Dimanche 13 novembre 2016
Voilà, ça se fini. Taxi, avion et retour en France. Bilan.
S’il y avait une chose à retenir de ce voyage concernant le handicap, ce serait la suivante. On lit souvent, on nous le dit aussi, que la France est en retard que ce soit pour l’accessibilité ou dans les mentalités. Mais n’ayant jamais quitté le pays avec mon fauteuil, je ne m’en rendais pas vraiment compte. C’est en revenant des États-Unis que je me suis retrouvée face à cet écart sans pouvoir l’ignorer.
D’abord, l’aéroport. À notre arrivée à New-York, nous avions été prises en charge à la sortie de l’avion et nous nous étions retrouvées dans un taxi en route vers l’hôtel en un temps record. Et bien ici rien à voir. Après avoir atterri, j’ai dû attendre trois quarts d’heure avant que quelqu’un daigne venir « sortir l’handicapée ». À la porte de l’appareil, absence de fauteuil perso donc obligée d’être emmenée dans un « de fortune ». J’ai dû ensuite passer dans une cabine me descendant à terre, prendre une navette, changer de fauteuil (sans que ce soit le mien encore), se retrouver bloquée dans un second monte-charge, après quoi être face à une porte qui ne s’ouvre pas, devoir chercher à quel tapis de bagages correspond mon vol, retrouver mon fauteuil, m’y mettre et après attente, enfin se faire indiquer la sortie et station de taxi. En tout six transferts, deux heures écoulées et l’excuse de l’hôtesse s’occupant de moi répétée quinze fois « vous comprenez, je reviens de vacances, il faut le temps que je me remette dans le bain ».
Je ne m’attarderai pas sur l’accessibilité, ça j’en avais conscience et j’ai bien retrouvé mes pavés, mes bords de trottoirs, mon goudron bosselé et mes poubelles dans le passage. En revanche je me suis mise à voir ce que je ne remarquais pas avant : le manque « d’habitude » des gens à voir une personne en fauteuil roulant. Les américains sont extrêmement sensibilisés sur le handicap, notamment parce qu’ils ont beaucoup de vétérans, alors me voir dans la rue n’avait pour eux rien d’étonnant. Aucun regard ne s’accrochait à mon destrier. En France, il est impossible de passer inaperçu comme n’importe qui : il y a toujours soit scepticisme soit incompréhension soit pitié, bref, il y a toujours « quelque chose ».
Et je l’ai souvent écrit dans les articles relatant mon voyage, les gens là-bas sont d’une très grande gentillesse. Attention, les français le sont aussi (en règle générale), seulement quand ils aident une personne en situation de handicap (ouvrir une porte, laisser passer…) ils se sentent comme quelqu’un faisant le bien. Les américains eux, font en cela quelque chose de juste normal. Ils ne font même pas vraiment attention à ce qu’ils font, c’est machinal autant qu’un « s’il vous plaît/merci ». Leur bienveillance n’est pas forcée mais plutôt ancrée.
D’accord, mais quelle est la différence si dans tous les cas on me donne un coup de main ? La différence c’est que je n’avais pas à me sentir redevable à tout bout de champs comme c’est le cas d’habitude, dans mon quotidien. Est-ce que vous vous sentez redevable envers quelqu’un qui vous laisse traverser la route sur un passage piéton ? Une demi-seconde sûrement, mais autrement ? Parce que c’est logique, c’est du savoir-vivre, de l’éducation, de la bienséance mais certainement pas un miracle (quoi que parfois…)
Samedi dernier je suis allée en ville. Samedi. En ville. Donc il y avait du monde. Et encore, je n’habite pas dans une ville gigantesque. Résultat, j’ai mis vingt minutes à faire un trajet que je fais en dix quand il n’y a personne. À New York, en plein Time Square ou dans Broadway, quelle qu’était la quantité de monde qu’il y avait je n’avais jamais besoin de m’arrêter. Moïse vous connaissez ? Bah voilà. Ici je rentre, je me fais klaxonner par une voiture alors que je suis sur un passage piéton et que je m’étais engagée avant qu’elle n’arrive. Autre genre de normalité. Trop pressée sans doute.
Alors voilà, je suis un peu tombée de haut : ça fait bizarre de revenir au gris quand on avait trouvé du blanc. C’est le constat de tout ce qu’il y a encore à faire et quelque part, après avoir désespéré cinq minutes, ça remotive parce qu’il existe la preuve que c’est possible. Il n’y a plus qu’à !
En attendant, ça y est, New York est déjà terminé et même si je ne suis pas mécontente de rentrer (me poser un peu), je ne regrette pas une seule journée (je serais folle !) J’ai appris, ris, vu, entendu, rencontré, exploré, découvert, goûté, et tant de verbes encore ! Quand en plus on fait ce genre de voyage avec l’une de ses amies les plus proches ma foi on prend pas trop de risques, à part celui de rentrer avec trop de photos à trier et de souvenirs à conserver. Vivement le prochain !
Si vous voulez lire un autre récit sympa avec d’autres infos, Christophe et Sandrine du blog Chrissandvoyage font aussi ça très bien : Cliquez-moi !
Salut ! Un petit mot pour te dire que je t’ai nommée au Liebster Award sur mon blog 🙂 Je ne savais pas ce que c’était, mais j’ai joué le jeu avec plaisir 🙂 j’espère que tu feras pareil !
A très vite !
Je m’y prends avec un mois de retard (ce qui me permet de lire tout d’un tout ;-)), mais BRAVO pour tes chroniques new-yorkaises : ça donne envie d’y aller ! Toutes tes petites adresses, c’est bon, j’ai noté (notamment, The Magnolia Bakery). Je me demande simplement si avec une canne, ça va le faire…mais les chauffeurs de bus ont l’air tellement sympas qu’il y aura forcément des solutions 😉
Bises
Sophie
PS : Tu parles de bas de contention : pour tes prochains voyages (que j’espère très nombreux), je suis tombée sur l’association Mikado http://www.mikado-asso.org/ qui vend des bas customisés…