Centre de rééducation et colocation

 

La vie en colocation… En temps normal ce n’est déjà pas simple mais quand en plus c’est imposé et que vous êtes dans une structure médicalisée (centre de rééducation ou hôpital par exemple), c’est encore une autre histoire !

 

colocation

 

Ce n’est plus un secret, être un ou une éclopé n’est pas un cadeau pour vivre les petites choses du quotidien mais quand en plus vous êtes deux pour le prix d’un dans une chambre, un seul espace (relativement exigu, ne nous le cachons pas) côté organisation nous avons tout intérêt à assurer.

 

Les premiers jours serons toujours un peu délicats : il faut réussir à réunir et harmoniser les habitudes de chacun… Jusque là rien d’extraordinaire sauf que. Sauf que, prenons un exemple, si vous mettez une personne en situation de handicap quel qu’il soit dans une salle de bain, ce qu’il a à y faire ne peut pas prendre « juste cinq minutes ». Tout est multiplié en ce qui concerne le temps : le tour de chaque habitant de la chambre doit être prévu de façon large à 2h minimum. Intéressons nous aux nuits également : en fait, tout va se jouer sur les soins de chacun. Si aucun des deux protagonistes n’a besoin d’une action particulière entre deux phases de sommeil, ça ira. Mais si ne serait-ce que l’un se doit de faire intervenir le personnel soignant, adieu nuit tranquille !

 

A ce point là ? Oui à ce point là, car le personnel soignant lorsque vous dormez prend des allures de troupeau d’éléphants dans un magasin de porcelaine, d’envolée de mouettes à un endroit où il y a de l’écho, d’un groupe d’étudiant dans un pub le soir de la Saint Patrick. Toute lumière allumée, les voilà à discuter de la manip à faire comme s’il s’agissait de choisir entre saucisse et chipolata devant le barbecue.

 

En fait, lorsque vous êtes autonome et indépendant, vous n’intéressez plus personne. Pire encore : vous gênez. Vos affaires se verront donc régulièrement déplacées (rarement remises à leurs places) et l’on vous fera souvent comprendre que vous devez partir quelques instants, pour l’intimité de votre voisin médicalement parlant. Finalement il n’y a pas de « chez vous » : vous n’habitez nulle part.

 

Et puis franchement, quelle idée de vouloir caler un lit double plus un canapé plus une cuisine et des armoires dans un F1 ! Parce que là c’est pareil : dans une chambre essayez de mettre deux fauteuils électriques et un fauteuil manuel, ajoutés aux lits, tables de nuits, bureaux, et voyez ce qu’il vous reste pour circuler.

 

Mais jusque là je ne vous parle que de l’aspect pratique de tout ça. Car si vous avez de la chance, vous allez tomber avec quelqu’un de sympathique, qui a des valeurs, une éducation et peut-être même que finalement, vous regretterez sa présence quand l’un de vous partira. Seulement cette chance n’est pas au rendez-vous à chaque coup. Combien d’histoires aussi étranges qu’incompréhensibles ai-je entendu, dans un centre comme dans l’autre ? Des voisins bruyants, des sales, des méchants, des voleurs, des irrespectueux, des pas très malins, des commères : j’en passe et des meilleurs très certainement.

 

Quand je vous le disais aussi, que nous ne nous appelons pas des « patients » pour rien…

 

 

Si vous aimez, n'hésitez pas : partagez !
Share on Facebook
Facebook
Tweet about this on Twitter
Twitter
Email this to someone
email
Print this page
Print

3 commentaires sur “Centre de rééducation et colocation

  1. Bonjour, je lis que malgré tout tu as "la pêche" ! Et il en faut quand on se retrouve, comme toi et beaucoup d'autres, cloués dans un fauteuil. J'ai moi-même une hémiplégie depuis 26 ans, à force de courage, et de volonté je m'en suis sortie partiellement (plus de fauteuil roulant ni de canne pour marcher) reste les aléas de la mémoire… Oui, l'environnement hospitalier n'est pas toujours idéal pour un malade, mais tu l'as raconté mieux que je ne le ferais. Bats-toi, battons-nous, pour améliorer notre vie quotidienne petit à petit, chaque victoire, même infime, est un pas en avant.

  2. hihi j'ai bien ri!
    Je me souviens quant à moi de la plupart des voisins de chambres que j'ai eu en cas d'hospitalisation depuis 7 ans. Comme quoi ils marquent!
    Et toi ton coloc du moment test il sympa, supportable, agréable?

Vos réactions...