les proches soutient du handicap

Le soutien des proches face au handicap, source d’apprentissage de soi.

 

Comment surmonter le handicap ? Comment faire face au douloureux réveil à l’hôpital puis aux périodes de rééducation qui parfois s’éternisent ?

 

Une partie de la réponse concernant mon histoire demeure inchangée : mes proches. Au cours des deux années qui ont bouleversé ma vie, j’ai récolté les plus belles preuves d’amour que l’on puisse recevoir et compris ce que c’était qu’une « amitié à toute épreuve.» Cette force incroyable insufflée par l’Autre. Pourtant aujourd’hui je vais vous parler du revers de la médaille, de la force qui se mû en drogue et de laquelle née la dépendance.

 

 

Les proches et le handicap gif Peaky Blinders
Gif de la série Peaky Blinders

 

 

Première étape : se mettre la pression

 

C’est un revers insoupçonné, produit non pas de notre imagination, mais plutôt de notre inconscient. Le soutien de ma famille et de mes amis me permettait de me donner à fond dans ce qu’on appelait à l’époque ma « guérison » (erreur de vocabulaire). Sur un autre plan, c’est aussi ce qui me rendait à ce point exigeante avec moi-même et par conséquence, avec mon corps.

 

Je forçais parfois jusqu’à l’épuisement parce que je voulais atteindre cet objectif ultime et précis : marcher, de nouveau. Je le voulais pour moi c’est évident. Seulement le temps passant je me suis rendue compte que je le voulais aussi pour mériter tous les encouragements que je recevais.

 

J’avais peur de décevoir, de ne pas être à la hauteur, et c’est un sentiment que j’ai mis des années à lâcher. Par ces névroses inconscientes, j’ai fini par devenir une insatisfaite permanente. Je ne faisais ni n’étais jamais « assez ». Ils croyaient tellement en moi que je ne doutais pas une seconde de mes capacités à aller jusqu’au bout.

 

 

Les proches et le handicap gif Iron Fist
« Je vois une victoire totale et rien d’autre » Gif de la série Iron Fist

 

 

D’un côté c’est ce qui m’a fait retrouver mon autonomie, légitimer ma détermination (joli mot pour ne pas parler de mon caractère têtu paraît-il). De l’autre, ça a développé un réel blocage face à l’échec. Car si je considérais pouvoir le faire sans pour autant y arriver, alors oui je voyais ça comme un échec. Et je réessayais, retentais, recommençais. Comme une enfant qui n’arrive pas à faire le grand écart en cours de danse mais qui va insister quitte à se faire mal. Ce notamment parce que sa grand-mère la voit comme la prochaine ballerine de l’Opéra de Paris et qu’elle ne veut pas la désenchanter.

 

 

Deuxième étape : mal interpréter.

 

Longtemps, je me suis sentie redevable. J’avais l’impression d’avoir une dette envers eux, que ce qu’ils avaient fait pour moi, jamais je ne pourrai le leur rendre à part égale. Alors je me pliais en quatre pour entrer dans un moule ou dans un pochoir tout droit sortis de ma tête. Et je me sentais coupable, terriblement coupable, quand je loupais une occasion de leur être utile. C’était comme une pression sociale fabriquée de toute pièce qui dictait ma relation aux autres. Et ça n’était pas sain comme façon de penser, j’en ai oublié qui j’étais.

 

Et puis j’ai fini par comprendre deux choses :

 

La première était qu’effectivement, ils ne me demandaient rien de tel. Ils se sont montrés présents par amour. Et l’amour est altruiste. Jamais ils n’ont exigé plus que ce que je pouvais donner, que ce soit par capacité ou par volonté. Ils ont fait un choix. Le choix de m’aider, de près ou de loin, chacun à leur manière.

 

 

Les proches et le handicap gif New Girl
Gif de la série New Girl

 

 

La seconde est par suite logique, qu’il était plus pertinent de me sentir reconnaissante plutôt que redevable. Parce qu’ils savent que s’ils m’en font la demande, je serai là pour eux. Pas parce que je le leur dois, mais tout simplement parce que je suis comme ça. La considération est une chose qui ne fonctionne durablement que si elle se fait dans les deux sens il me semble, c’est la leçon que j’apprends en ce moment.

 

 

Troisième et dernière étape : apprendre puis transmettre.

 

Il y a quelques jours, une personne m’a interrogée au sujet de l’un de ses proches qui est à l’hôpital suite à un grave accident. Elle s’impatientait, me demandait si l’avis des médecins comme quoi la rééducation n’avait pas encore sa place dans cette situation était pertinent.

 

Mettre en doute la parole d’un médecin au sujet d’un corps qui n’est pas le mien est une chose que je me garderai bien de faire. Je n’en n’ai ni les capacités ni la légitimité.Et puis il faut comprendre qu’il n’existe pas deux cas neurologiques identiques. Dès lors que les terminaisons nerveuses sont touchées, les avancées sont très aléatoires. Chaque corps réagit à ce qu’il peut comme il peut à son propre rythme. Or en tant que « patient » il est déjà très difficile d’assimiler tout ça, mieux vaut éviter de rajouter l’impatience des proches. L’espoir oui. L’impatience non.

 

 

Les proches et le handicap gif Midnight Gospel (Netflix)
Gif de la série Midnight Gospel

 

 

C’est un peu comme quand les enfants apprennent à parler. Tous ne vont pas à la même vitesse, ne commencent pas par les mêmes mots, avec la même qualité de prononciation. Forcer les choses fait souvent pire que mieux, mettre en doute les méthodes d’apprentissage ou l’intelligence de l’enfant également. En bref : avoir peur qu’il y ait un problème est le meilleur moyen d’en créer un.

 

 

Le soutient des proches, être aux côté de…

 

La patience donc, oui. Je sais c’est dur, très dur même. Mais c’est important. Je suis heureuse d’avoir eu un entourage qui m’a soutenue et non poussée (ça je m’en suis chargée toute seule.) Car je le répète, c’est déjà bien assez le bazar dans la tête de celui qui doit faire face à ce qui lui arrive : vous pensez bien qu’il a besoin que ses proches se montrent calmes, pour équilibrer. Pas insensibles attention ! Calmes, la voix de la sagesse, la voix réconfortante et rassurante. Et ne vous pensez pas impuissants. Car vous êtes utiles bien plus que vous ne le soupçonnerez jamais, même lorsque vous êtes assis à côté de lui.elle en silence alors qu’il.elle dort bercé.e par les bip-bip des machines.

 

 

2 commentaires sur “Le soutien des proches face au handicap, source d’apprentissage de soi.

  1. « …….qu’effectivement, ils ne me demandaient rien de tel. » Ah bé non alors c’était évident. Ce n’est pas une course avec une « simple » coupe à l’arrivée! Croire en toi comme nous croyons en tes frères oui. De même pour ta faculté d’écrire par exemple, qui n’a rien à voir avec le handicap. D’ailleurs : à quand le 2ème? (émoticône avec sourire béat !!!). Pour en revenir au sujet: nous croyons en toi (en vous) car nous sommes d’abord des parents. Et pour ce qui est de ton cas précis, parce que c’est la meilleure façon d’insuffler du courage surtout dans les moments difficiles, sans avoir l’air d’y toucher!
    Croire en quelqu’un c’est souvent l’aider à réaliser ses rêves. Et quel plus beau rêve de te voir remarcher un jour ? Quelle qu’en soit la solution: naturelle – chimique – électro-mécanique…
    Pas de pression. Tu ne nous dois rien.
    Mais nous, nous te (vous) devons tout car nous t’avons mise sur cette terre. Hé oui, beaucoup l’oublient!

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