Lorsque je suis partie faire un tour en Alsace cet été, j’ai voulu retourner aux endroits qui m’avaient marquée étant enfant. Le fait que j’ai été valide lorsque je les ai découverts et qu’aujourd’hui je sois en fauteuil ne me freina pas dans cette envie. Dites de moi que je suis têtue, je répondrai être déterminée. Ainsi donc, je me suis retrouvée à « La montagne des singes. »
Sur leur site internet, ils précisaient que c’était accessible aux personnes en fauteuil roulant si elles étaient accompagnées. Moi, confiante, de me dire que, si c’est possible avec quelqu’un d’autre ce doit être possible seule avec mes roues à propulsion électriques (j’ai écrit être déterminée, pas forcément logique ou maligne…) Bref, faisant fi de ce « petit détail », je m’y rends donc avec hâte.
Parking handi, pas de soucis, je me lance dans l’allée en terre plutôt praticable et me dis, non sans pertinence, que ce sera pas mal de passer aux toilettes avant d’entrer dans l’espace des animaux. Je tourne la tête, vois l’objectif : une légère montée en perspective, rien de bien alarmant. SAUF QUE. J’aimerais savoir qui a eu l’ingénieuse, la lumineuse, que dis-je la lumineuse ? L’inoubliable idée de mettre une énorme couche DE GRAVIERS sur ce sol qui était pourtant si bien. Non mais franchement, vous avez déjà fait du vélo dans du sable ? Parce que c’est un peu ça que ça donne, le fauteuil dans le gros gravier. Mais passons. Gogo gadget aux gros bras et m’y voilà… presque… Car devant les toilettes au revêtement de béton, la marche traîtresse. Pourquoi traîtresse ? Parce que, bien que peu haute, se trouvant devant du gravier, impossible de prendre de l’élan pour la passer. Obligée de se faire aider pour ce qui ne me pose habituellement aucun souci (on remballe sa fierté et on sourit) Me voici face aux portes. Celle pour les toilettes handi femme est verrouillée. Absurde. Tant pis, cap dans celles des hommes (j’ai trouvé très drôle la façon dont m’a regardée ce petit garçon, choqué de voir une fille, lorsque j’en suis sortie)
Bon c’est pas tout ça mais je ne suis pas venue pour analyser le bien-pensé des WC. Je me dirige vers l’entrée du parc sécurisé dans lequel vivent plusieurs familles de macaques de Barbarie en liberté. À peine son seuil franchi, je me trouve face à une évidence qui pourtant m’avait échappée : la montagne des singes est, comme son nom l’indique, à la montagne. Donc si les allées en terre dure sont carrossables, le dénivelé, lui, ne l’est pas toujours. Heureusement pour moi (et mon idée décidément pas si bonne que ça), des personnes travaillant sur le parc sont disséminées un peu partout sur le parcours. L’une d’elles me propose avec gentillesse de me donner un coup de main pour la première pente, proposition que j’accepte (courageuse mais pas téméraire). Soulagement arrivée en haut : le reste visible à mon oeil est relativement plat et en slalomant entre les racines des arbres qui ressortent parfois en plein milieu du chemin, je m’en sors plutôt pas mal. J’arrive à faire ainsi la moitié de la boucle pour atteindre le point de présentation des singes (mode de vie, alimentation, hiérarchie, rôle du parc…). Celui qui nous explique tout ce qu’il y a à savoir sur le sujet sait de quoi il parle, il a d’ailleurs un ton qui n’est pas sans me rappeler les documentaires animaliers pour les enfants (relativement nombreux étant donné la période -juillet-). Après avoir écouté, je passe un long moment à observer, tant les macaques que les touristes qui, parfois, se montrent tout aussi distrayants.
Lorsqu’enfin je me dis qu’il serait temps de sortir étant donné le reste du programme que je me suis prévu, je fais demi-tour. Demi-tour ? Mais n’était-ce pas une boucle le parcours aménagé ? Et si, mais en fait, et la dame de l’entrée me l’avait expliqué, la seconde partie se visite très difficilement pour une personne en fauteuil, même accompagnée. C’est dommage, mais ça n’est pas non plus un drame. Ici ou là, l’espèce du singe représentée est la même et revoir les individus que j’ai déjà vu n’est pas un problème puisque, vivants, ils m’ont offerts eux aussi un spectacle bien différent d’une heure à l’autre.
Conclusion de tout ça ? C’est un endroit à faire qui permet de mieux comprendre le mode de fonctionnement des magots, de sensibiliser les gens à leur cause et de les voir relativement en liberté, agir de façon naturelle. Maintenant si vous êtes seul en fauteuil, oubliez : allez-y accompagné. C’est vrai que j’ai réussi à le faire avec mes petits bras musclés, mais uniquement parce que j’avais mon aide à propulsion électrique (et beaucoup de motivation). C’était ressourçant et paisible de me retrouver par moments seule avec les singes, entre deux vagues de touristes. J’ai vraiment apprécié ça. Maintenant il m’est parfois arrivé, le temps de quelques secondes seulement, de regretter ne pas être avec mon papa et ma maman, comme à l’époque. Mais ça, c’est aussi (et surtout) mon côté nostalgique.
souvenirs-souvenirs!
j’ai une chouette photo de « l’attaque d’un singe » ….! il en voulait surtout aux friandises que nous avions. Rigolo