Dans les couloirs du centre de rééducation, vous pourrez entendre de nombreuses phrases commençant par « Quand je remarcherai », « Quand tout ça sera terminé », « Quand je reprendrai ma vie » … Ça ne vous rappelle rien ?

Au début de notre période de handicap (définitive ou non), nous avons du mal à faire des plans car nous ne voulons pas nous projeter avec un fauteuil ou tout autre « anomalie ». Nous sommes comme tout le monde : nous nous imaginons que dans ces affreuses chaises sur roues nous ne pouvons rien faire, qu’il vaut toujours mieux attendre « l’après ». Et lorsqu’enfin, nous commençons à sortir de ce carcan construit par notre inconscient ainsi que par la société et ses préjugés, il y a toujours quelqu’un pour vous rappeler « ce » que vous êtes. D’ailleurs, ça m’amuse toujours les personnes qui s’imaginent que leur vie vaut plus que la notre sous prétexte qu’en fait, nous n’en avons pas. Or, en plus d’en avoir une, certains handicapés prouvent qu’elle peut être même plus envieuse que n’importe quelle autre. Un jour, j’avais entendu un athlète paralympique dans un documentaire dire que s’il avait la possibilité de remarcher il n’en voudrait pas car son handicap lui avait permis d’oser accomplir ce qu’il n’aurait même pas imaginé faire étant valide. C’est sûr que nous ne pensons pas tous ainsi mais tout de même : n’est ce pas enviable comme façon d’aborder la chose ?

L’important est de ne pas avoir de regrets.
Que vaut la vie si nous n’en profitons pas ? Ne serait elle pas trop monotone ? Comment ça je ne peux pas accomplir telle ou telle chose parce que je suis en fauteuil / amputé(e) / malade … ? Mais si je n’essaye pas, comment savoir ? Parce que le jour où un myopathe a décrété qu’il voulait faire le tour du monde, un amputé des bras qu’ils participerait à toutes les compétitions de tir à l’arc, une tétraplégique qu’elle allait faire du deltaplane, pensez-vous qu’ils n’aient pas été jugés fous ? Si, ils l’ont été. Mais ils ont fait abstraction, ils se sont lancé et ils ont pris leur revanche sur la vie. Oh nul doute qu’ils ont dû en connaître des chutes, mais comme il se dit : « c’est en tombant que l’on apprend ».
Cette danse est une prestation de l’émission Danse with the stars (Danse avec les stars version américaine) à laquelle a participé Amy Purdy, une actrice et athlète de snowboard amputé des deux jambes depuis l’âge de 19 ans. Une femme au parcours incroyable.
C’est compliqué de se dire qu’il y a un million de possibilités quand on est handicapé parce que ça voudrait dire avouer que la vie peut être toute aussi belle que si nous étions « normaux ». Parfois nous préférons ne pas nous rendre compte de cela car nous aurions trop peur de basculer dans l’acceptation. Moi-même j’ai du mal à empêcher mon esprit de lier l’acceptation à l’abandon. Or ce n’est pas parce que nous apprenons à bien vivre dans notre état que forcément ça veut dire que nous déposons les armes. Cette dernière phrase relève peut être davantage d’un ressenti personnel que général, mais ce sont des réflexions et des questions qui ne cessent d’aller et venir que ce soit dans ma tête où dans la bouche de tous ceux que je rencontre ici, en rééducation.
Chacun se forge sa réponse mais une évidence revient toujours : notre handicap ne doit pas nous empêcher de faire ce qui nous tient à cœur mais il doit au contraire nous servir de force pour l’accomplir.
1 commentaire sur “Si, la vie vaut la peine d’être vécue.”