Samedi dernier s’est tenue la finale de la coupe de France de rugby fauteuil. L’occasion pour moi d’y aller (évident) et de vous en parler (logique) Un handi-sport dans lequel avoir quelque chose en moins n’empêche pas de faire plus, ça m’a séduite dès le début !
Mais quel début ? Lorsque je suis allée quelques mois dans un centre de rééducation en Bretagne l’an passé, sont venus un après-midi quelques joueurs de Carquefou, les Mambas. Ils avaient fait des démonstrations que je n’avais pas vues, occupée que j’étais par les heures d’ergo, par les copains et par l’exosquelette. En fin de journée, j’étais en kiné et en voyant me débrouiller, ils ont trouvé que mon handicap correspondait pas trop mal pour faire ce sport. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, je me retrouvai donc dans un de leurs fauteuils de compèt’ à essayer de les suivre tant bien que mal dans la partie lancée. J’eus ainsi droit à une initiation en cours particulier des plus mouvementées et vous savez quoi ? J’ai adoré !
Pour bien comprendre de quoi il s’agit, voici les deux trois règles principales à connaître.
- Le rugby fauteuil appelé aussi « quadrugby » n’est généralement pratiqué que par des tétraplégiques (le basket correspondant davantage aux paras, finalement chacun se retrouve avec « son » sport) et de façon mixte (femmes, hommes et différents taux de handicap)
- Le ballon n’est pas ovale mais rond (plus facile à tenir) et s’il reste dans la même équipe plus de 40 secondes, il passe aux adversaires, pareil si un joueur le garde en main plus de 10 secondes.
- Un essai = 1 point, l’essai est marqué quand la ligne du camp adverse est atteinte avec le ballon
- Un match = 4 manches de 8 minutes chacune
- Sur le terrain pendant le jeu, il y a 4 joueurs de chaque équipe. Il y a des attaquants qui doivent faire preuve de rapidité et des défenseurs qui se chargent de bloquer les adversaires (on les différencie par la structure de l’avant de leurs fauteuils)
- Et comment bloque-t-on un adversaire ? En lui rentrant dedans. Normal. En même temps, on n’appelle pas ça « rugby » par hasard non plus.
Revenons au test : sachant que j’ai mes sensations au niveau des jambes, lorsque je me faisais bloquer je sentais tous mes membres inférieurs fourmiller. Quelque part, ça les rendait encore plus…vivants ! Et puis l’adrénaline, le jeu d’équipe, l’effort physique. Ça fait du bien de sentir se dépenser, de corps comme d’esprit. Seulement les handi-sports ne sont pas encore développés de façon à ce que nous trouvions notre bonheur dans toutes les villes. En ce qui me concerne, si j’avais voulu pratiquer celui-ci j’aurais dû faire minimum deux heures de route pour chaque entraînement ! Dommage. Du coup, pour calmer ma frustration de ne pouvoir jouer, il ne me restât plus qu’à suivre les Mambas sur les réseaux sociaux, gardant contact avec eux malgré tout.
Alors quand je vis que la coupe de France se déroulait dans la ville où j’habite (et qu’évidemment ils y participaient) , Ô joie ! D’autant plus que je n’avais finalement jamais vu de match pro de mes yeux. Et ni moi ni les amis que j’y ai traîné ne l’avons regretté !
Il y a deux choses de particulièrement impressionnantes qui nous sont restées :
- La vitesse : tout se fait très vite et les joueurs sont capables de traverser le terrain en un temps qui rendrait jaloux n’importe qui en fauteuil.
- Le bruit ! Quand les fauteuils se rentrent dedans, l’on devine la force des impacts par le tonnerre sonore que cela provoque. Ils n’y vont tellement pas à moitié qu’il arrive qu’il y ait des chutes, des pneus crevés ou des roues tordues. Quand c’est le cas, c’est comme sur un circuit de Formule 1 : il y a les aides qui se précipitent pour relever, remonter, changer … et repartir en un temps record.
.
Lors de la finale (Les Mambas contre Toulouse), nous nous sommes surpris à vraiment nous prendre au jeu, à les encourager quand ils avaient la main, à sourire quand ils marquaient et à garder un œil inquiet sur les scores. Et si je parle d’inquiétude c’est parce que les toulousains ont longtemps mené pour finalement remporter la victoire. Mais peu importe, ça n’a pas rendu l’après-midi décevante pour autant. Je crois que ce fait là est directement rattaché à l’ambiance : pas de mauvaise foi face aux arbitres, pas d’animosité entre les joueurs, juste… le jeu. Ils étaient concentrés mais on voyait qu’ils se faisaient avant tout plaisir.
Autre constat pas très important mais amusant (et tout à fait subjectif) : lorsqu’à la fin les joueurs défilent en se saluant, et bien le fait que ce soit un défilé de fauteuils, c’est plutôt classe. J’ai trouvé ça plus beau à voir qu’entre valides.
Quand tout cela fut fini, chacun est retourné dans son fauteuil « normal », chacun a aidé à défaire les roues des fauteuils de rugby pour les ranger dans leurs sacs spécifiques. Remise des prix, partage des lots, chargement du matériel dans les véhicules, soirée conviviale. Simplicité. Tous les sports du monde devraient se dérouler ainsi.
Pour conclure, je crois que LE mot serait : impressionnant. Voir des personnes qui n’ont plus l’usage de leurs mains « pédaler » plus vite sur leurs roues de fauteuils qu’un valide sur son vélo avec ses pieds, ça force le respect. On ne peut alors que deviner et admirer les heures et les heures d’entraînement qu’il y a eu pour en arriver à ce résultat là. Et ils y vont ! Il n’y a pas de peur de tomber, de s’esquinter ou de se faire rouler dessus. Ils foncent dans le tas (dans lequel mieux vaut ne pas être si on est pas protégé) et sans douceur ou délicatesse aucune ! Pas non plus de gène ou de honte quand ils tombent : chute – relève – jeu et c’est tout. À voir, à tester, à suivre, à aimer !
Dernière observation : comme le basket fauteuil, le rugby fauteuil est l’un des rares sports où même à haut niveau, on peut bien jouer en jean !
Et pour ceux qui veulent voir plus loin, l’équipe de France de rugby-fauteuil composée de joueurs d’un peu tous les clubs (dont 2 Mambas et 4 Toulousains) a été qualifiée le 21 avril dernier pour faire les jeux paralympiques de Rio 2016 !
J'ai craqué, je l'ai lu ce soir (j'avais mis des allumettes entre mes paupières!!).
CV'est super. Je connaissais ce sport, je l'ai testé un jour en amateur j'aimerais essayé pour de vrai mais en même temps je ne suis pas tétra et question bête.
Vous avez les abdos (donc équilibre du tronc) vous messieurs dames aux mains et aux jambes abimées?
En toute honnèteté en les voyant se rentrer dedans je me dis que je tomberais tout le temps en avant. (l'an dernier quand j'en avais fait j'avais les abdos).
Et bien en fait, ça dépend lesquels 😉 Du coup quelques uns jouent avec une ceinture ou avec le T-shirt passé dans le dossier du fauteuil.
Ok merci de ta réponse!
alors je suis allé voir….."pour voir"
et waouhhhh j'en ai pris plein les yeux et un peu les oreilles.
Lorsque les fauteuils se choquent (blocage dans les règles) cela remue un peu les tripes.
Et j'avoue, oui j'avoue que j'ai dit: je veux en faire. Oui mais voilà j'ai un sacré handicap pour cela……je suis sur mes deux jambes! Donc c'est raté.
Mais quel jeu. Aussi physique : faut voir à quelle vitesse ils remontent brusquement le terrain!; que tactique: les démarrages "canon" pour se faufiler dans un trou de souris et aller marquer.
Non vraiment il faut le voir. Il faut vibrer avec les joueurs. Et le fait qu'ils soient en fauteuil ne s'oublie pas pour une fois car il fait partie intégrante du sport.
Une sacrée expérience que je renouvelerai au gré des occasions.
Dommage que je ne le savais pas avant sinon j'y aurais emmené les copains. Ce sera pour la prochaine fois.
Signé: Clear Vador