Journal d'une handi poisseuse Bridget Jones

Fauteuil cassé et roues en panne – Journal d’une handi’poisseuse

 

 

Samedi 20 juillet 2019

 

Évidemment il fallait que ça tombe un samedi. En même temps j’aurais dû m’en douter aussi, ça faisait une semaine que ma roue à propulsion droite vrillait quand je démarrais. Mais bien sûr « tant que ça roule » hein… Résultat je me retrouve avec une panne en plein week-end. Pas de technicien dispo donc. J’appelle quand même la personne d’astreinte au SAV fauteuil. C’est que ça n’est pas la première fois qu’elle me lâche celle-là (la roue, pas la personne d’astreinte… quoi que…). Au moins comme ça je sais ce qu’il faut faire, et l’explique à la personne que j’arrive à avoir au téléphone après quelques minutes à supporter l’affreuse musique d’attente. « Une roue électrique de mon fauteuil est en panne, j’aurai besoin de celles de secours que vous avez, d’ici la semaine prochaine car j’ai un Enterrement de Vie de Jeune Fille (EVJF) à quelques centaines de kilomètres de chez moi et je dois y être (autonome). » Bonne nouvelle, ladite paire de secours n’a pas été prêtée, elle est donc disponible dans l’une des agences de mon SAV. Parfait, en deux jours max elles seront là.

 

 

Zen en attendant les roues
Arielle Dombasle dans Un Indien dans la ville

 

 

Jeudi 25 juillet 2019

 

Trois fois déjà que je relance le SAV pour savoir où en sont les roues de secours. À chaque fois on me répond qu’elles arrivent. Ou alors on me dit que « on ne sait pas, on va voir avec nos collègues et on vous rappelle ». On vous rappelle, on vous rappelle, j’attends toujours. Et je suis là avec mes roues qui ne fonctionnent pas et qui de ce fait me paraissent bien lourdes à pousser. Autant dire que je ne vais pas loin. Obligée de sortir avec le fauteuil électrique. Je n’aime pas ça.

 

 

Vendredi 26 juillet 2019

 

Après mon dixième coup de téléphone, on m’annonce finalement que par manque de communication de leur part entre les différentes agences, les roues tant attendues ne sont pas prêtes d’arriver puisqu’elles ne sont même pas encore parties. Annonce de mon absence à l’EVJV auprès des amis concernés. Je suis ravie. Envoi d’un mail de rupture avec l’agence qui depuis trois ans ne fait jamais son travail correctement, explication de la pression psychologique qu’engendre ce genre de situation. Ça fait du bien mais ça ne résout rien.

 

 

Taper énergiquement sur son clavier
Jim Carey dans « Bruce tout puissant. »

 

 

Lundi 29 juillet 2019

 

Après un week-end à tourner dans mon appartement comme tournerait un lion dans une cage, ça y est, les roues ont été envoyées.

 

 

Mardi 30 juillet 2019

 

Comme prévu, elles arrivent déjà. C’ÉTAIT POSSIBLE. Et me voici de nouveau libre d’aller et venir comme bon me semble ! C’est une véritable délivrance.

 

 

Mercredi 7 août 2019

 

La journée a été incroyable. Ce matin j’ai reçu un appel de l’association Comme les autres pour me proposer un séjour handi-valides sportif en Corse, l’une de mes régions préférées. Quant à cet après-midi je l’ai passé en famille, à rire et à manger des cookies (bien sûr). Et puis je rentre le soir, range mes affaires, me prépare à me coucher et branche ainsi les roues pour les recharger. Signal de refus. Je réessaye. Elles ne veulent rien savoir. Pire ! Elles refusent désormais même de s’allumer. Dans trois jours je suis censée décoller pour Prague.

 

 

Vendredi 9 août 2019

 

Dans un dernier espoir, je fais une heure de route pour aller chercher un fauteuil avec un autre système d’aide électrique qui pourrait peut-être me convenir. C’est un échec : je ne peux pas enlever le dit-système toute seule quand il faut monter dans la voiture. J’annule mes billets d’avion. Je rentre chez moi. Mon frein droit casse. La veille d’un week-end et quelques jours avant le pont du 15 août. J’ai beau essayer, je ne me souviens pas avoir cassé un miroir récemment… Obligée de me déplacer dans un vieux fauteuil de prêt dont le dossier est si abîmé qu’il m’esquinte le dos (et les vêtements).

 

 

Bridget Jones, désespérée
Extrait de Bridget Jones

 

 

Jeudi 22 août 2019

 

Les jours où mes amis viennent me remonter le moral et me changer les idées ça va. Lorsque je suis seule je vide les placards de toute nourriture à m’en rendre presque malade. « Mieux vaut noyer son désespoir dans des gâteaux que dans de l’alcool » dira-t-on. D’ailleurs, je n’écris plus. Après avoir mis à la poubelle deux t-shirts et un débardeur, la fin du tunnel s’annonce pourtant. Mon frein est remplacé, mes roues à propulsion sont de retour : juste à temps car demain je pars pour la Loire-Atlantique et ensuite… pour la Corse (à un jour près j’annulais aussi) !

 

 

Vendredi 30 août 2019

 

Après une semaine extraordinaire sur l’Île de Beauté, je reviens fatiguée mais la tête remplie de chouettes souvenirs. Et vous savez quoi ? J’ai branché mes roues pour les recharger (comme tous les soirs depuis une semaine) et… refus, panne. Non mais vous y croyez ? Moi j’ai du mal et pourtant.

 

 

Alors voilà…

 

Voilà mes dernières semaines, et visiblement la spirale infernale est loin d’être terminée. Et pourquoi je vous raconte ça ? Parce qu’au mois de janvier mon châssis s’était brisé, que trois mois plus tard on m’en a livré un qui n’était pas le bon, que j’ai dû attendre trois mois supplémentaires. Qu’entre temps, mon dossier qui tombait en lambeaux n’a pu être remplacé que trois mois après que j’en ai commandé un neuf. Et qu’enfin au mois de mai j’avais perdu mon démontage rapide (l’axe de la roue qui permet de l’enlever et la remettre) qui a mis un mois à être réparé. Ainsi donc jamais je n’en fini des problèmes de fauteuils. Et si je parlais un peu plus tôt de pression psychologique, je ne saurais vous expliquer à quel point ces situations sont difficiles à vivre pour que réellement vous compreniez.

 

 

S'énerver à cause de roues
Par moments ça donne ça. Jennifer Morrison dans Once Upon a time

 

 

Mais j’essaye !

 

  • Rouler avec un mauvais châssis c’est comme marcher avec deux chaussures gauches pendant des kilomètres et des kilomètres.
  • Vivre avec un dossier défectueux c’est devoir vivre avec une plaie sur la fesse : tant que vous êtes debout c’est désagréable mais ça passe, quand vous vous asseyez ou bougez, vous le sentez déjà un peu plus !
  • Être un mois avec un démontage rapide de fortune, c’est ne pas pouvoir enlever la roue sans pour autant être sûre qu’elle tienne, c’est comme si vous étiez obligés de marcher avec une chaussure à talon achetée à cinq euros à la foire du coin sans pouvoir l’enlever pendant un mois (uniquement pour dormir ou prendre votre douche).
  • Pour moi, ne pas avoir mes roues à propulsion électrique c’est comme si vous, vous vous déplaciez constamment avec des altères (pas celles de cinq cents grammes mais de grosses altères bien lourdes hein, soyez bons joueurs).

 

 

Pour finir…

 

… je ne dirais pas que j’ai passé une fin d’été abominable : j’y étais presque, mais une semaine d’accalmie pleine de belles surprises (que je vous raconterai très vite) a réussi à joliment rattraper le naufrage. Malgré tout en terme de temps, c’est tout de même beaucoup de galères pour une lueur de répit, et personne ne devrait avoir à s’en contenter.

 

 

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3 commentaires sur “Fauteuil cassé et roues en panne – Journal d’une handi’poisseuse

  1. oui bon ben quoi dire de plus……c’est la galère. et dans ces cas là on aimerait bien que les gens qui sont « responsables » de cette situation; ceux qui ne se pressent pas car <> (si,si , ça existe) viennent prendre ta place ne serait-ce qu’une journée. Je suis sûr qu’ils ne tiendraient pas la longueur. Mais ils s’en foutent ……ils marchent « eux ».
    Pour être honnête il y en a quand même quelques-uns de bien. Mais ils ne peuvent pas tout faire à eux tout seul.
    Navrant.
    Après l’injustice de la situation Daphnée doit vivre l’indifférence de certains. Par moment je comprends ceux qui deviennent violent……
    Allez courage. Il y aura bien une solution un jour pour que tu retrouve ton autonomie de déplacement

  2. Et ben dis donc, ça fait beaucoup de choses pour une seule personne…..
    Pfiou, t’as pas pété un câble avec tout ça ?? J aurai hurlé au SAV !

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