[Centre de rééducation] Alors, c’est lequel ton kiné préféré ?

 

Comme je vous l’expliquais dans l’article juste ICI, tous les six mois, je retourne en rééducation pendant quatre semaines. Évidemment, j’y vais dans le centre au sein duquel j’avais fait mes vingt-deux mois de travail intensif à la sortie de l’hôpital. Pendant cette longue période, j’ai eu plusieurs kinés différents et lorsque j’en ai fait la liste à celle qui s’occupe de moi cette fois, elle en est venue à me poser une question à laquelle je ne m’attendais pas : et alors, c’est lequel ton préféré ?

 

Si ça m’a à ce point déstabilisé, c’est que je ne me l’étais jamais posée.

 

 

 

 

J’ai passé le week-end avec une amie que j’avais rencontrée là-bas, qui est également passée par des moments difficiles, des mois à rallonge et plusieurs kinés. Alors nous en avons discuté…

 

Ce qu’il faut savoir avant toute chose, c’est qu’en centre de rééducation, certains y arrivent avec une épaule abîmée, un tibia cassé ou un trouble de l’équilibre. Ça n’est pas facile, c’est souvent douloureux, mais deux, trois mois et ils repartent. Seulement voilà, il y a aussi ceux qui y arrivent en brancard. Qui ne peuvent pas se lever, parfois même pas s’asseoir, et dont chaque seconde qui défile est un combat à mener sans abandonner. En général, ceux-là, c’est sur six mois, dix mois, un an voire plus que ça se joue.

 

Or dans ces cas-là, le kiné n’est pas juste celui qui nous mobilise un peu, nous fait marcher dix minutes, nous masse de temps en temps pour soulager un endroit qui fait mal et basta. Non, dans ces cas-là, le kiné va être celui qui nous permet de reprendre vie. Réellement. Et même pour moi cette phrase paraît étrange car c’est la première fois que je formule ce qui est pourtant une vérité. Certes, il y en a eu plusieurs, à des périodes différentes, avec des caractères différents, et avec des manières de travailler différentes. Mais comment pourrait-on comparer la main qui nous donne à manger de celle qui nous donne à boire ?

 

Maintenant c’est vrai que le kiné qui nous a au début, souvent le plus longtemps, est celui qui nous aura le plus suivi. Moi il a été celui qui m’a permis d’à nouveau me servir de mon corps, même faible. Celui avec lequel j’ai fait mes premiers exercices, j’ai retrouvé mes premières capacités, j’ai fait mes premiers progrès. C’est lui qui a eu le plus à subir mes baisses de moral, de celles qu’on ne peut pas contenir parce que l’histoire est trop récente, trop injuste.

 

Pour AS. c’est avec le kiné qu’elle a eu quand elle est arrivée qu’elle a appris à utiliser le fauteuil, puis le déambulateur pour enfin réussir à remettre un pied devant l’autre après des mois et des mois de patience, de peur et d’énergie dépensée. C’est d’abord grâce à elle-même qu’elle remarche, d’accord, mais sans ce kiné, ça n’aurait pas été si vite, peut-être même que ça ne serait pas aussi fluide maintenant. Car c’est lui qui l’a poussée à se dépasser, qui lui a fait et fait prendre confiance en elle, qui l’a encouragée au-delà de ses réticences.

 

 

 

 

Mais il y a les autres aussi.  Dans mon cas, il y a eu le bébé kiné (étudiant stagiaire) avec lequel j’ai traversé la longue et pénible épreuve de la reverticalisation (quand il faut réhabituer le cœur à pomper assez fort pour envoyer le sang jusqu’au cerveau en position assise puis debout, après plusieurs semaines passées alité). Il y a eu le kiné remplaçant pendant les vacances du premier avec lequel j’ai retrouvé mon dos (sensations et maintient). Il y a eu celui qui m’a montré qu’il y avait encore plein de techniques et d’exercices à explorer avant de se dire qu’on est arrivé au bout. Il y a celle qui m’a aidé à perfectionner mes transferts pour me faciliter la vie et qui a cru assez en moi pour me mettre la première fois dans un exosquelette. Il y a celle qui m’a fait travailler différemment à la piscine et qui m’a appris à appréhender mes muscles d’une façon qui me permettrait de mieux les utiliser. Il y a eu, il y a eu…

 

Chacun a été précieux pour une raison particulière, symbolise un moment particulier. Les affinités que nous conservons avec les uns ou les autres ne sont pas les mêmes mais sont toujours fortes. Ils nous voient dans des situations loin d’être anodines et même si c’est leur métier, ils s’occupent de nous  sur des points parfois vitaux.

 

Lorsque nous avons eu cette discussion mon amie et moi, lorsque je pense à eux de manière générale, c’est avec une grande affection et elle comme moi apprécions toujours de les revoir. Il me semble que c’est réciproque. Peut-être avons-nous eu de la chance ? Certainement. Et nous la mesurons chaque instant à chaque acte autonome que nous accomplissons parce qu’un jour tel ou tel kiné a décidé que nous pourrions le faire.

 

 

 

 

(Cela dit, il n’y a pas qu’eux qui nous sortent la tête de l’eau : les aides-soignantes, infirmières, ergo, responsables a.p.a (activités physiques adaptées)… n’en sont pas moins responsables. Mais ce sera pour un autre article !)

 

 

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12 commentaires sur “[Centre de rééducation] Alors, c’est lequel ton kiné préféré ?

  1. Oui c’est tout à fait ça, un kiné c’est notre soutien quotidien quand nos forces nous abandonnent, que l’envie est moindre. Ce sont ces personnes habilités à nous aider pour nous sentir plus fort et un peu plus autonome chaque jour afin que nous puissions retrouver une vie pour continuer notre bout de chemin……

  2. Je me souviens parfaitement de la toute première, il y a 28 ans! J’étais une ado, elle une presque mamie! Je l’ai aimée autant que je l’ai détestée. J’aurais perdu pour toujours la mobilité d’un de mes bras sans elle. J’ai souffert le martyre, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps sur son épaule et j’aurais tout donné pour pouvoir la frapper lol
    Bref, c’est ma préférée…

  3. OOH que oui, nos cher kinés que ce soit en centre ou en ville après, où ils sont devenues mon quotidien, je les trouve essentielles et je serais bien incapable de décider d’un préféré même si j’en retiens un avec qui vraiment ça ne passait pas et qui m’avait trop poussé jusqu’à ce que je me retrouve en poussée.
    Mais bon personne n’est parfait!

  4. L’avantage aussi d’en changer de temps en temps (congés – changement de salle etc….) est que lorsque tu saturais momentanément avec un tu passais avec un autre et…..tu revenais au précédent avec bonheur et courage aussi. Donc c’est aussi très positif d’en changer.
    Mais soyons clair: sans toutes ces personnes (tous ceux que tu as cités) qui t’ont aidé – poussé – invectivé- et aussi qui ont su te faire « sortir les tripes » tu n’en serais pas là aujourd’hui.
    Alors moi je leur dit sincèrement MERCI pour toi.

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  6. tiens au fait nous en avons oublié un: celui qui t’as fait faire tes tout premiers mouvements avec les jambes et dont nous avons tous oublié le nom car il n’était vraient pas top ni sympa. Celui de l’hôpital de Tours; dans ta 5ème semaine.D’ailleurs tu ne l’aimais pas. Peut-être l’as tu oublié…..

  7. Merci pour ces articles je suis IMC et je commence seulement maintenant à comprendre comment apprivoiser cette « enemis « comme tu dis.
    J’ai souvent pris l’habitude de ne pas écouter mon corps et comprendre fait du bien

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