Dans votre vie il peut se passer quelque chose d’imprévu. Quelque chose qui ne durera qu’une fraction de seconde. Quelque chose qui vous téléportera dans la case « accidenté » qui elle-même vous mènera parfois à celle étiquetée « handicapé ». Parce n’arrive pas qu’aux autres, parce que les autres c’est vous, c’est moi, c’est nous tous.
Et dans cette case, le monde comme vous ne l’aviez jamais vraiment vu. Un monde dans lequel ce que nous appelons « la vie » prend un tout autre aspect, un monde dans lequel votre champ de vision est abaissé. Car en fauteuil, il est difficile de regarder les gens de haut : au moins vous êtes sûr de ne pas passer pour dédaigneux. Telle une espèce animale distincte, le handicapé a son propre mode de vie, son propre mode de fonctionnement. Par exemple, il ne se déplace pas comme l’être humain, il est moins évolué donc plus limité.
Contrairement à la plupart des créatures vivantes, il ne se bat pas contre son extinction bien au contraire : non seulement sa reproduction est mise au second plan mais au-delà de cela, l’individu lui-même cherche à atteindre l’amélioration. Tel un Pokémon avide de passer au stade suivant, le handicapé aura tendance à se battre pour gagner en expérience et évoluer.
Après plusieurs mois de recherches et de nombreuses analyses, nous nous sommes aperçus que le handicapé avait beau être un animal grégaire (social, vivant en groupe) il comporte néanmoins une spécificité à ce jour inexpliquée. En effet, chaque handicapé est considéré comme faisant partie de cette espèce lorsqu’il a un certain nombre de particularités qui lui sont propres. Je m’explique. Ces êtres vivants font partie de la même catégorie, mais pour des raisons qui leurs sont uniques. Un cas d’amputation n’a rien à voir avec un cas de post-AVC, néanmoins, tout deux sont fichés « handicapés ». Ainsi, et malgré l’abondance de congénères, le handicapé se sent parfois très seul. L’espèce humaine a beau le côtoyer chaque jour et posséder moult connaissances à son sujet, elle ne peut réellement comprendre ce que c’est d’être dans la peau de cette étrangeté de la même façon qu’elle ne peut comprendre ce que c’est qu’être dans la peau d’un chat ou d’un papillon.
Parfois le handicapé aimerait se laisser aller, mais difficile de trouver vers qui se tourner sachant qu’il ne lui existe aucun réel semblable…
Ainsi donc, ne lui en voulez pas quand parfois il se cache : ce n’est pas un manque de confiance envers ses proches, mais plutôt une volonté de leur épargner les sentiments d’impuissance et d’incompréhension auxquels il doit faire si souvent face.