A mon retour au centre de rééducation après des vacances bien remplies, il a fallu reprendre les habitudes, les réflexes et de nouveau s’adapter au matériel. Ayant été absente de l’établissement plus d’un mois, ma chambre avait été attribuée à un patient différent et j’ai ainsi hérité d’un autre numéro.
J’étais un peu déçue de ne pas retrouver ce qui était devenu mon « chez moi » mais en même temps, j’en comprenais parfaitement les raisons. D’autant que le changement n’était pas si déplaisant : certes les murs étaient plus tristes mais je me retrouvais avec un placard plus fonctionnel et une immense salle de bain. Pour une fille, ces détails ne sont pas négligeables ! J’étais donc plutôt contente de mon grand espace de douche…
Avant quoi ? Avant de découvrir cette chose :
Oh je sais ce que vous vous dites : pourquoi en faire des tas pour un robinet « comme à la piscine » ? Attendez que je vous explique…
Ne pouvant être debout, je me lave sur une « chaise de douche » en plastique donc, et à roulettes pour pouvoir me déplacer comme je peux (mon autonomie implique donc que je n’enclenche pas les freins) Ceci est le premier fait. Le second est le suivant : j’ai certes retrouvé l’entière utilisation de mes bras mais étant tout de même passés dans une « phase de sommeil » ma force équivaut à celle d’un enfant de huit ans (attention ça peut être dangereux).
Maintenant, imaginez la scène. Grand coup sur le bouton poussoir qui active le jet d’eau mais qui, en-même temps, me propulse sur mon siège mouvant à l’autre bout de la pièce. Bien sûr, moult efforts pour revenir tant bien que mal à ma place mais la manœuvre enfin terminée, plus rien ne coule et il faut recommencer. Déjà que seule, le temps de la douche devient assez conséquent, mais là je n’en voyais même plus le bout !
Alors quel est l’intérêt de cette incroyable trouvaille dans des salles de bain créées pour des personnes en situation de handicap ?
Pas le côté pratique car hormis mon cas, pensez quelques minutes à un amputé de la main qui doit appuyer sur le robinet, jongler avec le pommeau, régler la température et le tout d’un bras seulement. Pensez quelques minutes à ce monsieur qui se remet d’un AVC et qui doit donner toutes ses forces pour profiter d’un moment qui devrait être relaxant. Je n’aborde pas plus les opérés, les personnes d’un certain âge, les tremblements, …
Alors je me suis dit que peut-être, cette idée avait été mise en œuvre pour faciliter le travail des aides soignantes. Quelle idée ! Après sondage auprès de ces dernières, je me suis rendue compte qu’elles avaient le même sentiment que moi concernant cette aberration :
En même temps, vous vous voyez à leur place ? D’une main tenir le pommeau de douche, de l’autre s’occuper du bouton et ne plus avoir de quoi tenir le patient ? Pas très sécurisant tout ça…
En en parlant avec diverses personnes, nous en sommes arrivées à l’hypothèse économique : gagner en frais concernant l’eau. Mais là encore, il a fallu nous rendre à l’évidence, nous avions tort. Il est vrai qu’à s’escrimer contre cette chose farfelue et saugrenue, nous passait l’envie de faire un deuxième shampoing ou bien de s’éterniser mais… Mais en comptabilisant tous les ratés et les écoulements dépassant le temps voulu, je pense que finalement, ce n’est pas si intéressant que ça financièrement parlant.
Conclusion, non, cette invention n’est pas une aide et je sais désormais ce qu’a pu ressentir Don Quichotte dans sa bataille contre les moulins. Maintenant, oui mon problème est résolu puisque j’ai été changée de chambre, mais qu’en est-il des autres ? Je crois que je n’ai plus qu’à militer pour les robinets mitigeur et contre les robinets temporisés (pour les bricoleurs qui passeraient dans le coin).
Le sort s'acharne sur toi où bien ? Excuse poulette je n'ai pas pu m'empêcher de rire en voyant la scène -_-".
Bisous
le bouton poussoir doit être moins cher que le mitigeur…….
ClearVador