Voiture et handicap, comment est-ce que ça se passe ? #2 Conduire

 

La première fois que je vous ai parlé de prendre la voiture malgré le fauteuil (ou autre handicap), je vous avais expliqué les formalités et les adaptations qui nous permettaient de conduire au même titre que n’importe qui. Ça fait maintenant un an que j’ai mon carrosse et que je m’en sers même plus que certains valides. Alors cette fois je vais vous raconter ce que ça donne une fois sur la route.

 

Normalement, lorsque l’on est au volant tout en étant en situation de handicap, nous sommes censés mettre un autocollant à l’arrière de notre véhicule pour informer les autres usagers de notre « situation ». Je trouve cette idée absurde (mais ça n’engage que moi). À quoi ça sert ? À nous excuser si nous conduisons mal ? Si on se gare mal ? Mais dans ce cas, pourquoi nous faire passer un contrôle pour réexaminer notre droit à nous servir de notre permis de conduire ? Pourquoi nous faire des places de parking adaptées ? Pourquoi nous faire nous battre pour obtenir une carte de stationnement particulière ? Parce qu’après avoir passé tous les obstacles, si nous avons de nouveau l’autorisation de rouler, c’est bien qu’on en est aussi capable que le voisin d’en face n’est-ce pas ? Être handi nous donnerait une excuse pour conduire « à l’arrache » ? Non. Certainement pas. Donc pas d’autocollant en ce qui me concerne.

 

Ma Citrouille, c’est ma liberté. Lorsque je suis aux commandes, je me sens « normale ». Parce qu’il n’y a pas de fauteuil, parce que les gens qui me croisent ignorent que je ne suis pas tout à fait comme eux et parce qu’avec elle je ne suis plus limitée question distances. Malgré le fait que ma vie actuelle soit le résultat d’un accident de voiture, je ne me sens jamais aussi bien que lorsque je suis en train de conduire. Parfois lorsque je n’ai pas le moral, je prends la voiture et vais ici où là pour me souvenir que si mon corps EST une cage, il n’est pas EN cage. (Je vous laisse la relire deux fois celle-là.)

 

 

conduire carrosse

 

 

Ce qui est amusant (et un peu magique aussi il faut bien le dire), c’est que si moi je m’y sens « normale », mes proches, qui connaissent bien mon handicap, m’y voient finalement aussi. Comme quoi le fauteuil fait tout puisque dès qu’il disparaît, même mes parents « oublient ». Mon père l’autre jour amorçait une remontrance quant au fait que je conduise pieds-nus juste avant de se souvenir qu’en même temps, vu que je ne m’en sers pas, je pouvais bien faire ce qui me plaisait là-dessus. Et il n’est pas le seul ! Une fois, l’une de mes amies s’inquiétait de me voir croiser les jambes au moment de m’installer au volant de mon bolide…avant de comprendre l’inutilité de ce doute (autant prendre ses aises !)

 

Alors c’est vrai que la voiture, si elle en donne l’illusion, n’enlève en réalité rien au fait qu’on est handi. En ce qui me concerne, ça se rappelle à mon bon souvenir lorsque, prise de spasticité, mon pied se coince derrière une pédale (dans ces moments là, si je n’ai pas de chaussure, ça fait mal… parfois très mal même). Ça se rappelle à mon bon souvenir lorsque je ne peux pas prendre plus d’un passager parce qu’à l’arrière, il y a le bras robot (pour monter/ranger le fauteuil) à la place de la banquette et que mettre les copains dans le coffre, ce serait quand même pas très sympa… Ça se rappelle à mon bon souvenir lorsque je mets trois minutes à monter/descendre quand les autres comptent ce temps en secondes.

 

Pour ce qui est de la grande question du « mais comment tu fais pour faire le plein ?« , la réponse est simple : je ne le fais pas. (Keuwah ?) Au début, je demandais aux copains que j’emmenais (sur mon unique place passager, n’est-ce pas) de le faire pour moi (un peu de chantage), parfois à mon papa (un peu d’exploitation). Maintenant je continue de le déléguer à l’occasion mais j’ai une autre solution. Il y a une application de téléphone qui s’appelle « Justbip » qui permet de prévenir quelqu’un de la station essence dans laquelle nous sommes que nous avons besoin d’un coup de main. Lorsque je l’avais installée il y a un an de cela, très peu étaient équipées du système : la plus proche de chez moi se trouvait à vingt minutes de route. Aujourd’hui, la plupart des stations Total s’en servent, dont celle située à trois minutes de là où j’habite. Et pour éviter de donner son code de carte bleue ou de sortir du liquide ? Paiement sans contact ! Alors c’est vrai, c’est limité à vingt euros, mais tant pis, on y va un peu plus souvent mais au moins, on ne serre plus les fesses parce qu’on arrive à bout du réservoir et qu’on n’a personne sous la main pour nous aider.

 

En ce qui concerne l’autoroute, pas de soucis non plus : on se muni d’un badge de télépéage et le tour est joué (parce ce qu’en ce qui me concerne, je ne peux pas tenir assez fermement ma carte de la main gauche, et pour ce qui est de la droite et bien… je n’aurais pas le bras assez long !)

 

Comme quoi, vivre à l’époque de la technologie quand on est handi c’est quand même beaucoup mieux que de se faire interner à vie dans des instituts insalubres il y quelques dizaines d’années de ça ! Allez, on part en voyage ? Vous partez où, vous, cet été ?

 

 

conduire voyage

 

 

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2 commentaires sur “Voiture et handicap, comment est-ce que ça se passe ? #2 Conduire

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