Quand on se déplace avec des trucs qui roulent, qu’on a des gestes pas toujours précis et qu’on a un rythme de vie un peu particulier, comment ça se passe avec un animal de compagnie ? Est-ce possible ou du moins raisonnable ? Aujourd’hui je vous parle chat et fauteuil roulant.
Réflexions d’une évidence.
J’ai toujours vécu avec des animaux, j’ai fait plusieurs années de bénévolat dans un refuge, écrit au sujet des chats pour un site internet, fait du pet-sitting (pareil que le baby-sitting mais avec des boules de poils…), été animatrice colo dans une ferme pédagogique ou avec des chiens de travail. Bref. Mes trois années de rééducation qui m’ont éloignés des truffes et moustaches, inutile de dire que ça m’a fait un peu bizarre. Mais aujourd’hui (enfin) installée dans mon appart’, je n’avais pas envie de rester plus longtemps sans bruits de pattes pour rythmer mon quotidien.
La première question fut celle-ci : chat ou chien ? Il est vrai qu’un chien peut s’avérer être d’une aide précieuse une fois dressé, n’y a-t-il pas d’exemple plus évident que les chiens d’assistance ? Les chiens guides d’aveugle, les handi-chiens, les chiens visiteurs (hôpitaux)… Seulement voilà, l’assistanat d’un animal ne m’était pas indispensable, ça aurait été juste « un plus » de confort sans compter que j’avais du mal à concevoir un membre de l’espèce canine dans un quarante mètre carré, par manque d’habitude certainement. Et puis je m’imaginais (très) mal sortir le chien avec mon fauteuil électrique les jours de pluie, de neige ou de grêle. Habitant dans une région où une fois que le ciel pleure, on en a pour minimum dix heures, ma flemme peur de ne pouvoir gérer cet inconvénient me fit me détourner de cette option-ci.
Ce sera donc un chat.

Mais pas n’importe lequel, et non. Déjà, pour des raisons qui me sont évidentes, c’est dans un refuge ou par le biais d’une association que j’avais décidé que je trouverai mon bonheur. Ensuite, il fallait une bestiole qui ne soit pas baroudeuse sous-entendu qui saurait s’épanouir sans avoir un territoire gigantesque. Qui supporte mes assauts de câlins et qui puisse s’habituer aux fauteuils (manuel comme électrique). Rien qu’avec ça, ça réduit les possibilités.
Bon et puis de façon tout à fait personnelle, j’avais envie d’un chat blanc (personne dans mon entourage n’en ayant de cette couleur, je voulais faire original), je me disais qu’un calme serait mieux indiqué pour ne pas risquer de rouler dessus (et surtout que ça ne le dérangerait pas d’être en appart), adulte (déjà éduqué) et comme je n’avais eu que des poilus femelles jusque là, je me disais qu’un mâle me changerait un peu.
Choix du cœur plutôt que de la tête.
Résultat ? Je me retrouve avec une femelle tigrée aussi active que moi et avec un comportement de chaton (les balles, les plumes, les ficelles et les peluches sont ses passions). Normal.
Parce que comme entre être humains, on ne choisi pas les affinités : le courant passe ou il ne passe pas et les coups de cœur ne se forcent pas plus. Maintenant comment ça se passe côté fauteuil ? Au début elle en avait peur, plus par appréhension de l’inconnu que par réel effroi. Heureusement pour moi, étant très curieuse, ce passage là fut vite terminé. Il faut dire que, pas folle la bête, elle a vite compris son intérêt dans l’affaire. Un humain toujours assis, c’est un humain aux genoux toujours libres (du moins est-ce ce dont elle a décidé !). Pratique. Et depuis deux jours elle a découvert que la roulette anti-bascule qui bouge quand elle y donne des coups de pattes, c’est un jouet rigolo… Et quand je change de fauteuil ? Oh, aucune place n’est perdue !

Mais du coup c’est vrai qu’elle manque parfois de prudence. Comme celui qui slalome entre vos jambes quand il sait que vous allez lui donner à manger, elle se colle contre les roues, au cas où ça ferait arriver la gamelle plus vite. Seulement voilà, ce qui devait arriver arriva, la semaine dernière un bout de queue se fit passer dessus. Plus de peur que de mal, je me suis dit qu’au moins, ça la ferait comprendre qu’il faut faire attention. Ça a été le cas. Une heure. Êtres faibles que nous sommes, c’est donc à l’humain de redoubler de vigilance parce qu’eux, dignes félins, font ce qu’ils veulent. Il n’y a plus qu’à s’adapter.
Fauteuils et questions de responsabilités.
Autant le fauteuil manuel, ça ne m’inquiète pas trop, autant l’électrique c’est une autre histoire. Quatre-vingts kilos de métal plus le poids de celui qui est dedans, ça vous fait vous rappeler de ranger les pieds en cas de passage. Alors j’y vais comme sur des œufs (déjà marcher dessus sans en casser c’est un challenge, mais y rouler…) Heureusement pour moi, le klaxon du fauteuil, bien que ridicule, la fait encore un peu fuir.
Comme un gamin ou même un adulte d’ailleurs, il arrive à l’animal de faire des bêtises. Là on pourrait se dire que c’est se rajouter bien des complications quand le quotidien d’une personne en situation de handicap a déjà bien assez d’inconvénients comme ça. Ce pourrait être justifié comme réflexion. Seulement en ce qui me concerne, je ne vois pas les choses ainsi. Le « problème », l’imprévu, ou quoi que ce soit, n’a rien à voir avec notre handicap et c’est étrangement valorisant de s’occuper d’un souci qui n’y soit pas lié.
D’abord parce que ça change de d’habitude, ensuite parce que ça permet de se prouver qu’on peut le faire. Qu’avoir choisi de prendre cette responsabilité d’un être vivant autre que soi-même n’était pas une erreur. Que certes ce n’est pas toujours facile mais qu’on a le mérite de le faire, d’être présent, utile pour quelqu’un, voire indispensable, même si ce « quelqu’un » est un chat, un chien, un lapin ou autre. Bon et puis de toute façon, si tout va bien, les bêtises c’est pas tous les jours non plus.

Un chat face aux portes ouvertes.
La chose qui me faisait le plus douter c’était au sujet des portes. Un fauteuil ça reste relativement large, difficile de se faufiler pour sortir ou rentrer par un simple entrebâillement, et puis c’est si facile pour un félin de se faufiler en passant en dessous (entre les roues). J’avais peur de fugues curieuses dans le couloir de l’étage sans réussir à la récupérer. Finalement ça n’est arrivé qu’une fois, je n’étais pas seule, et elle n’a pas dû trouver l’évasion bien intéressante puisqu’elle n’a pas récidivé depuis. Et par chance, elle a vite assimilé le « Non » et le « Recule ». Au pire, le bruit des croquettes dans la gamelle fonctionnera très bien pour rappeler le fauve à ses quartiers.
Bref. Je suis en fauteuil, j’ai un chat, et ça se passe bien.
Et c'est top!
C'est marrant je ne m'étais jamais posée ces questions. peut être parce que mon handicap a été progressif et que j'ai un chat depuis le début (il a d'ailleurs changé mais il y en a toujours eu un).
Je n'ai plus d'animal chez moi depuis près d'un an et ma question a plus était de savoir si avec mon emploi du temps et mes déplacements réguliers je pouvais assurer suffisamment de présence auprès du quatre pattes qui prendrait ses quartiers chez moi.
Le handicap? Ben ma foi je n'y ai même pas pensé!!
En tout cas longue vie à ton chat!!
moi mes chats me suivent partout. Ils sont fidèles parmi les fidèles, plus que les « deux pattes » !!!!!
Idem, en fauteuil roulant (manuel) et avec un adorable matou!
Je vis à la campagne donc môssieur le chat a un territoire de dingue, mais dans la journée et une bonne partie de la nuit il est à coté de moi, et au coucher et au lever du soleil il arpente son domaine à la recherche de souris.
Je n’aurais pu rêver une meilleure compagnie.
Ahah, le territoire de la mienne est plus petit mais elle n’est pas malheureuse : elle ne s’installe jamais bien loin de moi 😉
ouais….pi elle sait bien se faire comprendre des gens qui arrive en « visite ». D’abord un gros câlin parce que bien sûr elle n’en a pas beaucoup avec sa maîtresse (ben voyons!). Une pov’ malheureuse je vous dis!!!!
Ensuite elle connait son monde. En fonction de la personne c’est: je t’emmène jusqu’aux croquettes car pas assez à manger (alors que c’est à volonté); ou jusqu’à la fenêtre de la terrasse parce que <> …etc. C’est un chat. Expressive , volontaire et finalement mignonne tout plein.
comment faire pour les nourrir…? je vais passer en fauteuil car handicap progressif et je cherche une solution pour ne plus me baisser….j’ai 2 chats, un pépère à poils longs et une bulldozer 😉
Pour ne pas peiner à se baisser lorsque l’on donne à manger à nos bestioles, il suffit tout simplement de mettre la gamelle à une hauteur qui nous convient à nous : eux étant d’habiles grimpeurs ne seront pas embêtés de manger dans un arbre à chat, sur un meuble ou sur une étagère… tant qu’ils ont à manger 😉