Super maman contre fauteuil roulant (et autres handicaps)

 

Aujourd’hui c’est la fête des mères. Non, ce n’est pas si banal que ça parce qu‘une maman ce n’est pas rien. Nous avons beau râler, faire les enfants ingrats parfois, celle qui nous a élevé reste ce qu’elle est : une « wonder woman » ! Alors quand en plus elle se retrouve avec un enfant pourvu de handicap quel qu’il soit, ou qu’elle même en possède un, ce n’est plus juste une héroïne mais bien davantage.

 

 

Pour illustrer cela, laissez moi vous parler de trois cas différents, trois mamans extraordinaires, trois femmes incroyables.

 

  • La première : la mienne. Évidement, comment rédiger un article comme celui là sans évoquer ma propre Super Maman ? Alors que je prenais mon indépendance, que je commençais à avoir ma propre vie, il a fallu faire face à un retour en arrière des plus inattendus. Le choc de l’événement lui-même passé, pas le temps de se morfondre : il faut être présent, se montrer comme étant le soutien inébranlable,  retrouver des gestes oubliés depuis longtemps, aimer et le montrer. J’ai eu la chance d’avoir une maman « du métier » : comme elle travaille dans le milieu médical, les premiers retours à la maison (alors que j’étais en centre de rééducation) ont pu se faire à la fois plus rapidement et plus facilement. Mais ça n’a pas été sans efforts ! Ce n’est pas évident de mêler les gestes maternels aux gestes professionnels, pas évident de recommencer à s’occuper de son enfant comme lorsqu’il était petit alors que justement il ne l’est plus. C’est une chose d’habiller un gamin de six ans, c’en est une autre concernant un individu de taille adulte ! Non seulement il faut faire face à la situation physique mais en plus il y a tout le côté psychologique : vous ne pouvez pas être malheureux ou triste de ce qu’il se passe car vous devez supporter et calmer la détresse de cet être dont vous avez la responsabilité. Je pense sincèrement qu’il faut une sacré dose d’amour pour tant donner tout en dissimulant son propre désarroi à la personne concernée…

 

  • J’en viens à la deuxième. Elle aussi maman d’un accidenté. Alors pourquoi en parler aussi ? Parce qu’il a eu moins de chance que moi, tant sur le plan physique que sur le plan mental. Et elle était, est là, forte, aimante et attention à quiconque aurait eu l’audace d’attaquer son fils de quelque manière que ce soit. Qu’importe ce qui arrive, qu’importe ce qu’il se passe, qu’importe ce que peuvent dire les gens, il est pour elle « le beau gosse »,  et vous savez quoi ? Et bien il l’est, beau gosse. Quand je les côtoyais tous les deux, j’avais pris moi aussi l’habitude de le nommer ainsi : aucune ironie, aucune once de moquerie là dedans mais plutôt un fait énoncé d’une évidente logique. Est-ce cet amour incommensurable qui le rendait si magnifique ? Sûrement. Assurément.  Au moment où je l’ai connu, il commençait tout juste à se rendre compte de sa situation, de se rendre compte que sa maman, à ses côtés chaque heure de la journée ou presque sacrifiait sa vie pour lui. Il avait alors par moments des réflexions qu’une mère doit subir avec un courage qui ne peut se décrire.

 

  • La dernière est celle qui me fait souvent m’interroger sur l’avenir. Cette fois le handicap n’est plus sur l’enfant mais sur le parent lui-même. Déjà que la vie en fauteuil est pénible, je n’arrive pas à me rendre compte si l’on ajoute à cela une grossesse ! Mais admettons, une fois le petit né, il faut pouvoir s’occuper du bébé en plus de soi, sinon où serait l’interêt ? Lorsqu’elle m’a raconté ce parcours de titan je ne pouvais qu’être à la fois imressionnée et admirative sans pour autant me sentir capable d’un jour me montrer aussi forte. Porter, baigner, habiller, éduquer un être si fragile… Elle me disait avoir eu du mal à accepter de ne pas pouvoir lui faire faire elle même certaines choses comme lui apprendre à marcher ou lui faire faire de la balançoire. Aux difficultés évidentes s’ajoutent les imprévus : il suffit d’un rien pour se retrouver immobilisé ou de retour en pension à l’hôpital, or quelle frustration de n’alors pouvoir s’occuper de sa progéniture, dépendre des autres pour ça aussi ! Et puis les enfants comme les animaux ou certains adultes savent bien profiter des faiblesses pour arriver à leurs fins : inutile donc de vous préciser que pour être une maman en fauteuil, il faut un sacré caractère, une bonne dose d’assurance et… une bonne motivation !

 

super maman

 

Finalement, le handicap nous confronte souvent à nous-même, nous oblige à nous dépasser au delà des limites que nous pensions avoir. Et c’est valable pour ceux qui se retrouvent à le vivre comme pour ceux qui y font face par le biais d’un être cher.

 

 

Vos réactions...