À mon retour du Canada, je n’ai pas vraiment eu le temps de me rendre compte de la fin de l’aventure puisque j’ai enchaîné tout de suite avec de quoi bien m’occuper l’esprit. Comment ? En allant donner un coup de main à Argos, une petite association trop méconnue, lors du festival qu’elle organise chaque année dans le Centre de la France : le festival des déglingués.
L’édition 2017 était la onzième depuis la création de l’événement, mais c’était pour moi une première. On ne peut pas dire que je sois venue pour rien : le programme était à tomber ! (cliquez sur les images pour les voir en grand.)
Il a donc commencé très fort avec Adda Abdelli, co-auteur et acteur de la série « Vestiaires ». Je l’avais rencontré sur le tournage de la série cet été, or déjà le personnage m’avait plu. Et je ne parle pas de celui qu’il joue, mais bien de celui qu’il est, même si les deux sont intimement liés. Nous étions restés en contact et j’étais contente de le revoir. Il venait pour parler de son livre « Comme sur des roulettes » que j’avais promis de lire, ce que j’ai fait le matin même de son intervention. D’une traite. Je ne sais même pas combien de temps ça m’a pris : une heure ? Deux heures ? Du moment où je l’ai ouvert jusqu’à celui où je l’ai fermé, le monde autour de moi s’est mis en suspens. Parce ce qu’il est bien écrit d’une part, mais que l’histoire est une jolie leçon à prendre en considération. Ce fut un vrai plaisir et très facile que de faire cette lecture. Pas de chichis, pas de phrases de trois lignes comme j’ai tendance à écrire, mais une structure simple, limpide à suivre. Au-delà de le lire, j’avais l’impression d’entendre Adda dans ma tête me raconter sa vie et sortir ses blagues avec son bagou habituel. J’ai ainsi découvert une maladie que je ne connaissais que trop peu, la polio, j’ai découvert ce qu’il en avait fait et comment il s’était battu pour en arriver là où il est aujourd’hui. Une fois la dernière page dévorée, j’ai placé cet homme au même rang que celui de Philippe Croizon : de ceux dont je souhaite m’inspirer pour devenir une « handi utile », capable de faire bouger les choses en n’ayant peur de rien (ou presque). Parce que lorsque l’on prend connaissance de tout le chemin qu’ont parcouru ces déglingués ci, quel autre mot peut nous venir si ce n’est celui de « respect » ? En clair, vous l’aurez compris : si vous ne savez pas quoi lire en ce moment, même si vous n’êtes pas un grand lecteur, « Comme sur des roulettes » est une pépite à ne pas louper.
Et pour ce qui est de son intervention ? Ma foi elle lui a ressemblé : drôle et sincère, généreuse aussi.
Plus tard dans la semaine, je suis allée à la conférence donnée par Marie-Amélie Le Fur, handisportive en athlétisme au palmarès impressionnant, tant aux jeux paralympiques, qu’en championnats du monde et autres. Elle était là pour relater son parcours et réagir sur différents sujets. Même si je n’étais pas toujours en accord avec certaines de ses opinions, cela ne m’a pas empêché d’apprécier la femme qu’elle était, malgré ou avec son handicap. Déterminée et de caractère elle fait largement partie de ces gens qui ont fait de leur malheur une réelle force. Elle le dit d’ailleurs d’elle-même, sans sa jambe en moins, elle n’aurait pas fait tout ce qu’elle a aujourd’hui accomplit. Cela rejoint ce que je dis souvent : le handicap n’est pas une fin en soi. Marie-Amélie Le Fur illustre même une idée plus forte, celle que, pour certain, il est même un début.
Pour son intervention comme pour celle d’Adda Abdelli, un interprète en langage des signes retranscrivait tout ce qui était dit aux personnes sourdes ou malentendantes. J’ai trouvé cette initiative vraiment bonne car répondant à un besoin indispensable.
Le lendemain, le festival se voyait clôturé par un autre visage connu : celui de Christophe Fluder, comédien et humoriste d’1m23. Petit par la taille, grand par le talent (pardon pour cette phrase toute faite mais le contexte s’y prête, je n’y peux rien !), il débute d’ailleurs son spectacle ainsi : « Sans concession, ni faux semblants, je vous propose de partager un autre point de vue, disons d’un peu plus bas, mais vous verrez, on y gagnera en largeur d’esprit. » Alors c’est vrai, il nous parle de tout, de son enfance, sa mère, ses rêves, des soirées, des nanas, des préjugés… Il nous joue des personnages extravagants, déglingués et vrais, enchaîne les vannes et les anecdotes liées à son handicap. En clair : j’ai ris. Beaucoup. Alors n’hésitez pas à aller voir ce que ça donne en réalité, il joue tous les jeudis soir à l’Apollo Théâtre (Paris).
Vous l’aurez vous-même conclu, ce fut une belle semaine bien remplie et pleine de rencontres. Elle a été parfaite pour faire le plein de motivation, parce qu’handicap ou pas handicap, rien n’arrête quelqu’un qui en veut d’accomplir ses projets, aussi fous soient-ils. Si parfois il vous arrive d’avoir envie de baisser les bras, si le courage vous abandonne ou si la montagne vous paraît trop grande, allez voir ces personnes extraordinaires qui sont allées jusqu’au bout quand rien ne les prédestinait à le faire. Qu’y a-t-il de plus inspirant que ça ? En ce qui me concerne, ça me redonné un coup d’énergie, pas que j’en manquais, mais ça ne fait jamais de mal n’est-ce pas ?
Alors vivement en 2018 le prochain festival des déglingués parce que du coup, j’y retournerai !
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