Quand mon fauteuil fait grève, ce traître.

 

Soyons clairs : un fauteuil est un objet. Qui fait partie de nous sans que nous n’en ayons vraiment le choix, certes, mais ça reste un objet. Et le risque de passer sa vie à se balader sur un objet,c’est de faire face à des situations techniques pas toujours très drôles.

 

Quand mon fauteuil fait grève, ou quand je découvre que son constructeur a un sens de l’humour… particulier !

 

Commençons doucement, avec le fauteuil manuel. Lors qu’après maintes essais vous avez enfin acquis votre fidèle destrier, vous auriez tendance à vous dire « c’est bon, enfin tranquille. » Si seulement ! Car ce serait sans compter les poignées qui se cassent, le coussin qui n’est pas à la bonne taille, les gardes boue qui se dévissent quand ce ne sont pas les petites roues. Vous pensez que j’exagère ? Oh c’est vrai, tout ne m’est pas arrivé mais honnêtement, trouvez moi ne serait-ce qu’une personne n’ayant jamais eu de soucis avec son fauteuil : ne cherchez pas trop, vous perdriiez votre temps et je m’en voudrais de cela.

 

Ceci étant dit, d’accord, je vais faire preuve de plus de crédibilité en ne vous contant que ce qui m’est arrivé. Cet été, comme beaucoup de gens en règle général, je suis partie en vacances vers d’autres horizons. J’ai ainsi pu découvrir une ville dans laquelle je n’avais jamais mis ni les pieds ni les roues. Magnifiquement riche sur le côté architectural notamment, les vestiges du passé ne m’ont pas épargnés : ah ces rues pavées que tout fauteuil, tout vélo ou toute poussette chéri tant ! L’amour entre ce genre de sol et mon compagnon de route a été tel que ce dernier en a perdu ses gonds. Pour être plus précise, l’un de ses écrous en fait. À la base, il permettait de maintenir le repose pied. Me voilà donc avec un côté de celui-ci qui traîne par terre, abîmant le matériel et m’empêchant d’avancer. Mieux vaut alors ne pas être seul : vous auriez l’air malin, plus ou moins coincé car vissé à une chaise devenue immobile. Comment fait-on dans ces cas là ? Car évidemment vous êtes loin de chez vous, donc de votre « dépanneur/fournisseur/réparateur » et même si, il ne pourrait pas venir à la minute (voyez Bob le bricoleur plutôt que Flash McQueen)

 

Du coup, question existentielle :

 

mc gyver

 

Obligés de sortir l’artillerie lourde :

 

mc gyver

 

Et nous voilà à faire du rafistolage plus ou moins solide, loin d’être esthétique, à base de fils de fer. Bruyant car frottant sur le châssis avec tout ça (autant y aller jusqu’au bout n’est-ce pas ?) Grande classe. Mais d’un côté, pas besoin de trop s’inquiéter : c’est l’affaire d’un ou deux jours que nous rentrions et que vienne Bob le bricoleur. Ça c’est le scénario idéal : ce serait bien trop facile ! Car oui, deux jours plus tard, retour et intervention, d’accord. Sauf qu’au lieu de remettre la selle au cheval, Bob m’annonce que l’écrou égaré est tellement spécifique que c’est l’une des rares pièces qu’il ne possède pas en réserve. Nous voilà du coup à devoir le commander et attendre les deux semaines réglementaires qu’il arrive. C’est un peu comme si vous deviez vous déplacer quinze jours avec un vélo dont le guidon a été remplacé par un morceau de bâton « en attendant ». Le top du top à l’ère moderne !

 

Cependant, et contrairement à l’expérience de certains autres, ce n’est pas du manuel dont j’ai eu le plus à me plaindre. Non, le traître dans l’histoire aura été mon électrique (feu mon électrique…)

 

Afin d’être autonome autant que possible, je possède un fauteuil motorisé qui me permet d’aller me balader toute seule dans les environs de chez moi (notamment pour faire les courses). Seulement voilà, depuis que je suis sortie de centre de rééducation (donc au domicile donc sans technicien constamment dans les parages), il me semble avoir eu plus souvent de problèmes que de trajets sans heurts. D’habitude, lorsqu’une personne en situation de handicap se retrouve en difficulté avec un électrique, c’est bien souvent une histoire de batterie déchargée. De ce fait, si je vous dis que c’est une chose qui ne m’est encore jamais arrivée, j’ai un peu l’impression d’être une enfant qui a gagné le concours de dessin de l’école avec ça :

 

dessin enfant

 

Non, avec ma chance désormais légendaire, j’ai eu beau être prudente quant à la recharge de la bête, les nombreuses fois où elle m’a lâché n’était pas de mon ressors. C’est ainsi qu’un jour je me suis retrouvée coincée en ville car l’une de mes roues était sortie de son axe ou que j’ai été bloquée entre un mur et une voiture parce que le câble reliant batterie et commande s’était défait. L’apogée fut atteint la semaine dernière :

 

Alors que j’avais entamé le chemin du retour, je passe un trottoir extra-plat (bateau adapté) avec prudence : imaginez mon désarroi lorsque j’ai vu l’une de mes petites roues avant prendre la rue d’à côté … seule… Heureusement une personne ayant vu la scène me l’a récupéré : c’était déjà ça. Mais que faire ? Parce qu’alors j’étais complètement immobilisée. Inutile de penser au paternel en déplacement à des centaines de kilomètres de là, ou de demander de l’aide aux copains qui n’auraient de toute façon pas eu de véhicule assez grand pour tout embarquer. Et parce qu’il vaut mieux ne pas faire les choses à moitié, l’heure était trop avancée pour appeler Bob à la rescousse (l’accumulation, c’est ma passion). Il ne restait guère de choix…

 

pompiers

 

Les pompiers.

 

Ils sont arrivés un quart d’heure après mon appel : j’avoue que je me voyais déjà attendre interminablement dans une température qui chutait à mesure que le jour déclinait. Heureuse surprise ici, et quelle efficacité : en deux temps trois mouvements me voici sur une chaise à roulettes aux allures de siège de camping, embarquée dans une ambulance pendant que ce lâcheur de fauteuil se faisait transbahuter dans un autre véhicule. C’est avec tout cet équipage que je suis rentrée : pour la discrétion, on repassera mais franchement, j’allais pas me plaindre de ça (en fait c’en était devenu plutôt comique).

 

Le groupe de pompiers m’a donc raccompagnée, a déposé l’élément perturbateur dans le coin où il méritait d’être envoyé, a discuté cinq minutes avec moi puis est reparti vers d’autres âmes en détresse. Pour résumer leur intervention : ils ont été top !

 

Finalement, cette péripétie s’est transformée en « un mal pour un bien » quelques jours plus tard. L’un d’eux est revenu me voir le surlendemain : il se trouve qu’il fait partie d’une association handisport dans la ville dans laquelle je réside ce qui l’a amené à me proposer une initiation de sa discipline favorite. Vous finissez par connaître le personnage, j’ai accepté et devinez quoi ? Ça me donne d’ores et déjà le thème du prochain article ! Il vous faudra donc patienter une petite semaine avant d’en savoir plus…

 

Qu’en est-il du fauteuil ? La sentence est tombée : défaut de fabrication. Il y avait comme un creux dans le châssis qui l’a fait se rompre. Il va donc retourner d’où il est venu et moi, j’aurai un nouveau compagnon tout neuf. Espérons juste qu’il sera plus fidèle que son prédécesseur !

 

Pour conclure cet article, il est vrai que ce qui est décrit n’a pas représenté de réel danger me concernant et pourtant. Pourtant ça l’est, dangereux. Imaginez que vous soyez seuls, que vous n’ayez pas votre téléphone, que vous soyez dans un endroit isolé, qu’un choc ou un défaut vous fasse tomber… C’est comme si vous ne pouviez pas avoir une confiance aveugle en votre propre bras ou votre propre jambe par exemple. Car finalement, le fauteuil fait partie de nous. Sans fauteuil nous serions réduits à « vivre » dans un lit. En mettant de côté l’aspect amusant ou anecdotique de ces désagréments, il est quand même aberrant de ne pas pouvoir compter sur un outils qui coûte pourtant bien assez cher pour qu’il soit de qualité !

 

 

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1 commentaire sur “Quand mon fauteuil fait grève, ce traître.

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