Grandir avec un parent en fauteuil

Grandir avec un parent en fauteuil (et autres réflexions)

 

Samedi soir dernier, j’ai fait une rencontre qui m’a laissée dans bien des réflexions. J’ai déjà eu l’occasion de discuter avec des femmes qui sont devenues mamans alors qu’elles étaient en fauteuil. D’autres qui se sont retrouvées en fauteuil alors qu’elles étaient mamans. Mais jamais je n’avais eu de conversation avec une personne qui a été élevée par un parent en fauteuil. C’est maintenant chose faite et j’en tire quelques leçons.

 

 

La normalité, unique à chacun ?

 

Un enfant qui a toujours connu à ses côtés une personne en fauteuil ne voit pas cela comme étant compliqué ni même singulier. Le malaise de qui que ce soit survient vis-à-vis de ce qu’il ou elle ne connaît pas. Montrez un éléphant à un adulte qui n’en n’aurait jamais vu ou entendu parler, je doute que sa réaction soit sereine. Concernant le handicap je l’avais déjà écrit, nous comme nos proches finissons par l’oublier. Pourquoi  ? Par habitude, tout simplement. Et quand est-ce que l’on s’en souvient ? Face aux regards des autres, à leurs questions. Face à des circonstances qui rappellent l’inégalité qui nous touche : le manque d’accessibilité, l’absence d’adaptations, le mépris de l’inclusion.

 

 

 

 

Un enfant ne trouvera pas sa vie hors normes tant que personne ne lui dira ou fera sentir qu’elle l’est. Sa mère est en fauteuil, comme une autre mère est petite et rondouillarde. Ou qu’une autre a la peau noire, qu’une autre encore porte tout le temps le même chignon blond impeccable sans une mèche qui dépasse.

 

 

Des jeux comme apprentissage

 

Gamine, j’ai passé des heures et des heures à jouer aux Sims. Créer des personnages et des maisons me prenait souvent plus de temps que de faire évoluer ensuite le tout dans un quelconque quotidien. C’était ma partie préférée. Je pouvais décider d’avoir un Sims avec les yeux bridés ou avec une bouche en cœur. Avec des lunettes ou un maquillage de carnaval, des cheveux frisés et roux, ou plutôt en crête d’un noir de jais. Il pouvait avoir des piercings ou avoir du ventre, je pouvais même en faire un pirate. Et toutes ces possibilités me semblaient aussi normales que géniales.

 

 

Fauteuil roulant dans les sims
Et si on y voyait ça dans les Sims ?

 

 

Aujourd’hui, j’aurais aimé qu’un Sims en fauteuil soit possible. Pourquoi pouvais-je créer quelqu’un qui passait ses journées déguisé en lapin, mais pas quelqu’un qui se déplace dans un siège qui roule ? Avais-je plus de chance de croiser un mec qui distribue des carottes en pyjama plutôt qu’un gars lambda dans un fauteuil ? Si dès cet âge-là on nous montrait cette possibilité de la même façon que l’on nous montre celle de voir un jour des gens de toutes les nationalités, de toutes les tailles, de tous les âges et de tous les caractères.

 

Si dans le lot le handicap faisait partie des « options » quand je choisissais ma Barbie dans le catalogue de Noël, qui dit que je n’en n’aurais pas voulu ? J’en avais bien une avec une queue de poisson ! Est-ce qu’alors nous serions moins gênés dans la rue, de croiser un homme, une femme ou même un enfant en fauteuil ?

 

 

Barbie en fauteuil roulant
Elle au moins elle peut se déplacer sur la terre ferme !

 

 

Cette différence que nous intensifions

 

Nous traînons tous nos casseroles, nos malheurs, nos malchances. La nôtre se voit plus que les vôtres peut-être. Et alors ? Ne pouvons-nous pas prendre cela en considération comme on prend en considération une femme enceinte par exemple ? Personne n’est choqué par elle : lui laisser une place dans le bus tombe sous le sens, lui ouvrir la porte est normal, ne pas lui donner de choses lourdes à porter est logique. « Ça tombe sous le sens, c’est normal, c’est logique ». Ça n’est pas déstabilisant ou dérangeant.

 

Chez l’Être humain il y a cette démesurée contradiction. Il a soif de savoir, du plus, mais se bloque face à certaines choses par peur, par ignorance, par idées reçues et préjugés. Depuis toujours il est attiré par l’extraordinaire, comme découvrir une vie extra-terrestre, créer des miracles, faire revivre les dinosaures… Tout en étant dans l’incapacité d’accepter l’extra-ordinaire à sa portée ? Alors même qu’il pourrait être le lot de n’importe qui. Le challenge n’est-il pas assez grandiose à son goût ?

 

 

Parent en fauteuil et douce enfance

 

BREF. Avoir un parent handi, c’est grandir avec une ouverture d’esprit sûrement plus intéressante. C’est avoir des souvenirs de courses en fauteuil roulant et de disputes entre frères et sœurs pour savoir qui fera un tour en électrique en premier. C’est se remémorer des aventures différentes mais dont l’évocation se fait avec autant d’étoiles dans les yeux et de tendre nostalgie.

 

 

Course de fauteuil roulant, gif Simpsons
Gif Les Simpsons

 

 

Avoir un parent en fauteuil c’est grandir en apprenant aussi que l’aide ne s’impose pas, qu’elle se propose. Qu’un objet peut faire partie d’une personne au même titre qu’une paire de lunettes, qu’y toucher revient à toucher son propriétaire et dépasser la limite de l’espace vital. Mais partir sur le sujet de l’aide perçue comme une agression me ferait écrire encore bien des paragraphes. Aussi en reparlerai-je… Dans un prochain article 😉

 

 

Si vous aimez, n'hésitez pas : partagez !
Share on Facebook
Facebook
Tweet about this on Twitter
Twitter
Email this to someone
email
Print this page
Print

1 commentaire sur “Grandir avec un parent en fauteuil (et autres réflexions)

  1. pas facile de savoir quand il faut aider et quand il faut pas…..Et même quand on « sait » ce n’est pas facile de doser ou appliquer le bon coup de main (ou de pied!!!!). Sans parler du fait que , justement, avec l’habitude on ne voit plus forcément le handicap quel qu’il soit et du coup on n’a pas toujours le réflexe. Affaire pas simple moi j’vous l’dit!!!!

Vos réactions...