La dernière fois, je vous ai parlé des phrases que les enfants ont pu prononcé alors que je m’occupais d’eux, en colonie. Mais finalement, je l’ai faite un peu à l’envers : rembobinons voulez-vous ? Aujourd’hui je vais écrire sur le fait d’être une animatrice en fauteuil, tout simplement.
Si nous commencions par le début cette fois ? Les premières réactions… J’étais déjà arrivée sur le centre lorsque les cars ont déversé leurs flots de passagers : soixante-dix enfants de 9 à 11 ans. C’était assez amusant de les observer se rendre compte du fait que l’une de leurs animatrice n’était pas tout à fait comme les autres. Chacun marquait un arrêt plus ou moins long à ma vue. Certains, une fois la surprise passée, se laissaient vite distraire par le lieu, les copains, les valises … Mais je voyais sur le visage des autres la multitude de questions et d’appréhension qui se mettaient à tourner dans leurs têtes. Dans cette catégorie là, deux divisions encore : d’un côté ceux qui sont tout de suite venu assouvir leur curiosité, de l’autre ceux qui ont préféré éviter cette source d’incompréhension (heureusement pour moi que cette phase n’a jamais duré très longtemps !)
Dès le début, les choses ont été mises au clair et j’ai eu pour eux le même discours que j’avais déjà eu avec l’équipe d’animation : pas de tabou, à toute question il y aurait une réponse. C’est ainsi que durant le séjour, j’ai servi de point informatif sur le handicap. Là-dessus se distinguent les enfants des adultes. Les adultes veulent plutôt les détails de l’accident -la cause- alors que les plus jeunes préfèrent savoir ce qu’il en est au moment où vous êtes sous leurs yeux -les conséquences-. Mis à part ça, les personnes au delà de 16 ans en règle générale s’inquiètent des nécessités de base de l’être humain : dodo, pipi, caca, sexe (et oui ce sont eux les adultes, tout à fait). Pour ce qui est des enfants, les questions viennent par rapport à ce qu’ils voient : les cicatrices, la jambe qui bouge toute seule, la possibilité de ne pas être toujours assise, le pourquoi des différents fauteuils… Cela m’a étonnée, mais j’ai trouvé leurs questions à eux souvent plus intéressées et pertinentes !
Et ma crédibilité dans tout ça ? Honnêtement, je n’ai remarqué aucune différence entre les colos en tant que valide et celle en tant qu’invalide sur ce point là. Ils n’étaient pas plus intimidés (ça, ça n’a fonctionné que la première heure à peine) mais n’étaient pas moins attentifs qu’avec les autres animateurs. Ce qui n’était pas toujours facile c’était d’une part ma taille, de l’autre ma voix. Pour ce qui est du premier élément, étant donné que je faisais la même taille qu’eux voire moins, il fallait un petit temps pour qu’ils « me calculent ». Et le second élément ne m’aidait pas : comme mes poumons ne sont pas à 100% de leurs capacités, il devient compliqué pour moi de crier afin de me faire entendre par plus de 70 enfants à la fois. Alors quand ils chahutent, je ne vous explique même pas ! C’est dans ces moments de solitude que les collègues masculins se sont révélés être de très bon aides-mégaphones !
Non, le réel soucis que j’ai rencontré ne concernait ni les petits, ni les copains animateurs. Contrairement à ce que certaines personnes pensent, faire des colos s’éloignent bien loin de vacances pour les adultes ! Comme nous devons nous occuper de chaque individu présent et ce de leur lever à leur coucher, l’organisation des journées doivent se faire en dehors de cette période là, c’est-à-dire la nuit. Conséquence de quoi l’animateur dort bien rarement plus de cinq heures d’affilé ! Alors en ce qui me concerne, la tête suit sans l’ombre d’un problème. Seulement je ne pouvais pas toujours en dire autant de mon corps. Pas mal de mes muscles étant plutôt faibles de base, vous vous doutez bien qu’une fois fatigués ça n’arrangeait pas tellement les affaires. Du coup pour ce qui était des transferts simple, ça allait, mais dès que je me retrouvais face à un transfert moins évident (pas à ma main, pas à hauteur ou autre) c’était moins drôle. Alors oui, il y eu bien quelques ratés et c’est dans ces cas là où j’ai été vraiment contente de tomber dans une super équipe ! Pas un ne m’a surprotégé ou considéré différemment au vu de mon handicap (fort heureusement) mais pas un non plus ne m’a laissé tomber dans les rares moments où j’ai eu besoin d’un coup de main.
La dernière chose à aborder dans cet article ? Voyons, ce que les enfants attendent et préparent tout leur séjour durant ? Mais enfin, la boom ! Et là vous vous dites, en fauteuil à la boom avec des enfants, est-ce vraiment possible ? Allons, ce n’est pas quelques muscles en moins qui vont m’arrêter ! J’avais décidé d’être le plus possible avec mes gamins : j’allais pas les lâcher le soir le plus important de leurs vacances ! Oui c’est sûr, je n’ai pas pu les accompagner sur le madison ou le kuduro d’accord. Mais qui était en première ligne avec les autres animateurs pour faire la Macarena, le YMCA , la chenille ou même les slows ? J’ai juste envie de vous dire : « Handicap’et alors » ?
Finalement, quel est le bilan ? Honnêtement, les premiers jours, le temps de m’adapter, je me suis parfois demandé ce que je faisais là. Les derniers jours, lorsque la fatigue avait raison de mes membres, je me disais « plus jamais ». Et entre les deux ? Et bien ça a été tellement enrichissant, tellement bon à retrouver, tellement incroyable à se dire que je pouvais encore le faire que définitivement, assurément, complètement : bilan positif ! Défi relevé, non sans un petit peu de fierté, je dois vous l’avouer même si je dois me rendre à l’évidence : je ne pourrai jamais être à la hauteur de l’idée que j’ai d’une bonne animatrice… Il me manquera toujours quelque chose contre lequel je ne peux pour le moment rien.
Mais c'est tellement tellement coool !
(oui, je suis très rapide, j'ai lancé mon flux de nouveaux articles juste avant d'aller dormir, et tu es apparue comme par magie :D)
Ah pff, je t'avais écrit un comm mais j'ai quitté la page avant de laisser ton blog vérifier mon appartenance à la caste des humains!
Bref je disais que j'adorais et l'article et ton expérience!
Je me demandais une chose: as tu eu des difficulté à trouver cet emploi autant au niveau du regard d'un employeur que simplement la nécessité que les lieux soient entièrement accessibles?
Ahah, je suis ravie d'être ta lecture du soir 😉
Bah nous le savons bien : nous ne sommes pas tout à fait humains… Nous sommes… plus magiques que ça ! (tralala) Alors non, je n'ai eu aucune difficulté car en fait ce sont eux qui sont venus me chercher. Je m'explique : C'est une colo que j'avais faite étant valide et la directrice comme la sous directrice étaient devenues des amies à part entières : ce sont elles qui m'ont poussé à le faire, pas sûre que j'aurais tenté autrement ^^