Handicap et fierté

« Pourquoi t’as pas demandé un coup de main ? » – Handicap et fierté.

 

Parfois le handicap, c’est pas grave. On l’oublie presque. Parce qu’on est avec les gens qu’il faut, on a l’humeur qu’il faut et qu’il fait beau. Quand tout va bien, le handicap c’est pas grave, on s’adapte, pas le choix.


Mais ça n’est pas aussi simple

 

C’est pas toujours bien, c’est pas toujours rose. La petite tâche grise parfois s’étend et dégouline sur tout le paysage. Parce que les jours où ça va moins, les jours de rhume, les jours de solitude, le package handicap ressort et explose. Car si seul il reste supportable, additionné à d’autres soucis il devient invivable.

 

 

Handicap et fierté

 

 

C’est pour cela que l’optimisme n’est pas infaillible, que je ne suis pas plus heureuse que mon voisin, handicap ou non, et que je ne suis pas plus un exemple que lui sous prétexte que l’on me trouve « courageuse » de vivre avec des roues plutôt que des jambes. Il est vrai qu’en période de grand soleil, au sens propre comme au figuré, j’ai l’air d’une battante qui arrive à faire (presque) tout ce qu’elle veut, fauteuil ou pas fauteuil. Mais ça n’est pas toujours comme ça ma vie, si seulement. Qui est heureux chaque heure de chaque jour de chaque année de sa vie ? Qui n’a jamais pleuré, crié, craqué ou perdu pieds rien qu’un instant ? Personne.

 

Alors oui, je suis capable d’aller à l’autre bout du monde avec mon fauteuil, et puis hier je n’ai pas été capable de me transférer dans ma douche pour me laver. Fatigue ? Changement de médicament ? Changement de régime alimentaire ? Moral en berne ? Je ne sais pas, pas encore, et en attendant ma fierté boîte, je galère et j’ai l’impression de régresser.

 


« Pourquoi tu n’as pas demandé un coup de main ? ».

 

Handicap et fierté

 

 

La fierté donc… La gêne… La volonté de ne pas déranger… La fierté.

 

Ah ben oui je l’écris encore une fois, ça n’est pas une erreur. Par moments, la fierté m’empêche de me faciliter la vie. Par moments, je préfère peiner à en pleurer que de retomber dans le moindre signe de dépendance. Imaginez : vous faites trois ans d’études en informatique, ça n’est pas pour avoir à appeler quelqu’un pour qu’il vous branche votre écran d’ordinateur à sa tour. Non. Même les doigts abîmés, même les yeux bandés, qu’importe l’obstacle vous le ferez. Parce que vous n’avez pas subi les longues heures de cours du vieux prof qui puait le cigare à plein nez pour qu’enfin sorti de là, vous vous retrouviez avec les capacité d’un pingouin avec une cuillère (avec une fourchette l’image fonctionne aussi) BREF.

 

Vous voulez une autre métaphore ? Je sais que vous aimez les métaphores. Et puis en vrai vous savez que je ne vous laisse pas tant le choix que ça.

 

La voiture. Tant qu’elle a de l’essence et tant qu’elle roule, tant que les commandes répondent et que vous êtes raisonnable, ça va tout seul non ? Elle vous emmène où bon vous semble et c’est si facile, comparé à vos premières heures de conduite déplorables (celles où vous grillez un sens interdit sur deux et où se garer vous demande la même concentration que lors du devoir de philo de quatre heures, j’exagère à peine).

 

 

Handicap et fierté (Le voyage de Chihiro)
Extrait du film d’animation Ghibli « Le Voyage de Chihiro »

 

 

MAIS. Mais quand il n’y a plus de carburant, quand vous décidez d’en tester un nouveau et que ça se révèle être un échec, quand ses freins commencent à couiner, les joints de la portière à se défaire, la radio à ne plus fonctionner. Alors vos heures de route vous paraissent soudain si longues et pénibles. La vue du devis des réparations vous donne des sueurs froides et l’envie vous prend de revenir des siècles en arrière, à l’époque des bonnes vieilles calèches et de leurs chevaux.

 

Seulement voilà, vous voulez une autre métaphore ?

 

Les chevaux ! Et bien… Non je plaisante, le comique de répétition ça fait fuir les gens, et je ne voudrais pas vous faire fuir.

Faut-il résumer, au risque de limiter, mon quotidien d’handi à la comparaison avec notre moyen de transport préféré ? Je peux toujours essayer. Ainsi donc la vie en fauteuil, c’est un peu comme une vie de voiture. Tant que ça roule bien, on fait avec. Quand ça commence à aller à vaux l’eau, c’est tout de suite beaucoup, mais alors beaucoup moins évident.

 

Et dans ces cas-là il n’y a plus qu’à s’accrocher au conseil fétiche de (ma) Mamie : « Aujourd’hui ça ne va peut-être pas, mais demain est un autre jour, ça ira mieux ! » (Une tasse de lait chaud avec du miel et c’est reparti.)

Extrait du film d’animation Ghibli « Ponyo sur la falaise »

 

 

 

 

8 commentaires sur “« Pourquoi t’as pas demandé un coup de main ? » – Handicap et fierté.

  1. Quand tu gères grave ton quotidien , musique , soleil , petite jupe , sourire , la vie est belle …et qu’en 2 dixième de secondes tu te retrouves allongée par terre toute seule chez toi …que t’as un déjeuner dans 30 minutes … et que tu regardes ton téléphone d’un air mauvais en te demandant qui tu vas aller emm….. par ce beau samedi ensoleillé pour venir te hisser sur ton destrier .

    1. Et oui, c’est ce que j’explique souvent aux gens : nous quand on a un (vrai) contre temps, ça nous met pas en retard de cinq minutes mais plutôt d’une demie heure trois quarts d’heures (quand ça n’est pas plus !). Pas évident à supporter par moments…

  2. T’as fini avec tes gifs de manga!!!
    Sinon bien-sûr je suis d’accord
    Et j’avoue je n’arrivais plus à te lire ces temps ci (le temps la fatigue les pingouins….) Et la rééduc a ça de bon c’est que je me fais très plaisir a te lire!

    1. Ahah, comme j’aime illustrer mes articles avec des gifs, j’essaye de respecter un thème à chaque fois pour pas que ce soit trop brouillon, ou me limiter à des gifs de deux films différents, trois max. Aujourd’hui ce sont des gifs d’animation japonaise (que j’aime autant que les autres animations ou autres genres cinématographiques 😉 )

  3. Le moral va avec le temps: au plus bas ce matin / gris dans le ciel. Demain soleil dans le ciel et ….dans le cœur.
    Ben alors ça sert à quoi les parents? bon d’accord tant qu’ils sont encore capable de se bouger!!!!!! mais pour l’instant ça va. Et l’avantage est « qu’ils savent » et ne jugent pas. Alors basta sers t’en encore tant que c’est possible.
    Et puis on va trouver aussi des solutions pour diminuer le risque de te retrouver dans des situations désagréables et bloquantes. Il y a des idées. Faut les adapter.
    en attendant bon courage et « roulez jeunesse »!!!!

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