Rallye Aïcha des Gazelles #3 – Le récit d’une aventure, bilan.

 

Cela fait quelques semaines déjà que nos Gazelles sont rentrées de leur rallye dans le désert. Je voulais leur laisser le temps d’arriver, de revenir à leur vie quotidienne tranquillement avant de leur faire me raconter le récit qu’elles avaient dû narrer un bon nombre de fois déjà.

 

Lorsque je les ai eues en appel vidéo, elles m’ont parlé de paysages magnifiques, elles m’ont parlé de solidarité, d’accueil, d’aventure, de bonne nourriture… mais aussi de mauvaises surprises, d’épreuves et de pauvreté.

 

 

bon ou mauvais
Omer Simpson

 

 

La première réflexion qu’elles m’ont faite est la suivante : « Notre rallye n’a pas été une « belle » aventure, parce que nous avons été confrontées à des difficultés surprenantes, à des peurs qui nous ont orientées vers de mauvaises stratégies et ont durci la situation. » En ressort de notre échange qu’elle vaut d’être vécue aussi pour cela, parce qu’elle éloigne assez du quotidien pour que l’on en apprécie davantage sa valeur. On en sort grandi.

 

Là-bas, les gazelles devaient commencer la journée à quatre heures du matin, se préparer malgré la fatigue, la chaleur et tout donner pour continuer. Est-ce qu’elles ont souffert d’avoir eu à tenir ce rythme ? Non. Parce qu’elles étaient dans l’élan, dans l’envie aussi. Lyne explique que maintenant qu’elle est rentrée, elle n’a à se lever que plus tard mais qu’elle a plus de mal. « On perd un peu l’envie d’avoir envie. »

 

Si l’expérience leur a été formatrice, elles m’ont répété plusieurs fois que ça n’était pas à la portée de tout le monde, ça ne peut pas être pris à la légère comme il faut bien se rendre compte que les échos et la vision que l’on en a par les média est loin de la réalité. Dans les dunes, elles ne sont pas forcément aidées par l’organisation pour la simple raison que ça n’est pas prévu, sinon c’est qu’elles sont hors course. Heureusement, la solidarités entre les filles est souvent au rendez-vous malgré tout.

 

Cependant au-delà de l’aspect solidaire, c’est avant tout une course et sur ce point, nos gazelles n’ont pas affronté cette ambiance de la même façon. Alors que Lyne s’est faite rattrapée par son âme de compétitrice, Françoise elle, s’est faite dépassée par cet aspect des choses.
Dans ces cas là, pas évident de s’accorder n’est-ce pas ? « Il faut trouver une manière de se comprendre, un langage commun. Une fois que c’est fait c’est facile et plaisant, mais le temps que ça se mette en place est difficile à affronter. »

 

Et pour cause, car lorsqu’un souci arrive, elles étaient obligées de réagir vite : pas le temps pour les états d’âmes si elles ne voulaient pas passer la nuit en plein milieu du désert ! C’est en cela que Françoise parle d’intensité et de violence quand elle décrit le rallye. Elles ont porté leur slogan mais l’ont également compris en profondeur face à tous ces obstacles : « Ta différence c’est ma force ! »

 

 

Ensemble

 

 

En ce qui me concerne, je leur ai parlé de mon amusement à les voir sur le live de la course auquel on pouvait accéder sur le site officiel du rallye des gazelles. Ici aussi leurs points de vue divergent : Françoise parle de pression qu’impliquait leur visibilité. Dès que certains de leurs proches les voyaient à l’arrêt ou en retard sur la carte interactive, ils s’inquiétaient, et sans moyens de communication, difficile d’expliquer quoi que ce soit. Lyne en revanche l’a vécu ainsi : « ça a été un lien précieux et un moteur pour moi. Dans le sens où tu te sors les tripes pour les rassurer. »

 

Leur arrivée fût un moment fort : une équipe de gazelles avec laquelle elles s’étaient bien entendues ont eu une panne de véhicule qui n’a pas été prise en charge résultat de quoi, au point de l’objectif final, elles étaient à pieds : « Il n’était pas question de les laisser passer la ligne d’arrivée ailleurs qu’en voiture : elles sont montées dans notre voiture pour terminer comme nous toutes ! »

 

Au cours de notre longue conversation, je les ai trouvées presque déçues par rapport à ce qu’elles avaient imaginé du rallye. La raison ? L’envers du décor, compliqué à gérer. Ces enfants pauvres qui les voyaient débarquer et qui se seraient jetés sous leurs roues pour obtenir un morceau de pain ou un stylo. Avec leur phrase « Ta différence c’est ma force », elles partaient avec un message et Françoise a eu l’impression qu’il n’y avait pas toujours assez de place pour le délivrer réellement.

Lyne elle, regrette de ne pas avoir réussi à aller, par moments, au-delà de leurs propres différences respectives.

 

Aujourd’hui, en étant rentrées, que ce soit par leurs proches au début, ou par les médias pendant un long moment, elles avaient la sensation que l’engouement général était exagéré, comme si elles revenaient du front mais le courage n’a pas résidé dans l’effort lui-même, Lyne parle de confrontation : trouver sa place dans son équipe et dans l’aventure.

 

Maintenant, toutes ces parts d’ombre ont leur côté positif : ça les a fait relativiser, se poser des questions sur la vie, se rendre compte des écarts de vie entre ces pays et le nôtre.

 

Leur bilan ? Des priorités à l’échelle mondiale qui leur ont sauté aux yeux, soit l’éducation (des enfants et des femmes) et l’environnement.

 

Le mot de la fin ? « Ça fait du bien de rentrer ! » et Lyne rajoute LA question que ces quelques jours lui ont amenée : « Peut on vivre ensemble en harmonie malgré nos différences ? Parce qu’honnêtement, toutes les deux nous n’avons pas eu le choix de le faire. Nous étions dans notre bocal (la voiture)! On a dû composer en faisant taire nos ego respectifs et en faisant un énorme effort pour pratiquer l’empathie, essayer de comprendre ce que vivait l’autre. Ça a été très coûteux et sincèrement je ne suis pas sûre que nous ferions le même effort sans y être contraintes… »

 

gazelles

 

 

Si vous aimez, n'hésitez pas : partagez !
Share on Facebook
Facebook
Tweet about this on Twitter
Twitter
Email this to someone
email
Print this page
Print

1 commentaire sur “Rallye Aïcha des Gazelles #3 – Le récit d’une aventure, bilan.

  1. dur…..d’où la nécessité d’une préparation. Physique et morale.
    En tous les cas, félicitations de l’avoir fait.

Vos réactions...