L’année dernière, je vous avais parlé du festival de musique du Printemps de Bourges, rapportant les adaptations et l’expérience en fauteuil roulant que j’y avais vues/eues (pour le relire, c’est par ICI). Cette année, j’y suis retournée, toujours sur mon fidèle destrier, mais en décidant de le vivre pleinement comme lorsque j’étais valide. Exit les rampes et les plateformes, bienvenue dans les marées humaines.
(Pour aller avec l’image de présentation (au-dessus du titre) et parce que ce serait dommage de faire un article qui parle de concert sans mettre de musique…)
Je ne veux pas être différenciée, je ne veux pas être mise dans un coin et regarder les copains qui ne peuvent m’accompagner (nombre de personnes sur les plateformes adaptées limité) partir dans la foule et ne réussir à les retrouver ensuite qu’après le cinquantième SMS ou le dixième appel.
Comme lorsque j’avais assisté à mon premier concert ado, valide donc, je voulais me retrouver au milieu de tous ces gens qui s’éclatent pour une même raison, là où on est sûr de ne pas avoir froid et où on ne sait jamais si le verre que l’on a emporté survivra jusqu’à ce qu’on l’ai bu. Je voulais chanter crier et danser avec la bande de potes et parler avec ceux qui nous entouraient comme s’ils faisaient partie du lot alors qu’on ne les avait jamais vus. Et je voulais oublier. Oublier qu’entre le concert de 2012, « avant », et celui de 2017, il n’y a pas que les artistes qui n’étaient pas les mêmes.
Je n’ai rien eu à dire, aucun de ceux qui passaient la soirée avec moi n’a ne serait-ce qu’évoqué « le carré réservé PMR » (Personne à Mobilité Réduite) On avait prévu d’assister au concert et faire la fête ensemble, c’est donc ce qui allait se passer, fauteuil ou pas fauteuil. Me voilà donc là, en pleine marée humaine, et si je me félicite de ne pas être claustrophobe, si je ne vois rien de la scène et si je n’aperçois les écrans que par intermittence, je souhaiterais à cet instant n’être nul part ailleurs.
Les basses résonnent dans ma cage thoracique, je vois des ballons Bob l’éponge, Minions et Hello Kitty, des ballons en forme de coeur ou de licorne, flotter ici et là. Je vois les fumées colorées, les lumières bouger et tout le monde sauter. Mes jambes ne dansent pas mais mes bras, mes épaules, mon dos et ma tête rattrapent très bien le coup. Et si de temps en temps quelqu’un trébuche sur moi mon cale-pied, c’est en fait rare. Il faut dire aussi que je suis bien accompagnée. Les copains ont décidé de jouer les gardes du corps et ils sont efficaces ! Entre celui posté devant, la main sur la hanche pour barrer le passage avec son bras, celle à ma droite se tenant là, mine de rien, en paravent paragens, celui à gauche la main appuyé sur la poignée du fauteuil pour qu’il soit vu, celui…
Bref, chacun a développé sa technique et je crois qu’alors, mon amour pour eux est grand, vraiment. Leur bienveillance me fait rire mais surtout, elle est contagieuse ! Plus ça va, plus les personnes qui nous entourent s’y mettent, prévenant aussi ceux qui passent sans m’avoir vue. Il y en a même eu un qui, désolé que je ne puisse voir la scène, a voulu voir s’il n’était pas possible de trouver une solution pour ça (me porter, soulever le fauteuil…) Ce fut d’autant plus plaisant que c’était proposé par un beau garçon, ce qui ne gâchait rien !
Cependant si je ne peux admirer celui des artistes, j’assiste néanmoins à un spectacle humain des plus captivants. Souvent, lorsque l’un de mes protecteurs empêche quelqu’un de passer, je vois bien que la première réaction tend à être négative (insister, râler, rembarrer, forcer…) mais qu’à la seconde où ils me voient/comprennent, ça se transforme en tout autre chose. Pas d’histoire, ils font sitôt demi-tour, changent de chemin, s’excusent sans toujours avoir de raison de s’excuser, il y en a même pour me faire des pouces en l’air, impressionnés que je sois là (en warrior).
Évidemment, il y en a bien eu un ou deux pour me marcher dessus quand même (« je passe juste ») ou pour se cogner aux anti-bascules derrière, mais finalement je me demande si je n’ai pas été moins bousculée que si j’avais été debout.
Conclusion de tout ça ? Je me suis éclatée. Comme avant. Comme n’importe qui. Et j’ai même réussi à me dire à un moment (court mais intense) que finalement, le fauteuil c’est pas grave (le genre de pensée qui ne peut être valable que quelques secondes, qui se savoure donc). Après je mesure ma chance dans tout ça : j’ai des copains extraordinaires (merci !), ça aide. Il faut prendre soin de ceux qui nous entourent parce que ça va peut-être être bateau ce que je vais écrire (un peu comme cette expression), mais à être entouré, les choses impossibles à mener se font plus rares. Quand même.
Chouette article, chouette moment!!
J’avoue que de me retrouver au milieu de la masse des sauteurs sur place ne me donne absolument pas envie mais en même temps quand j’étais sur deux pattes, non plus!!
Par contre, je suis d’accord avec toi, les potes c’est trop bien et les miens aussi, je els aime trop!!
En fait à y penser, c’est sûr que ça ne donne pas envie. Mais c’est plutôt cool de faire partie d’un tout ^^
ben moi je ne dirais qu’un mot: émouvant.
et un autre : bô!
j’aurais voulu y être juste en spectateur……