Tu as pu t’en rendre compte ces derniers mois que mes articles sont davantage tournés vers la réflexion. Ça faisait longtemps que je n’avais pas fait quelque chose qui sorte un peu de l’ordinaire. Merci cher ou chère Covid, peu importe ton genre : tu m’as fait tourner en rond ces mois passés et je n’ai pas aimé. Enfin parfois si. Mais quand même pas toujours, et pas si longtemps. Bref. J’avais réussi à profiter de l’entre-deux confinements pour expérimenter le fauteuil tout terrain en montagne. Cette fois j’ai décidé de rouler quelques heures pour passer d’une voiture à une autre certes, mais pas vraiment du même style…
Projet d’entre-roues.
J’ai la chance (« ou pas » penseront très fort certains casaniers) d’avoir des parents aussi actifs que moi. Je t’épargne l’adage « les chiens ne font pas des chats » même si finalement le voilà bel et bien écrit dans et article. Or les personnes de notre parfois-insupportable-dynamisme, ont tendance à se réunir, quelle idée, et voilà qu’il y a une paire d’années, mon père a rencontré Hervé.
D’accord mais mon Optimiste, qui est Hervé ? Et bien Hervé est un passionné*. Un passionné de conduite en fait, surtout quand il s’agit de sa voiture de rallye ! Ainsi donc vais-je te parler aujourd’hui de sport automobile, oui oui (sans taxi). Et tu penses bien que je n’allais pas me contenter de regarder (même si c’est aussi intéressant qu’impressionnant). L’avantage c’est que visiblement, je n’étais pas la seule avec cette idée en tête. Je suis meilleure actrice que spectatrice nous le savons tous.
Seulement c’est une chose de vouloir, une autre de pouvoir. Rapport au handicap ? Point du tout en vérité, rapport aux emplois du temps ! Et oui, chaque fois qu’un week-end de courses s’organisait, j’étais déjà par monts et par veaux. Puis est arrivée cette bonne vieille crise sanitaire, ses confinements et ses interdictions à la plupart des sports et des évènements (imagine le cumul * évènement sportif * !). 2021 a cependant eu la délicatesse d’assouplir certaines restrictions, ce qui nous a permis de faire tourner les moteurs il y a de cela quelques semaines. Une voiture de rallye, un pilote, un copilote… et un fauteuil !
En voiture (de rallye) Simone ! (mais c’est qui Simone ?)
La première appréhension que nous avions ce jour-là, concernait les transferts. Une voiture de rallye est en effet basse, et l’on s’installe à l’intérieur sur un siège baquet très enveloppant. Il est muni de ceintures ajustées qui prennent aux épaules et aux jambes. C’est un moyen d’être parfaitement calé malgré le côté cross de cette discipline sportive. Parce que oui, entre les accélérations rapides, les freinages soudains, les virages pris à grande vitesse et les obstacles divers des parcours de rallye, mieux vaut ne pas pouvoir trop « être bougé ». Pour descendre donc dans mon carrosse de la matinée, il a fallu donner des bras pour maîtriser ce que j’appelle avec élégance le « glisser-déposer » du fauteuil au siège.
Pour en sortir, ce fut une autre paire de manche (ou en l’occurrence de bras), car bloquée par les parois remontantes du-dit siège, je n’arrivais pas à m’appuyer sur mes jambes de façon suffisante à soulever mon poids assez haut. Heureusement pour moi comme pour le dos des personnes présentes qui auraient pu me porter s’il l’avait fallu, il ne me manquait pas grand-chose. Un appui supplémentaire sur le bras de quelqu’un et un peu d’aide pour la prise d’élan suffirent finalement pour que je retrouve Dolores (mon fauteuil qui a succédé à Albert).
M’enfin ! Voilà que je me précipite ? Je te parle déjà de m’extirper du bolide sans t’en avoir raconté l’aventure ! Rembobinons tu veux ? (et profite de cette expression qui est amenée à disparaître bientôt). Me voici dans la bestiole, harnachée comme jamais je ne l’avais été dans une voiture, charlotte et casque sur la tête. Je n’entends plus rien. J’aperçois mes joues compressées dans mon champ de vision et je m’imagine avec la tête d’un hamster sous anesthésie locale. La mousse de mon couvre-chef serre mon faciès certes, mais me tient chaud, c’est toujours ça de pris.
Avant-goût prometteur…
Le moteur se met en marche, le ronronnement bruyant me plaît plus qu’il ne me dérange. Hervé avant d’avancer, lance un « ça fait cinq mois que je n’ai pas conduit ! » et je souris de son impatience. Être longtemps privé d’une activité que l’on aime ne rend la reprise que plus intense encore !
La route sur laquelle je fais mon baptême de passagère dans une voiture rallye est courte : deux kilomètres à peine. Elle est en campagne et a été fermée pour l’occasion. Y ont été disposées des colonnes de pneus pour simuler des obstacles. Deux lignes droites, deux virages, trois allers-retours, c’est le programme. La puissance de la bête permet d’atteindre rapidement les 125km/h mais pas plus, la distance n’étant pas suffisante pour. C’est étrange d’aller aussi vite que si nous étions sur l’autoroute, mais sur une voie unique coincée entre deux champs (et en si peu de temps !). Les animaux ont dû être éloignés au matin pour ne pas risquer de se retrouver à percuter un daim en pleine accélération.
Je vis mon premier passage avec curiosité et concentration, j’appréhende vaguement non par peur, mais plutôt par méconnaissance. Après cela, très vite mes épaules se détendent, ma tête se laisse aller, et l’adrénaline prend délicieusement le dessus. Les accélérations m’électrisent et se clarifie déjà en moi l’envie de remettre ça sur un « vrai » grand parcours. Voire durant une course réelle !
… À quand la course en voiture de rallye alors ?
Malgré le fait que mon handicap est la conséquence d’un accident de voiture (plaque de verglas sur virage de campagne), je me sens bien lorsque je suis dans un quatre roues. La vitesse ne me fait pas peur. Les coups de frein non plus d’ailleurs, et j’en redemande tout en étant avide d’un plus. Plus de virages, plus d’obstacles… en résumé plus de rallyes !
Espérons alors que reviennent les beaux jours de liberté pour abandonner quelques instants le fauteuil et tout ce qui va avec. Profitons d’une vie qui peut être intense même avec un handicap !
*Pour suivre les aventures d’Hervé et les soutenir lui et son équipe, rendez-vous sur la page Facebook Team Roux Compétition ! 😉