Mes p’tits bonheurs en mode 1P2Vs !

 

Pour ceux d’entre vous qui ont suivi mon parcours, vous savez que je me retrouve à un sacré tournant de ma vie : de ma vie en fauteuil plus particulièrement. En sortant du schéma des centres de rééducation et en me retrouvant à vivre seule de façon (pratiquement) autonome, je me retrouve confrontée à plein de choses. Des nouvelles, des qui avaient été oubliées et que je retrouve, des amusantes, des moins drôles et des habituelles encore fidèles.

 

Comme ce ne sont de que de petits faits, de petits instants, je ne peux vous faire un article entier sur l’un d’eux. L’occasion donc pour moi de répondre à l’appel de « Ma vie, mon handicap, mes emmerdes » à savoir : raconter ses petits bonheurs. Bien sûr, je vais arranger ça à ma sauce. Je resterai dans le sujet handi car certains petits bonheurs n’ont rien à voir avec l’invalidité or il faut bien faire un peu de tri : si je voulais tous les écrire je n’en finirais pas !

 

Pour se mettre dans l’ambiance, la musique que j’entends là tout de suite maintenant en rédigeant ce texte…

 

 

Calez-vous bien au fond de votre siège, allumez et c’est parti !

 

Alors. Où je me trouve en ce moment (et pour pas longtemps), j’ai la possibilité de manger en collectivité si un jour mon réfrigérateur est vide ou si je n’ai juste pas envie de cuisiner. J’ai donc testé le concept il y a de cela quelques jours. Évidement je n’ai pas échappé à la discussion « handicap ». Mais ce que je ne comprenais pas c’est que la personne à qui je parlais évoquait la paraplégie, non la tétraplégie ce qui est pourtant mon statut. La raison ? Elle n’avait pas remarqué ma faiblesse présente au niveau des mains. C’est tout bête mais ça fait tellement chaud au cœur : quelque part cela veut dire que je me suis assez adapté, que je me débrouille assez bien pour faire illusion, c’est assez gratifiant.

 

Ça me fait d’ailleurs  penser à cette soirée pendant laquelle les copains et moi avons joué à un jeu basé sur des mélanges de morceaux de phrases. Nous nous étions posés à la terrasse d’un bar et ça faisait déjà un certain temps que nous nous trouvions là. A un moment, nous sommes tombés sur un résultat de phrase assez improbable mais humoristique concernant le handicap. Je m’en suis amusée mais n’ai pas eu de retour immédiat et devant mon air interrogatif, l’explication est arrivée. Ils n’avaient « juste pas fait le rapprochement« . Ils avaient oublié ! Et rien n’est plus génial que ça (quand ça ne pose pas de problème bien sûr) parce que je sais qu’alors ce n’est pas avec « leur pote handicapé » qu’ils étaient mais bien avec moi. 

 

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Autre petit bonheur que je qualifierais davantage de grande victoire. Si j’ai pu gagner une complète autonomie qui m’évite d’avoir besoin d’aide soignante ou d’infirmière, je me disais que j’aurai tout de même besoin de quelqu’un côté entretien. Un tétraplégique (en fauteuil donc, en plus) passer le balai, ça paraît assez improbable. Et pourtant. Pourtant j’ai achevé ce midi mon deuxième « grand ménage de l’appart' » et vous savez quoi ? Je n’aurais jamais été si contente d’arriver à passer un coup de balai ou de serpillère ! Ca parait si anodin et pourtant. Pourtant en fauteuil il faut revoir ses gestes, son organisation… et son temps ! Oui hein, faut pas croire, ça prend quand même bien plus de temps pour moi que pour une personne valide. Mais qu’importe. L’important est de le faire « tout seul comme un grand » et je me sens comme à la première fois que j’ai réussi à faire ma valise toute seule pour partir en colo ou que j’ai réussi à (enfin) finir mes (abominables) cahiers de vacances.

 

A part ça ? La liberté. Aller me balader en ville sous le ciel bleu d’été et retrouver des endroits familiers que je n’avais pas revu depuis mon accident. Ces endroits remplis de souvenirs dans lesquels je me sens tant en sécurité puisque je les connais comme ma poche. C’est ça les petits bonheurs : être dans un lieu qu’on aime, pouvoir y rester ou s’en aller à notre convenance, n’avoir en levant les yeux qu’une immensité bleue qui ne se voit parfois perturbé que par quelque oiseau porté par cette même brise qui vous caresse le visage. Plus rien n’importe que cet instant simple et pourtant si précieux dans sa générosité : plus de fauteuil, plus de handicap, plus de contrainte, juste le sentiment d’être « bien ».

 

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Et finalement, des petits bonheurs, nous en avons tellement que nous pourrions aisément en écrire des pages et des pages. Seulement il faut arriver à les capter c’est vrai. Il suffit de se laisser porter. Et si vraiment vous ne parvenez pas à lâcher prise, il y a toujours quelqu’un qui sera là pour vous les montrer si vous vous laissez faire. C’est important, les petits bonheurs, parce qu’ils sont faciles, riches, et qu’ils sont les premiers à nous tirer des pensées sombres.

 

 

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