les choquer, à les inquiéter, à éveiller leur curiosité. Même lorsqu’ils n’étaient pas sûrs d’eux, ils osaient faire des hypothèses quand j’essayais de leur faire deviner à quoi servait tel ou tel outil de rééducation. Au moment où l’heure de la fin a sonné (au sens propre du terme, bon retour à l’école) ils avaient encore plein de questions à me poser, et moi j’aurais encore eu tant à leur montrer. Ça a été extrêmement frustrant en fait, de se rendre compte combien cinquante minutes c’est peu, lorsqu’en face il y a du répondant. Mais au moins ça montrait que j’avais relevé le défi : ne pas les ennuyer. Je constatais que j’étais même allée au-delà une fois rentrée chez moi car le nombre de vues sur le blog avait eu droit à un pic significatif. Je les avais donc fait agir ! Quelle meilleure récompense que celle-ci ?

 

Une semaine plus tard, en regardant le beau bouquet de fleurs qu’ils m’ont offert trônant sur ma table basse, je me dis que je n’avais donc pas tout à fait tort. Parler de sujets graves avec le sourire ne les rend pas plus léger, ça les rend plus… digeste ? Tourner en dérision certains éléments, faire rire, permet de mieux contraster avec les choses plus difficiles, de les rendre plus intenses. C’est un peu la technique de l’ascenseur émotionnel.

 

Vous l’aurez compris, j’ai adoré cet après-midi. J’ai adoré ces gamins. J’ai adoré leurs sourires, leurs sourcils froncés, leurs mains levées, leurs yeux écarquillés, leurs doutes puis leurs moues de compréhension suite à mes explications. J’ai adoré, et j’ai hâte de recommencer, tant avec des enfants que face à des adultes. Parler du handicap ne me gêne pas. Ce qui me gênerait ce serait de ne pas le faire alors que je le peux et qu’il y en a terriblement besoin.

 

 

badges journée de la différence

 

 

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10 commentaires sur “Parler handicap face à un amphi de sixièmes

  1. « Parler de sujets graves avec le sourire ne les rend pas plus léger, ça les rend plus… digeste ? Tourner en dérision certains éléments, faire rire, permet de mieux contraster avec les choses plus difficiles, de les rendre plus intenses. C’est un peu la technique de l’ascenseur émotionnel. »
    hé bien voilà: c’est exactement ce que j’ai ressenti aussi en voyant le film <>. Grand Corps Malade a traité ce sujet un peu de la même manière.
    Et c’est la meilleure solution pour toucher sans choquer – intéresser sans repousser.
    Bravo à toi et …..j’aurais aussi aimé être dans la salle!

  2. Merci Daphnée, les élèves de 6èmes ont été enchantés de participer à cette belle journée ainsi que leurs accompagnateurs. Chacun a été touché par ce qui a été vécu de manière « différente » mais les échos sont unanimes ! A bravo pour ce fauteuil levé !👍

    1. Et merci à vous d’avoir organisé ce genre de journée : les enfants (comme les adultes !) en ont besoin. Le handicap n’est pas encore assez évoqué dans la société.

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