Pour une fois je ne parle pas de handicap. Pas directement.
Parce que plus je regarde tout ce qui entoure cette tragédie, plus je peine à refréner mes pleurs. Pourtant je ne lisais pas Charlie Hebdo, pourtant les gens tués je ne les connaissais pas (ou juste de nom), pourtant je suis bien installée au chaud dans mon lit avec mon thé. Alors comment expliquer cette boule à l’intérieur de moi qui gronde et agrandi encore le vide qui m’envahissait parfois ces derniers jours ?
L’explication est simple : toute personne qui écrit, qui dessine ou qui pense a été visée ce matin.
C’est vrai qu’ils ont réussi leur coup : on ne parle plus que d’eux. Mais je me demande si ça les éclaterait autant d’apprendre que leur ami/cousin/frère/oncle/collègue est mort pour être aller travailler comme n’importe qui d’autre ce matin. Le justifierait-il aussi si c’était leurs proches ? Tout ça pour quoi ? Pour des dessins (des dessins quoi !) qui datent de plusieurs mois. Le même genre de dessin qui se moque de toutes les religions, toutes les politiques, tous les faits d’actualité car ce sont leur définition même… Tout ça pour défendre leur cause autrement dit, tout ça pour les idées d’une minorité… Bref. C’est consternant et impardonnable. Personne n’a le droit de vie sur autrui : que les publications de Charlie Hebdo soient correctes ou non, aucune justice ne peut justifier ce qu’il s’est passé car même si les caricatures de leurs dessinateurs ont été déplacées, ce n’était que des coups de crayons, pas des coup de feu !
Attention toutefois à ne pas faire d’amalgame : ce qu’il s’est passé aujourd’hui n’est pas dû à « l’Islam » dans sa globalité et nous ne devons pas condamner une religion ou une nation à cause de minorités extrémistes. Chacun a le droit de suivre le chemin qu’il se souhaite avec ses propres croyances, ses propres choix. C’est aussi cela, la liberté. Cette fusillade aurait aussi bien pu être menée par n’importe quel autre groupe revendiquant ethnie, religion, politique ou idée. Ne laissons pas quelques individus soulever un racisme envers des millions. Ce serait les faire gagner.
Pour finir n’oublions pas une chose : c’est que si la liberté d’expression existe, ce n’est pas pour qu’elle nous condamne mais plutôt pour qu’elle nous aide à évoluer. Sans elle, le handicap passerait sous silence et serait donc encore considéré comme la peste noire. Sans elle, ce blog n’existerait pas. Lui et des milliers d’autres.
Devront nous mourir demain car nous écrivons sur des sujets qui dérangent, avec des mots qui ne plaisent pas toujours à tout le monde ?