Déménagement et fauteuil roulant

 

Déménager. DÉ-MÉ-NA-GER ! En fauteuil ! Mais qu’est-ce que c’était que cette idée franchement ? Non, quand on est en situation de handicap, le mieux c’est de se creuser un trou et d’y rester. À vie. Parce que les cartons, les livraisons et montage de meubles, les magasins déco, les changements administratifs et la gestion des erreurs de construction, location, achat, ou autre, c’est déjà l’aventure quand on est valide, mais alors quand on est en fauteuil… Pour les gens qui aiment en voir galérer, c’est Noël.

 

  • Le lieu et ces petits trucs à surveiller pour se faciliter la vie

Je vous en avais déjà touché quelques mots ici : il faut pouvoir rentrer chez soi (chemin sans gravier, sans sable, perron sans marche, appartement avec ascenseur…) Mais après ? Passons l’évidence, les normes qui devraient être « bateau » (largeur de portes et de couloirs, espace, douche plate, WC à hauteur…) et voyons plutôt les détails (car ce sont eux les plus vicieux). Toutes ces petites choses auxquelles on ne pense qu’une fois face à elle…

 

Le dressing avec le portant pour les cintres (ça marche aussi avec les portes manteaux). Sa hauteur. Je vous explique ? Non hein. Quand on est assis dans un fauteuil, c’est toujours sympa de pouvoir ranger sa veste sans avoir à se contorsionner pour atteindre la barre d’accroche ou par dépit, ailleurs que sur la chaise de l’entrée. Même constat pour toute étagère sur laquelle vous auriez envie de poser vos livres, votre sac, vos dossiers que sais-je !

 

Les prises électriques. Ça paraît bête, mais il y a pas mal de tétraplégiques ou paraplégiques hauts qui n’ont pas suffisamment de maîtrise ou de force pour se baisser au sol et se redresser. Dans ces cas-là il faut prévoir tous les branchements à un niveau facilitant leur utilisation.

 

Pareil du côté des fenêtres : si les poignées sont mal ajustées, elles peuvent devenir difficiles voire impossibles à ouvrir. Pas top.

Les portes. Dans certains appartements ou certaines maisons, il y a de petits couloirs menant à des pièces séparées par des portes. Jusque là, rien d’extraordinaire. Mais quand vous vous retrouvez coincé entre la porte du salon et celle de la salle de bain parce que toutes deux sont ouvertes, vous bloquant et vous empêchant de faire un demi ou même un quart de tour avec le fauteuil, vous en arrivez à la conclusion que l’un d’entre vous est de trop. En ce qui me concerne, c’est donc la porte du salon qui a été congédiée. Sans regret.

 

 

  • Les meubles, et mes péripéties !

Quitte à changer de crèmerie, j’ai décidé d’aussi abandonner les meubles que j’avais recyclé de ma chambre d’ado, et ceux récupérés à droite à gauche chez les grands-parents, parents, oncles et tantes qui remplissaient le tout premier logement étudiant.

Sauf que. J’ai eu le malheur de commander mon lit sur un site internet pourtant connu et… je n’aurais pas dû. Il faut savoir que jusqu’à la semaine dernière, j’avais ce qu’on appelle vulgairement « un lit médicalisé » : options électriques, potence et éventuellement barrières si besoin. Ses particularités m’étant devenues complètement inutiles, j’avais le désir de retrouver un lit « normal » qui ressemble à quelque chose. Je décidai de troquer le une place laid pour un double un minimum design (Ô joie, ô liberté !). Le premier appartenant au domaine de la santé, est pris en charge en cas de déplacement par la pharmacie, laquelle est donc venue le chercher lundi. Sachant que l’autre était censé arriver la semaine dernière, j’étais large. Mais voilà, il était « censé » arrivé la semaine dernière. Ce qui n’a donc pas été le cas. Malgré explication de ma situation (que je déteste pourtant évoquer pour justifier quoi que ce soit) je me suis retrouvée sans lit. Alors quand on est valide  on campe, c’est marrant et ça fera des anecdotes à raconter pendant les soirées barbecue de cet été. Mais quand on dépend d’une hauteur de couchage si on veut se débrouiller seul, ben c’est tout de suite beaucoup moins drôle. Alors le premier jour, lendemain de la pendaison de crémaillère, on se fait relever par les copains. Le deuxième jour on dort dans le canapé et on fait venir môman pour nous aider le matin. À partir du troisième pas le choix, on retourne faire un séjour chez les parents. Vive l’indépendance. Mais imaginez, si j’avais emménagé loin de mes proches, comment j’aurais fait ? Oui je sais, il y a parfois des questions qu’il ne vaut mieux pas se poser…

 

  • La main d’œuvre ou comment se sentir inutile.

Bon. Les cartons en fauteuil, ça se fait… À peu près… sauf pour les objets vraiment lourds peut-être. Et pour l’empaquetage de la vaisselle (disons que ça c’est possible mais risqué si on tient à ses assiettes) Seulement pour les emmener d’un lieu à un autre, mieux vaut de l’aide : les petits paquets encore, ça se trimbale sur les genoux, ça se porte pas trop mal… Mais les grands bien lourds ! Faites l’expérience : asseyez vous sur une chaise, penchez-vous, et essayez de soulever quelque chose d’encombrant et d’un poids important. Bon courage.

 

Ensuite quand on aménage : peindre un mur, mettre un morceau de papier, accrocher une étagère, monter un meuble ? Impossible. Alors ça veut dire quoi ? Soit on est entouré de bonnes âmes (famille, amis, associations…) pour nous donner un coup de main, soit il faut faire appel à un professionnel pour obtenir le service demandé. Dans ces cas là, on en arrive encore une fois au « t’es handicapé, tu payes ». Nouvelle question qu’il ne vaut mieux pas se poser : quelqu’un en fauteuil (ou autre) de seul et de fauché, il n’a pas le droit de déménager ?

 

Ayant heureusement pour moi été dans le premier cas, je me suis quand même retrouvée face à un sentiment un peu dérangeant. Plusieurs en fait. La frustration de ne pouvoir faire plus et la culpabilité de devoir déléguer. Sans compter cette insupportable dépendance ! Surtout que j’aurais bien aimé, moi,  m’improviser Valérie Damidot (bon peut-être pas avec la salopette) en jouant du pinceau, du tournevis ou du marteau…

 

Finalement l’idéal serait de vivre dans une maison très basse. Une maison de hobbit. Ou de faire comme dans les Sims : confectionner son appart sur ordinateur et une fois terminé, il n’y aurait plus qu’à entrer dedans et attraper ses chaussons/sa bouillotte/son chat/son pain au chocolat (rayer les mentions inutiles) Comme ça il n’y aurait pas de place de perdue, tout serait naturellement à hauteur et les meubles seraient déjà installés.

On ne vit pas dans un film mais avouez quand même que le claquement de doigt ou la baguette magique, ce serait pas mal…

 

 

déménager hobbit

 

 

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1 commentaire sur “Déménagement et fauteuil roulant

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