L’été dernier, je suis remontée pour la première fois à cheval depuis que j’ai ce nouveau corps un peu abîmé. Installée sur un tapis tout simple muni uniquement de poignées, j’ai découvert il y a quelques semaines de ça qu’il existait nombre de possibilités autres. À l’occasion du Congrès « Cheval et diversité », j’ai été invitée pour servir de sujet de démonstration. J’allais tester plusieurs adaptations et outils visant à favoriser la pratique de l’équitation aux personnes ayant un handicap, dont l’hippolib.
Il y a bien huit mois de ça, L. m’avait contactée via la page Facebook du blog pour me parler de sa ferme pédagogique et du matériel spécifique à l’accueil des personnes en situation de handicap, notamment pour monter à cheval, dont elle l’avait équipée. Elle m’avait gentiment proposé d’un jour venir tester ces installations, mais l’hiver approchant, je lui avais suggéré de me relancer au retour des beaux jours.
Ce qu’elle a fait. Mieux même, elle me parla du congrès et, sans même me connaître, souhaita que j’y participe, pour mon expérience personnelle comme pour le cas pratique que j’allais représenter pour le public et les professionnels présents. J’acceptais.
À cheval donc… enfin presque !
Le jour J, je me suis donc rendue à Lamotte-Beuvron, à l’endroit même où chaque année se déroulent les championnats nationaux d’équitation. Si je me suis toute suite sentie bien accueillie, nous n’étions pas là pour être ici, et avant de se lancer dans des essais pratiques, le médecin alors présent voulu m’examiner, me poser les questions qu’il fallait et évaluer par lui-même ma capacité à remplir ma mission.
Son aval obtenu [soulagement], direction la carrière. Là, un premier compagnon équin m’attendait. Avec un air de « Danse avec lui », c’est toute intimidée que je me suis retrouvée face à celui que j’allais baptiser Tempête (j’ai trop regardé le dessin animé Sissi l’impératrice étant petite, je le concède).
Et c’est bien d’un cheval mécanique dont il s’agit. Grâce à l’élévateur de L. qui permet de « monter » une personne qui n’a pas un assez bon usage des jambes à hauteur de cheval, je me retrouvai en selle plus rapidement que je ne l’aurais espéré (non sans efforts cependant). L. pour m’aider à basculer le bassin, une personne gérant ma jambe droite pour la passer de l’autre côté de la monture, et encore une autre pour rester en alerte « au cas où », nous formions une équipe de choc !
Pour ce qui est de l’usage de Tempête, j’avoue avoir eu de l’appréhension quant à son démarrage, mais non, c’est tout en douceur que la bestiole à commencer à m’offrir un rythme proche de celui de ses congénères vivants. Étrange sensation certes, mais sa régularité de mouvement me permettait de travailler mon maintient sans m’inquiéter d’autre chose. Je sentais mon dos travailler, se gainer, et ça me faisait du bien. À ce moment-là, j’étais sur une selle normale. Et ce fut là mon seul bémol : qu’est-ce que ça fait mal aux fesses ça en fait !
L’hippolib, adaptation de selle
Il fut temps ensuite d’essayer ce qu’on appelle « un hippolib ». On m’aidait à descendre de Tempête, et on installa un outil à la selle créé justement pour les handi qui n’ont pas un maintien du tronc parfait, pour pallier ce manque. Ça me faisait un peu penser aux sécurité des chaises hautes pour bébés. On recommence la manip pour me ré-installer sur mon fier destrier et c’est parti. Moi qui n’ai pas forcément du mal à tenir mon dos, je me suis sentie finalement presque (je dis bien presque) gênée par l’hippolib plutôt qu’aidée. Cette adaptation a le défaut de sa qualité ou la qualité de son défaut : d’un côté elle est rassurante de par la sécurité qu’elle donne, de l’autre elle limite la liberté de mouvements et un peu des sensations aussi de ce fait.
Mon rôle était là de servir de cobaye mais surtout de témoin en temps réels. Je donnais mes sensations en direct live à ceux venus se rendre compte des avantages et des limites que peut avoir le matériel adapté. Je leur rappelais que chaque handicap est unique, et que ce qui convient à l’un, peut ne pas convenir à l’autre et inversement. J’avais conscience que si l’hippolib ne me convainquait pas, il était une grande chance pour des personnes qui n’aurait aucune force dans le dos par exemple. Il est important de se souvenir que, quoi qu’il arrive, il faut voir la personne dans son unicité, avant de vouloir la ranger dans une case. Je sais qu’en tant que tétra, je trouve plus souvent mon compte dans les adaptations para que celles faites « pour mon cas ». C’est comme ça.
Et sur un vivant alors ?
Après démonstration sur cheval de fer, nous sommes passés à démonstration sur cheval de chair (je suis assez fière de cette phrase…). Ma prochaine monture, Reese, était une bonne patte, un bonhomme à la fois doux et calme. « Garé » contre la barrière de la carrière, nous avons placé le « monte-handi » de l’autre côté, de sorte de limiter le risque que Reese se décale. Une fois installée là-haut (nous avions pris le pli !), quelques tours et de nouveau, j’explique.
Ce destrier-là a beau être délicat dans sa démarche et aller d’un pas lent, il reste malgré tout moins stable que son congénère mécanique et la selle, hippolib ou non, me faisait glisser plus qu’elle ne me stabilisait. J’étais en vérité bien moins à l’aise que je ne l’avais été la première fois avec un simple tapis. Pour un détail en fait : la selle, c’est une épaisseur de plus entre mes jambes et les flancs du cheval, aussi je n’arrivais pas à serrer assez pour me permettre de rester calée correctement. Personne ne s’en serait douté n’est-ce pas ? Moi-même il a fallu que je réfléchisse avant de comprendre pourquoi j’avais à ce point l’impression d’être un sac de patates que l’on trimballe et qui menace à tout instant de tomber.
Mais c’était chouette, quoi qu’il en soit. Cette expérience m’a permis d’essayer, de me rendre compte et d’apprendre. Aujourd’hui je sais ce qui me convient, et je sais aussi que L. a des tapis à poignées comme j’avais eu l’été dernier. Alors ? Et bien, affaire à suivre sûrement…
Je rentre d’une petite heure à cheval et paf je tombe sur ton article , c’est fou ça ?.
Comme ça , à froid , je pense que l’hippolib, du fait qu’il maintienne, ne permet pas au bassin de suivre naturellement le balancier du cheval, d’où cet inconfort et cette perte d’équilibre. De plus toi ayant un minimum de tonicité au niveau du bassin , tu as envie de suivre ce tempo donné par le cheval , ce qui est contrarié par l’hippolib. Après pour une personne qui a 0 tonicité, elle ne va pas avoir envie de suivre de cadence , ça devrait plus facilement la maintenir en place .
Faudrait voir avec plusieurs personnes avec des degrés de handicap pour mieux se rendre compte ?.
Pourquoi tu m’as pas dit avaant pour que je vienne à ce salon ? Ça m’aurait bien intéressée pour ma pratique !
L’hippolib je pense déjà à quelques patients sur qui cela pourrait être bénéfique, mais je pense que c’est vraiment à utiliser ponctuellement pour toute personne car ce serait dommage de ne pas profiter des réajustement tonico-posturaux et du redressement spontané de l’axe que nous offre déjà le mouvement du cheval sans aucune intervention humaine… Mais c’est à creuser ! Je pense que si je dois utiliser ça ce serait uniquement en équitation adaptée lorsque l’on souhaite aller vers du plus technique mais pas en equi/hippotherapie.
Pour ce qui est du tapis vs selle, c’est génial que tu aies écrit là dessus parce que c’est vraiment une réflexion que j’ai très régulièrement.
Disons que l’avantage de la selle est de donner une bascule du bassin (anteversion) alors que le tapis peut, et je dis bien peut en fonction des gens, amener à une retroversion du bassin et donc à une posture avachie.
Cependant, en ce qui concerne l’équilibre le tapis est bien plus intéressant puisqu’il offre une beaucoup plus grande surface d’appui, donc la base est beaucoup plus stable. Et puis comme tu dis, il offre une plus grande proximité qui permet non seulement d’être moins écartée mais aussi de mieux ressentir les mouvements en 8 du pas par exemple, qui, encore une fois, permet une réorganisation du corps autour de l’axe
Voilà pour ma petite contribution et merci pour ce bel article 😀
Moi j’ai testé l’hippolib sur un dada « de chair », para haute je trouve qu’on est bien maintenu voir trop en fait, au lieu de laisser le bassin absorber le mouvement (comme c’est le cas normalement) le bassin est fixé a la selle et c’est le milieu de la colonne qui balance (pas tellement prévue pour ça ^^).
Mon souci principal (mais ça c’est peut-être perso) c’est de glisser sur les côtés, on n’avait pas mis les étriers par sécurité mais le fait d’être calée limiterait la « glissade ». Je réfléchis à une arthrodèse extérieure qui bloquerait genoux et chevilles, avec les pieds en appuis sur des étriers à coques, je pense que ça peut le faire 😉
Question sécurité l’hippolib bloque beaucoup trop le cavalier sur la selle. Il y a soit disant un système de décrochage d’urgence, une amie l’a testé en simulant une chute et il n’a pas fonctionné (malgré pls essai et différentes manières de tomber). À cheval comme à moto, il ne faut, en aucun cas, être fixé à la monture, c’est extrêmement dangereux !
Bref voilà pour mon essai perso du système 😉 j’avais testé en simple selle anglaise aussi, le bassin libre, mon dos absorbait correctement les mouvements et je me tenais plutôt droite vu la hauteur de la lésion.
Prochain essai : selle western avec étriers à coques (j’aurai peut-être eu le tps de mettre au point l’arthrodèse) et j’espère que ça se fera sur mon petit cheval surtout, ça me manque trop d’être sur son p tit dos de poney ^^
Je suis remontée avec l’hippolib et on a du y ajouter une ceinture thoracique car je n’ai aucun maintien de buste et une mega spasticité qui perturbe beaucoup l’équilibre chèrement acquis (tétra c5c6 incomplete) J’avais des chevaux auparavent c’est comme si je posais mes fesses sur un cheval pour la première fois. Mon moniteur est tetra, c’était un cavalier pro avant son Accident et grâce à lui j’ai pu parvenir à m’équilibrer en. Seconde séance il faut vraiment connaître la patho pour y parvenir, ce qui fonctionne avec un corps valide en Terme de positionnement ne va pas fonctionner avec un corps qui n’a plus de tenue car plus de contrôle musculaire ::grosse cambrure ou dos arrondi mais seule façon parfois de s’équilibrer même au fauteuil dans le quotidien. Au final c’était assez difficile pour moi de pas’parvenir à être ne serait qu’un chouila autonome après avoir monté pendant quelques décennies mes propres chevaux. Peut être une ballade de temps en temps.
Hello Daphné! Eh ben tu fais des cachotteries 😉 Merci en tous cas d’évoquer sincèrement les plus du moins ou moins du plus de cet équipement 🙂 Quand j’ai démarré mon activité j’ai investi rapidement dans ce matériel. Destiné à aider surtout un petit bout de 6 ans né avec une malformation au niveau des hanches, pas de station debout, ni la marche et un angle tronc cuisse fermé et tendu qui nécessitait des adaptations pour que ce jeune garçon se transforme en preux chevalier! C’était son moteur 🙂 J’avoue que ce module a été d’une grande aide pour lui pour « tenir en selle » mais absolument pas pour une rééducation éventuelle. Dans un objectif de loisir adapté ça fonctionne. Dans un objectif thérapeutique j’émets des réserves pour plusieurs raison. Primo, le module met à distance le cavalier de sa monture et ne favorise pas l’établissement du lien à l’animal. Deuzio, d’un point de vue purement mécanique le module vient modifier le centre de gravité de l’ensemble cavalier, selle, cheval et a tendance à basculer suivant le mouvement en 8 du cheval ou poney au pas, d’où sans doute cette sensation d’inconfort que tu as éprouvé sur le dos de ta monture ainsi équipée. Tertio, au niveau sensoriel nous perdons tous les avantages d’une régulation tonico-motrice si spécifique à cette pratique. Je m’en suis séparée et l’ai revendu à un club qui l’utilise en équitation adaptée. Je préfère de loin utiliser un tapis de monte à cru ou des selles sans arçons qui favorise le rapprochement et les sensations kinesthésiques. En précisant que mon travail est celui d’un professionnelle de la médiation équine et que j’interviens dans des accompagnements dont les objectifs sont principalement éducatifs et/ou thérapeutiques. J’avoue même avoir avec les années assez épurée ma façon de travailler 🙂