Ça y est, nous entamons le mois de juin et les beaux jours se font de moins en moins rares. Le soleil amenant bien souvent la bonne humeur, j’ai décidé de vous écrire quelque chose que je prépare en réalité depuis très longtemps. Une bonne dose d’humour et c’est parti !
Depuis mon accident, et plus particulièrement depuis que je réapprends à vivre au quotidien, je me fais souvent la réflexion que certaines expressions adoptent alors une tout autre dimension. Tout le monde connaît ce passage d’intouchables :
En ce qui me concerne valide ou pas valide, il me fait toujours autant rire. Vous l’avez en tête ? Parce que c’est de ça, c’est exactement de ça dont je vais vous parler maintenant :
- Au tout début de ma rééducation, mes doigts ne fonctionnaient pas et quand à droite ils sont revenus, j’ai dû redécouvrir la façon de s’en servir. Il vous êtes arrivé de vous dire que vous aviez deux mains gauches ? Et bien imaginez moi… Une vraie catastrophe : j’en ai renversé des verres, tâché des t-shirts, laissé tomber des objets. Sans parler des spasmes. Alors pensons maintenant à ceux à qui il manque un doigt, qui ont la maladie de Parkinson, qui ont des faiblesses musculaires… Bref ce n’est même plus avoir deux mains gauches, ce serait plutôt avoir des pieds au bout des bras en fait !
- La deuxième que j’ai remarquée est apparue lorsque j’ai commencé à faire mes transferts toute seule. Vous savez, passer du lit au fauteuil du fauteuil à un autre fauteuil ou du fauteuil au plan de travail… Vous ne voyez toujours pas ? Franchement si ce n’est pas avoir le c** entre deux chaises ça ! Qu’est ce que ça pourrait être d’autre ? Surtout quand on a un souci de transfert et qu’on reste coincé entre le départ et l’arrivée, pile poil au milieu…
- Après, certaines expressions gênent davantage l’entourage que nous même. Du coup au début je ne comprenais pas pourquoi certains de mes visiteurs arrivaient en me disant » Bonjour toi ! Alors ça marche ? Euh…oh zut…désolé… » (ça marche aussi pour le « ça roule »)
- Maintenant une petite dédicace pour les patients souffrant comme moi de troubles neurologiques. À savoir lorsque certaines choses ne fonctionnent pas parce que les nerfs ne sont pas reliés. Et bien au moins on peut se dire qu’on a « des connexions qui ne se font pas » sans pour autant penser que l’on perd la tête !
- Au centre il y a pas mal de gens amputés et je pense notamment à un monsieur qui n’a plus aucune de ses jambes. Il aurait donc du mal à vous « attendre de pied ferme » comme il ne peut rien « prendre par-dessus la jambe » d’ailleurs…
- Et j’ai gardé la meilleure pour la fin tant elle correspond à tout type de soucis : fauteuil, béquilles, amputation… Si quand on n’a pas de tête on est censé avoir des jambes, moi je vous dis qu’on est sacrément mal barrés !
Conclusion : qui a dit que les handicapés n’ont pas le sens de l’humour ?
Pour la rédaction de cet article j’ai deux personnes à remercier. Depuis que je leur ai parlé de ce sujet, ils se sont amusés à relever des expressions que je n’ai pas toutes utilisées mais dont certaines m’ont servies. Merci donc à mes compères de table : S. SEPienne de 21 ans pleine de vie et A. un monsieur à la jambe et la hanche défectueuses mais au rire contagieux.
je me reconnais bien dans le "ça roule" ahah
je te laisse un lien d'une bourde culte à mes yeux