J’ai eu un accident. Et je ne vous parle pas de celui qui fait que je suis en fauteuil aujourd’hui. Non. J’ai eu accident de voiture tout à fait banal, sans gravité, et j’ai oublié de vous en parler.
C’est drôle, je m’aperçois que très peu de personnes sont au courant, même dans mon entourage le plus proche. Et les amis qui le sont n’en n’ont eu connaissance qu’au détour d’une conversation. Comme n’importe quelle autre histoire ou anecdote. Souvent ça commençait par « J’ai eu mon premier accident », ce qui est particulièrement absurde venant de moi.
Les faits
Ça s’est passé une semaine avant que je parte au Canada, en septembre 2017 donc. Cette semaine là fut très étrange, il s’y est passé beaucoup de choses dont ce « détail ». J’allais avec une amie au Festival du Fantastique qui se déroulait à quelques heures de route de chez moi. Je conduisais ma voiture Citrouille, le soleil était au rendez-vous et nous nous époumonions sur les chansons d’une playlist Disney bien choisie. Arrive un virage dont on ne voit que peu l’après. Je l’aborde comme un virage « normal ».
Sauf qu’à la suite de celui-ci et sans qu’aucun panneau ou indication m’en ait informé, il y en avait deux autres. Et j’allais trop vite pour faire face à cette situation (mais où est donc passée la ligne droite à laquelle je m’attendais ?). Le deuxième virage fut pris, n’importe comment (heureusement qu’il n’y avait personne d’autre que nous sur la route) mais il fut pris. Le troisième en revanche, ça n’était pas possible et nous avons terminé dans le fossé de ce dernier.
Heureusement j’avais eu le temps de bien ralentir ce qui fait qu’il n’y a pas eu d’impact à proprement parler (airbag non déclenché, c’est pour dire !). De la tôle froissée et du verre brisé rien de plus. Pas une égratignure de notre côté, je ne pouvais pas en dire autant de ma si chère Citrouille.
Les réactions et la suite immédiates
« Plus de peur que de mal » donc. Et après les quelques secondes en suspend qui permettent au cerveau de comprendre ce qu’il vient de se passer (y compris que nous ne sommes pas blessées) la première réaction arrive. Pour ma part elle fût très enfantine car, presque avec un air capricieux et une ou deux larmes de circonstance, je me suis tournée vers ma passagère en lui disant : « Mais on était si bien ! »
Quand j’y pense, j’en souris car je devais vraiment avoir l’air ridicule. La personne à qui étaient destinés ces mots en a même ri à ce moment-là. Mais très vite, l’adulte en moi a refait surface. Il fallait réagir. La voiture était couchée sur mon côté, je ne pouvais donc pas sortir, ni seule, ni avec l’aide d’une unique personne. Nous étions bonnes à appeler les pompiers.
Ils n’ont pas tardé à arriver, à me sortir de là et, par procédure, nous emmener à l’hôpital le plus proche. En cas de lésion interne notamment.
Et vous savez quoi ? Tout cela m’a semblé tellement banal ! L’ambulance, le milieu médical, les examens… C’est presque triste de se dire que ça m’était tellement familier que ça ne me faisait ni chaud ni froid. J’étais seulement contrariée pour notre super programme qui tombait à l’eau. Et puis. Il allait falloir que je prévienne quelqu’un, qu’il puisse venir nous chercher et nous ramener (nous étions à mi-chemin, à une heure de chez moi, et nous n’avions plus de moyens de locomotion.)
L’annoncer
La première personne à laquelle j’ai pensé avait une voiture de fonction avec seulement une place passager. Ça n’allait pas. La deuxième ne répondait pas, sans surprise puisqu’elle travaillait. Après réflexion, je dû accepter la solution la plus simple, mais aussi celle que j’avais refusé jusque-là d’adopter : appeler mon père. Inquiéter mes parents après ce que je leur avais fait vivre quelques années auparavant n’était pas une idée avec laquelle j’étais très à l’aise. Quand mon paternel a décroché, c’est donc avec un ton tout à fait banal et détaché que j’ai commencé ainsi :
« Bon, avant tout sache que je vais très bien et que je suis en pleine forme. On a juste eu un petit soucis avec T.. J’ai loupé un virage et Citrouille a fini dans le fossé. Les pompiers nous ont emmenés à l’hôpital mais tout est nickel, rien à signaler. Il faudrait juste que tu viennes nous chercher. Évite de le dire à maman avant qu’elle ne nous ait vues peut-être ? »
Bon. Tact et prudence. On fait comme on peut.
Fait banal, pas grand-chose à raconter ?
Voilà. Tout s’est passé en l’espace de trois ou quatre heures, guère plus. Nous sommes rentrées chez moi vers 15h et sommes allées au restaurant pour nous remettre de nos émotions, nous requinquer et… prendre le déjeuner que nous avions finalement loupé ! Nous avons alors passé (à mon sens) un bon moment, loin de nos inquiétudes déjà.
Et comme je le disais, une semaine plus tard je suis partie pour le Canada où j’ai vécu et vu des choses incroyables. Si bien que j’en suis venue à oublier ce qui m’est très vite apparut comme « une simple mésaventure ».
Est-ce parce que j’avais connu bien pire ?
Je sais qu’un instant j’ai presque été déçue qu’il ne se soit rien passé avec ma mémoire. Comme beaucoup d’accidentés, le traumatisme fait que je ne me souviens pas de l’accident qui a causé la présence du fauteuil dans ma vie. Certaines personnes retrouvent la mémoire, même partiellement, avec le temps ou parfois, lorsqu’elles revivent une situation similaire. J’ai beau être à l’aise avec mon black-out, me dire raisonnablement que c’est finalement mieux comme ça, je n’ai pu m’empêcher de noter cette légère… déception.
« Premier accident » ?
Souvent quand je le raconte ou que je pense à cette journée, je le formule sans y faire attention comme étant « mon premier accident ». Je crois que c’est justement parce que c’est le seul dont j’ai le souvenir. Et qui a une explication, un fautif : j’ai pris le virage trop vite, point. Je crois que mon cerveau se permet ce tour de passe-passe aussi parce qu’il n’a pas été grave. Il a été un accident banal comme n’importe qui en a. Impossible de le considérer comme tragique ou dramatique avec des conséquences monstre. Il n’a pas changé ma vie. Et je l’oublie.
oui alors bon dire à ses parents » moi ça va mais pas l’auto »….je connais. Je l’ai fait avant toi évidemment et …j’étais à moto. Et j’avais lourdement insisté auprès de l’infirmière pour que ce soit moi qui prévienne ……mon père! L’histoire se répète finalement. Sauf que cette fois cela m’a coûté 3 semaines de plâtre. Dur.
Oui les gouttières étaient très rares à l’époque. On « plâtrait » à tout va!!!
Cela dit j’ai préféré le petit hôpital vieillot de Clamecy à celui de Vierzon…….
AH Daphnée… C’est peut-être étrange à dire e à écrire mais je garde un bon souvenir de cet accident, passé le moment de peur intense, tout le reste m’a paru assez cocasse et surréaliste. Ta réaction était si sincère et je confirme, nous étions vraiment bien (vindieu) !
Je me souviens des deux hommes un peu bourrus mais très gentils qui sont venus remettre la voiture sur quatre roues et moi qui me suis sentie tellement parisienne en m’extirpant avec plus ou moins de grâce de la voiture, perchée sur mes haut talons et tentant de garder ma petite robe noire en place.
J’avais de la peine pour toi qui devait attendre que les pompiers/ le samu arrivent et parviennent à sortir la princesse Daphnée de sa citrouille. Je me sentais inutile mais soulagée que nous n’ayons rien.
Ce fut aussi mon premier voyage en ambulance,! Avec minerve et vue sur le paysage vallonné de la Nièvre. J’ai eu droit aussi à un fauteuil à l’arrivée à l’hôpital, au » cas où » mais une fois qu’ils s’étaient assurés que tout allait bien, Je me souviens que nous avons papoté longuement jusqu’à l’arrivée de ton père, et que le retour à Bourges fut consacré à la papote lui aussi( étonnant…).
Bon et puis le petit burger que tu m’as offert pour me remettre de mes émotions et nos éclats de rire durant le repas restent un souvenir précieux pour moi.
Mais bon, l’accident, c’est fait, maintenant nous savons toi et moi que nous avons tout un tas d’autres activités à faire ensemble !
Amicalement,
T.
je suis content que ce fut toi avec elle……