Rangez vos esprits cartésiens, laissez tomber vos idées terre à terre et mettez de côté la science telle que vous la connaissez car aujourd’hui, je vais vous parler spiritualité (que je trouve ce mot inquiétant… Et pourtant !) Si vous n’avez pas lu le premier article que j’ai écrit à propos de mon voyage au Brésil, je vous conseille vivement d’aller y remédier PAR ICI, autrement vous risquez d’encore moins comprendre ce que je vais vous expliquer là.
À ceux qui ne suivraient pas dans le fond, il y a une dizaine de jours maintenant je revenais de trois semaines au Brésil. Mais le Brésil c’est vaste, très vaste. Zoomez sur Brasilia, décalez-vous d’une heure et demie vers le sud-ouest et vous tomberez sur Abadiânia. Est-ce une grande ville ? Est-ce une petite ville ? À vrai dire je n’en sais rien car si j’y étais c’était pour découvrir la Casa de Dom Inacio de Loyola dont les bienfaits ne s’exercent que sur un périmètre restreint autour du lieu.
« Les bienfaits » ? Mais de quoi parle-t-elle ?
Si des gens du monde entier viennent jusqu’à la Casa, ils le font pour y rencontrer Joao de Deus, le médium à ce jour considéré comme le plus efficace du monde. Cet homme, renommé pour les miracles de guérison qu’il fait chaque jour, est capable d’accueillir en lui ce que l’on appelle des entités soit les esprits de personnes ayant vécu dans le passé, proche ou (très) lointain. Pour la plupart, c’était des crack en sciences et/ou en médecine, d’autres sont davantage connus par leur appartenance à l’Histoire religieuse.
Voilà, le gros morceau est passé. Ne vous posez pas de questions tout de suite, c’est loin d’être terminé. Prenez les choses comme elles viennent et continuons.
Bien sûr j’étais moi-même sceptique, comment ne pas l’être lorsque jamais de sa vie l’on a touché à ce genre de croyances ? Cependant j’avais décidé d’aller voir, de tenter cette folie l’esprit grand ouvert pour laisser à cet endroit la possibilité de me convaincre. J’ai donc « joué le jeu ». J’ai lâché prise, je me suis laissé y croire et j’ai suivi les protocoles à la lettre.
Parce que oui, il y a des protocoles. Avec le monde qu’il y a en permanence, vous pensez bien qu’il ne s’agit pas de se présenter devant le bonhomme et paf ! Ça fait des Chocapics miracles. Allez, je vous embarque dans une semaine typique Casa.
Déjà, la Casa n’est ouverte qu’entre 6h et 19h (sauf le dimanche où la fermeture se fait à midi). Il faut donc trouver de quoi être hébergé au plus près. Ça tombe bien, il y a des « pousadas » un peu partout (hôtels, parfois à l’allure d’auberges de jeunesse). Joao n’est présent que les mercredis, jeudis et vendredis. Ces jours là, tout le monde s’habille en blanc ce qui fait une drôle d’impression lorsqu’on se balade dans le coin et qu’on est pas encore habitué : ça n’est bien sûr pas obligatoire mais la plupart respectent cette demande car ça permet à l’énergie de mieux circuler (les couleurs ont tendance à l’aspirer en quelque sorte). Alors je sais, je vous dis ça, mais moi je ne la sens pas, comme beaucoup d’entre vous, en revanche certaines personnes y sont sensibles et c’est quelque chose qui peut s’acquérir et s’affûter avec le temps.
À la Casa les jours de soins (présence de Joao donc des entités), l’objectif est dans un premier temps de rencontrer le médium en ayant en tête une demande précise, appelée « intention ». Quand on ne connaît pas c’est assez impressionnant : on patiente dans un grand hall (plein à craquer !) jusqu’à ce que l’on soit invité à entrer par « type de file » (par exemple, toutes les personnes qui viennent pour la première fois, ça correspond à « la file des premières fois ») À ce moment là, on pénètre dans une salle (taille salle de classe) dans laquelle il n’y a que des personnes qui méditent. On passe ensuite dans une deuxième, tout en longueur, remplie aussi de méditants mais au bout de laquelle se trouve le fauteuil de Joao (lui dedans si tout va bien, dans la logique des choses). Comme on n’est pas tout seuls on fait la queue, mais ça n’est pas forcément long car alors l’esprit tourne à toute vitesse et les entités ne se mettent pas non plus à bavarder avec chacun : l’entretien est à ce point rapide qu’on à peine le temps de s’en rendre compte.
Mon parcours par rapport à Joao
En ce qui me concerne, je me suis retrouvée la première fois face à un homme à la posture droite et rigide, aux yeux très clairs, perçants qui n’ont fait qu’augmenter le respect que je ressentais pourtant déjà. Était-ce du charisme ? Peut-être est-ce le mot en effet.
L’entité face à laquelle on se retrouve peut nous indiquer plusieurs démarches à suivre. Elle peut demander à ce que l’on intègre les méditants des salles (soit dans l’immédiat soit le lendemain), elle peut nous prescrire un massage énergétique, un bain de cristaux (séance alliant luminothérapie et litothérapie), un tour à la cascade (lieu particulièrement fort paraît-il mais non accessible en fauteuil)… et elle peut nous prescrire une opération invisible (des visibles sont faites pour ceux qui ont besoin de voir et sentir mais c’est rare, moi je n’en ai pas vu et ça me va très bien !).
Oui, c’est là que vos croyances sont mises à mal. Il faut se persuader, croire de tout cœur que l’on peut être opéré sans que rien ne se voit, ne se sente et parfois, ne se comprenne. On vous fait fermer les yeux quelques minutes, parfois plus (à vingt dans une seule et même autre salle), vous entendez Joâo prononcer des mots en portugais, il sort, vous rouvrez les yeux et vous avez été opéré (il n’a pas fallu plus de temps à Alice pour tomber dans le terrier du lapin blanc). Alors vous devez rentrer en taxi même si votre pousada est à deux rues et vous retirer dans votre chambre vingt-quatre heures durant sans parler, ni écrire, ni lire (ni lire !) Avant que certains ne posent la question, bien sûr qu’on peut boire et manger : ce sont les copains ou la guide du groupe qui vous apportent un plateau… comme si vous étiez à l’hôpital en somme (mais la nourriture est meilleure). Après cela, obligés d’attendre une semaine avant de repasser devant une entité (dans la file appelée « file des révisions ») pour savoir ce qu’il en est. Une semaine en évitant les efforts et le soleil.
J’ai été opérée deux fois durant mes trois semaines et je n’ai rien ressenti, ne ressens rien. Alors ? Pipeau ? Il faut partir du principe que ce qu’il se passe là-bas nous dépasse. Pour certains la guérison est instantanée, pour d’autres elle se fait par paliers et pour d’autres encore, s’étale petit à petit sur des années. Car il y a un moment pour chaque chose et chaque étape, même si on ne les comprend pas toujours, même si elles sont difficiles, elles sont indispensables pour nous faire avancer dans notre vie personnelle : normal donc qu’il n’y ait pas deux situations avec le même rythme. Je n’ai rien ressenti et pourtant, je peux dire que ce fut des moments forts, sans que je ne sois capable d’y poser des mots.
Et c’est ça, Abadiânia, c’est ça la Casa : c’est comme l’amour, comme la magie ou comme les couleurs. C’est inexplicable à quelqu’un qui ne l’a jamais connu, exercé, vu. Ça se vit.
Pour ce qui est des entités, la deuxième fois que j’ai vu Joao, je me suis retrouvée face à un homme avachi, presque le ventre à l’air, à la mine blasée mais avec un fond d’amusement et des yeux marron clairs (peu expressifs, pardon). Nier que j’ai eu affaire à deux personnes radicalement différentes serait d’une grande mauvaise foi. Talent d’acteur ? Lentilles de couleur ? Si cet homme était un charlatan aussi facilement repérable, est-ce qu’il serait encore crédible après plus de quarante ans d’histoires miraculeuses à son actif ?
Parce que d’accord, il y a les récits que l’on entend, tellement incroyables qu’ils rappellent ces légendes urbaines qu’on se racontait ados autour d’un feu de camp et dont on peut douter mais allons, il y a ceux que l’on rencontre ! Cet homme malvoyant qu’un matin, on a vu débarquer au réfectoire sans ses lunettes car il y voyait soudainement clair. Cette femme avec un trou dans la tête car anciennement cancéreuse au cerveau en phase quatre, jusqu’à qu’elle remette ses derniers espoirs dans ce lieu lointain (elle est roumaine belge). Ma guide, jeune femme à mille lieues d’être folle, les pieds bien sur terre, dont les symptômes de sclérose en plaques ont disparus après plusieurs visites aux entités. Ceux là sont vrais, ils étaient là, devant moi. Alors ?
Alors aujourd’hui je vous donne les faits, je vous résume de façon très grossière sans trop rentrer dans les détails pour ne pas vous perdre et je vous laisse vous faire votre propre jugement sans trop m’avancer sur ce que moi je crois ou non, sur ce que j’ai appris ou sur ce qui m’a déçu. Car enfin je vous avais promis un troisième article et que celui-ci est déjà bien assez long.
N’hésitez pas à me faire part de vos pensées, de vos questionnements, de vos impressions : vous savez que j’y réponds toujours et il est vrai que le sujet que j’aborde là est… un monument ! Mais encore une fois si tout cela paraît fou (même à moi quand je me relis), souvenez-vous qu’un jour, un mec a dû convaincre le monde entier que la terre était ronde et non plate. Pourquoi pas ?
J’ai été très longue à venir le lire pas parce qu’il ne m’intéressait pas. je dirais que c’est parce que je suis un peu overbooké ces temps ci mais peut être que le sujet était aussi un peu difficile pour moi.
En tout cas, tu m’impressionnes pour une chose, en parler avec aussi peu de tabou! Bravo m’dame!
Ne t’inquiètes pas, tu n’as aucune obligation non plus hein 😉