Handicap et loisirs – Initiation à l’handiski.

 

 

Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec Costa Brava Pirineu de Girona, Tourisme de la Catalogne et Catalunya Expérience.

 

Cette semaine je ne vous parlerai pas de confinement. Ça viendra car j’aurai des choses à en dire, mais pour l’instant, changeons-nous un peu les idées plutôt. Demain ce sera le Printemps, et juste avant qu’il ne soit là je voudrais vous parler encore un peu de neige. De neige… Et de ski en fait !

 

 

Handiski, l’hésitation.

 

Il y a dix jours, lorsque l’insouciance régnait encore dans les rues et que la naïveté remplissait nos cerveaux d’innocence, j’étais comme à mon habitude par monts et par vaux, entre deux villes Catalanes en l’occurrence. Tantôt à la chaleur du soleil, tantôt sous les flocons blancs, j’ai commencé à vous en parler juste ICI. Si vous ne l’avez pas déjà lu, sachez que vous pouvez y remédier : vous avez le temps ! Après ces trois premiers jours intenses, vînt le quatrième, en toute logique, et c’est celui que les copines et moi attendions avec impatience… autant que nous l’appréhendions. Le jour de l’initiation à l’handiski (tadaaaam).

 

 

 

 

Seulement voilà, en ce qui me concerne, c’est l’appréhension qui gagnait haut la main. Peur de tomber ? Peur du risque ? Peur de ne pas être bien encadrée ? Que nenni ! Allons, vous me connaissez, une seule chose me freine : la flemme, la petite Daphnée. Parce que la petite Daphnée, valide, a été deux ou trois fois en colo de ski. La petite Daphnée elle a son flocon, peut-être même sa première étoile en cherchant bien ! Seulement la petite Daphnée, elle n’aimait pas le ski en fait. Et à huit ans elle en donna une raison somme toute assez simple : « La neige c’est trop froid (et c’est mouillé) ».

 

 

 

 

À dix ans elle descendit donc sa dernière piste, et ne rechaussa plus jamais l’un de ces affreux après-ski avec lesquels elle avait l’élégance d’un ours qui tente de marcher sur ses pattes arrières.

 

 

Pour la gloire l’expérience, penser à tout…

 

Dix-sept années ont passées et non seulement la petite Daphnée a grandi, mais en plus se trimbale-t-elle avec un fauteuil, quelle idée ! Bref vous l’aurez compris, ça n’est pas la matinée handiski du programme qui me fit accepter ce blogtrip dans les Pyrénées Catalanes. Mais je me réjouis aujourd’hui qu’elle ne m’ait pour autant pas empêchée de le faire car l’expérience fut [ALERTE SPOILER] absolument géniale (n’ayons pas peur des mots.)

 

Ceci dit et avant de se lancer attention : le handicap moteur ne demande pas seulement des adaptations de matériel. Parfois ce sont aussi dans les détails qu’il nous force à réfléchir. Ainsi donc être en fauteuil, au moment de choisir notre tenue des pistes, c’est devoir oublier les combinaisons intégrales. Histoire de ne pas être trop embêté au moment de passer aux toilettes. Exit aussi les fermetures éclair trop petites (à attraper avec des gants !) ou les boots difficiles à enfiler/attacher. Pour ma part, sachant que l’activité ne durait pas trois jours et que je ne m’en resservirai qu’occasionnellement, je suis allée au plus simple.

 

• Une veste imperméable doublée sous laquelle j’avais mis un T-shirt et un gros pull d’hiver
• Un sous-pantalon (type legging épais et chaud, vêtement technique de base)
• Je portais un jeans par-dessus, et en troisième couche j’avais comme un k-way de pantalon, les mêmes que ceux de certains motards.
• Deux paires de chaussettes et des boots qui s’enfilaient (on m’a quand même aidé à les mettre parce que neuves, elles étaient encore un peu raides)
• Des sous-gants, des moufles (question pratique), un bonnet chaud et un masque rose.

 

Ainsi parée, j’étais prête à faire face à mes doutes avec le style et l’adresse d’un bébé panda sous morphine. Pousser le fauteuil dans la neige et avec des moufles, je vous laisse imaginer.

 

 

 

 

La Molina, station handiski Catalane

 

Nous avons été accueillis à la Molina donc, station de ski reconnue pour ses capacités d’accueil des personnes à mobilité réduite, par l’équipe de Play and Train. Après nous avoir présenté les professionnels qui nous accompagneraient et nous avoir refait un topo sur l’historique et les adaptations du lieu, il était temps de se lancer.

 

Affrontant le froid et les flocons qui tombaient joyeusement (mais avec le soleil), nous avons rejoint nos destriers des montagnes et les binômes se sont formés. Ce jour-là je n’ai vu et nous n’avons essayé que deux types de fauteuils pour handiski : les deux se pilotaient de toute façon à l’arrière par les instructeurs (l’un avec des emplacements pour les pieds prévus/inclus, l’autre à skis comme une personne en roller pousserait une poussette par exemple) Le nom de ces petits bijoux ? Des Tendemski.

 

 

 

 

Les sièges ayant une forme un peu particulière et se situant assez bas, j’ai été aidée pour le transfert : les gars géraient, ils avaient l’habitude. Une fois installée sur mon transat des neiges, je me suis faite empaquetée telle un burrito mexicain pour être à la fois bien attachée et à l’abri. Le skieur qui m’accompagnait n’avait donc plus qu’à me pousser, moi à profiter. La première pente que nous avons dû franchir se faisait sur un tapis roulant. Amusant. La deuxième et toutes celles qui allaient suivre, bien plus longues et menant haut, étaient prévues en remontée mécanique.

 

 

 

 

Le système est justement très bien fait ! Effectivement, le siège du tandem peut être relevé à l’aide d’un levier, passant du mode transat au mode tabouret de bar. Ainsi une fois « levée », quand le télésiège arrivait sous moi, il suffisait que mon pilote me rabaisse jusqu’à ce que mon assise soit sur le-dit télésiège. C’est vraiment le même mouvement que vous debout, quand le télésiège arrive et que vous vous asseyez dessus. Aussi simple que ça.

 

 

 

 

Et après.

 

 

La neige, la glisse et le toujours plus.

 

Après, la descente. La vitesse. La neige que je sens crisser sous le ski. Le vent. Le paysage à couper le souffle quand je pense à lever les yeux. Le sourire qui ne disparaît pas. Le rire même qui s’échappe lorsque l’on passe une bosse. Je n’ai pas eu peur. J’ai eu confiance. Parce que la personne qui était derrière moi savait ce qu’elle faisait. C’était un pro, et des handi ils en voyaient passer un paquet à la station. Il a vite compris que j’étais à l’aise et que je ne demandais que ça, plus. Je crois que ça lui a fait plaisir de sentir que je m’éclatais, moi qui avait été sur la réserve au moment de se préparer.

 

 

 

 

Maintenant je ne saurais quoi vous dire de plus car avec les Tandemski, il n’y a aucune action de notre part, pas vraiment de sport ou d’effort. Quoique les abdos aient travaillé quand même un peu. Mais ce que je veux vous expliquer là, c’est qu’on ma mise dans une barquette et on m’a fait glisser le long d’une montagne, avec quelques slaloms et quelques bosses en prime. Encore une fois, c’est aussi simple que ça. Et je me sentais aussi bien à faire l’handiski par l’excitation que ça procurait, que je me sentais bien dans le télésiège par le silence et la sérénité que ça m’apportait.

 

 

Alors qu’en conclue-t-on ?

 

C’est une expérience que je n’hésiterai pas à renouveler si un jour j’en ai l’occasion car j’en ai aimé chaque facette (je n’ai même pas tant galéré que ça avec mes trois couches de pantalons quand il a fallu que j’aille aux toilettes !) Mais je me connais, je sais qu’une fois le stade de la découverte passé, j’aurai besoin de plus. D’être active vraiment, de pratiquer l’handiski à proprement parler. Et puis il y encore plein d’autres types de sièges que je n’ai pas vus et que je pourrais essayer. Un jour qui sait ?