Retour poétique et toilettes publiques

 

Le dernier article date d’il y a plus d’un mois. Depuis la création du blog, je n’étais jamais restée si longtemps sans écrire dans 1 parenthèse 2 vies. Alors pour marquer ce retour, j’ai décidé d’évoquer un sujet romantique, tout en finesse et en poésie (après tout, c’est bientôt la Saint Valentin non ?) Vous l’aurez donc deviné, aujourd’hui, je vais vous parler de roses et de papillons de toilettes publiques.

 

Pour être tout à fait honnête, j’ai une liste d’idées d’articles que je souhaite faire mais ça, je n’y avais pas songé. Et puis il y a quelques jours sur la page facebook du blog, j’ai posté la vidéo suivante :

 

 

Suite à cela, une personne m’a contacté et m’a posé une question à la fois naïve et extrêmement pertinent

 

 » Je me suis toujours demandée où est le problème à utiliser des toilettes handicapés »

 

Dans son développement, elle m’expliquait ne pas comprendre ce besoin d’être « servis tout suite ». C’est sans aucune mauvaise attention mais avec réelle interrogation qu’elle développa ainsi : « si quelqu’un en fauteuil arrive et que la place est prise, il attendra quelques instants, voilà tout. Après tout, moi, sur mes deux jambes, quand je vais aux toilettes, ça m’arrive souvent de faire la queue. Et si on part de ce principe, il en faut aussi une réservées au gens ayant la gastro, une pour les femmes enceintes, une pour… je sais pas… on est tous différents, mais on peut tous faire la queue, non ?« 

 

Sur le coup, j’ai trouvé ce raisonnement assez logique et tout à fait recevable. Après tout, que nous ayons la priorité est évident mais que ce soit presque vu comme un sacrilège de les utiliser sans être en situation de handicap serait-il vraiment justifié ?

 

Alors je me suis arrêtée sur la question et ai décidé de vous faire part de ma réflexion à vous aussi car finalement, ces histoires d’exclusivité n’est une évidence pour personne, même pas pour moi, d’où l’intérêt de l’aborder ici.

 

  • Premier point : les contraintes physiques.

Certains handicaps entraînent des dérèglements de la vessie. Peuvent être signifiés de façon globale trois catégories différentes.

La première, quand il y a absence de sensation. Un paraplégique complet « haut » ou un tétraplégique complet, s’il ne sent plus ses jambes, ne sent pas plus ni ses hanches, ni son bassin, ni sa vessie. Parce que les gens voient la paralysie extérieure, ils ont tendance à oublier qu’elle est présente également à l’intérieur du corps.  La personne est obligée d’aller aux toilettes à des heures bien précises. Si elle se loupe, dans le meilleur des cas elle se fait dessus, dans le pire il peut y avoir des problèmes médicaux qui pointent le bout de leur nez (infections, saturation…)

Le deuxième, quand il y a sensation mais manque de maîtrise (paralysie incomplète que nous pourrions parfois renommer « syndrome du muscle feignant ») Quand l’envie vient, la capacité à se retenir est aléatoire. Mieux vaut que la personne réagisse relativement rapidement, au risque d’avoir, là aussi, à changer de pantalon (et compagnie) Pas top côté estime de soi.

Enfin la troisième catégorie est celle qui s’en sort le mieux : nous avons et les sensations, et la maîtrise en majeur partie du temps (nous ne sommes jamais à l’abri d’un caprice physique malgré tout). Alors oui, c’est vrai, nous pouvons attendre et faire la queue, c’est vrai. Presque…

 

  • Deuxième point : les contraintes de temps.

Le soucis, quel que soit notre état, c’est que nous faisons tout plus lentement car chaque chose nous demande plus de manœuvres et d’efforts. Aller aux toilettes pour une personne en fauteuil prend plus de temps que pour n’importe qui de valide alors si en plus il faut attendre, une pause censée durer 10mn se transformerait vite en un arrêt d’une demi-heure (sur une aire d’autoroute pendant un trajet par exemple). Sans oublier que nous, nous n’en n’avons souvent qu’un seul de sanitaire adapté contre souvent 5 à 10 « normaux ». Et j’ai testé d’aller dans les normaux : ça va que je me débrouille pas trop mal donc je m’en suis sortie, mais pas sans quelques bleus de m’être cognée partout : je n’avais pas le souvenir qu’elles étaient aussi petites ces cabines quand j’étais sur mes jambes !

 

toilettes publiques

 

  • Troisième point : la contrainte morale

Soyons clairs, c’est déjà assez « humiliant » d’être différents et attendre devant des toilettes handi, c’est afficher ce que nous sommes, afficher le fait que nous n’utilisons pas la normalité, que nous ne faisons pas comme tout le monde. Là c’est le côté un peu plus psychologique.

En ce qui me concerne, ce sentiment là n’arrivera que si vraiment je suis fatiguée ou déprimée par autre chose à la base mais en général soit ça ne me fait rien (un peu blasée peut-être) soit ça va légèrement m’agacer s’il y avait d’autres toilettes de libre. Mais tous ne sont pas aussi conciliants, et c’est justifié aussi car nous n’avons pas tous les mêmes soucis qui entraînent  les mêmes désagréments.

 

Or comme vous ne pouvez pas prévoir ce genre de situation et que les infos sur notre « état » ne sont pas écrites sur notre front, dans le doute, laissez la voie libre.

 

Je tiens vraiment à remercier C. qui n’a pas hésité à me faire part de ses doutes, qui a fait la démarche de venir chercher des informations et d’aller au delà de ses préjugés.

 

 

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6 commentaires sur “Retour poétique et toilettes publiques

  1. Merci c'est gentil mais c'est vrai que si on ne m'avait pas posé la question je n'y aurais pas réfléchi plus que ça 🙂

  2. Moi aussi à vrai dire je me suis souvent demandé où était le mal à utiliser les toilettes pour handicapés, je n'avais tout simplement pas réfléchi plus loin que le bout de mon nez ! Alors je te remercie pour cet article sehr sehr intéressant et bien écrit ! 🙂

  3. Si seulement les toilettes pour personnes en situation de handicap étaient toutes vraiment adaptées…! J’en ai rencontré des cabines publiques soit disant adaptées, mais la vraie galère pour les utiliser…

    1. Je suis tout à fait d’accord ! N’est pas toujours adapté ce qui est pourtant indiqué comme tel et c’est à s’en arracher les cheveux parfois !

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