Vivre en fauteuil et questions de poids

 

À mes débuts en fauteuil, les soignants m’avaient souvent mis en garde par rapport aux risques de changements de poids. Parce qu’en passant ses journées assise, pas facile de brûler les graisses n’est-ce pas ? Et puis chaque gramme pris est ensuite un gramme de plus à pousser et soulever avec des muscles pas toujours très coopératifs. Alors il faut faire attention.

 

Au début cela dit, ce n’est pas dans ce sens que je suis partie : à l’hôpital, après mes quelques jours de coma et de nourrissage via tuyaux, je savais qu’à manger liquide, j’avais perdu quelques kilos mais lorsque les infirmières me pesaient et m’annonçaient le chiffre, l’info ne montait jamais vraiment jusqu’au cerveau. 

 

En rééducation ce fut une autre histoire. Je repris du poids. Mais bien trop, et je n’y prêtais pas attention. Mon manque de concentration sur le sujet n’était plus la conséquence de médicaments ou autre mais une volonté de ma part, bien qu’inconsciente alors. Après tout mon aspect physique n’avait que peu d’importance puisque j’étais en fauteuil. Je concentrais ma faible énergie sur d’autres préoccupations que celle-ci.

 

 

Voilà, c'était à peu près ça...
Voilà, c’était à peu près ça…

 

 

Je voyais bien au fil des mois le chiffre sur la balance augmenter mais comme personne ne me disais que je m’étais transformée en hamster (grosses joues, gros ventre) je ne m’affolais pas tant que ça, comme en plus à l’époque j’évitais les miroirs ma foi…

 

À mon arrivée dans le centre de rééducation en Bretagne, quand ils me pesèrent, forcée de constater que je me trouvais à cent grammes de passer la dizaine suivante, poids dont je n’avais jamais été aussi proche. Est-ce que ça me fit enfin réagir ? Pas du tout. Pourtant la donne changea et la courbe s’inversa.

 

Alors que s’est-il passé ? Sans abuser des bonnes choses je me suis mise à gonfler pour ensuite perdre sans y avoir fait vraiment attention. Aujourd’hui je sais pourquoi. Outre le fauteuil qui limite les dépenses physiques, les repas. Dans le premier centre, matins midis et soirs étaient rythmés par les passages obligatoires au réfectoire. Dans le second, on était beaucoup plus « libres » côté repas : y être présent ne nous était pas imposé. Du coup je n’avais plus à manger « parce qu’il fallait manger » et il n’était pas rare que je saute le dîner non pas pour me priver (je suis très mauvaise à ça) mais juste parce que je n’avais pas faim. Tout simplement.

 

Quand je suis rentrée et que j’ai commencé à vivre seule, je ne me suis pas réglée comme la société : pas de trois à quatre repas par jour, pas d’entrée-plat-dessert non plus. J’ai accordé mes repas aux besoins de mon corps. Sans vraiment l’avoir décidé ou y avoir réfléchi, juste en cessant de me forcer et en ne mangeant que lorsque j’ai faim, je me retrouve aujourd’hui à table que deux fois dans la journée (et encore) Du coup j’ai perdu les kilos que j’avais de trop (un certain nombre) pour arriver finalement à ce que l’on appelle « le poids de forme ». Juste parce que j’ai décidé d’aller à mon rythme plutôt qu’à celui des autres. Finalement les bouquins qui vous disent qu’il faut s’écouter pour être bien ne doivent pas être si nazes que ça… Et je mange ce que je veux. Enfin presque…

 

 

 

 

Beaucoup disent ainsi que j’ai un petit appétit. Certains sont choqués lorsque je ne mange pas pendant douze heures. Alors qu’en fait je ne fais que m’adapter à mon nouveau corps. Parce que j’aurai beau faire dix transferts entre le matin et le soir, je n’arriverai jamais à me dépenser au quotidien à l’égal des gens qui marchent ou piétinent toute la journée, il est donc normal que je ne ressente pas la nécessité de reprendre des forces toutes les quatre heures.

 

Quand on dit qu’être en fauteuil c’est un mode de vie…

 

 

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